De son vrai nom Shako Diala Anahendo Jackie, Maman Shako est une figure de proue du théâtre congolais. Cette actrice a fait et continue à faire la pluie et le beau temps à travers ses belles prestations dans différentes troupes théâtrales à Kinshasa. Née en 1958, elle célèbre cette année ses 60 ans d’âge et ses 45 ans de carrière artistique. A cette occasion, la doyenne des comédiennes a accordé un entretien exclusif à Times.cd au cours duquel elle a évoqué ses débuts dans le théâtre et fustige le comportement de certaines jeunes actrices qui se cachent derrière l’art pour vendre leur corps.
Comment êtes-vous retrouvé dans le théâtre ?
Mes débuts dans le théâtre remontent aux années 1972. J’avais 14 ans lorsque j’ai commencé dans le groupe Mawazo. Cette troupe était comme l’orchestre Zaïko Langa Langa, à l’époque. Il a fait naitre beaucoup d’autres groupes. Moi, je suis arrivée à Mawazo après le départ d’Arthur Nyemba, Musthapa et Mutombo Buisthi. J’étais la première fois sur scène lors d’un spectacle à l’UPN. J’avais très bien joué que les étudiants m’ont soulevé sur leurs épaules à la fin du spectacle. J’étais très fière de moi et c’est ce qui m’avait motivé de faire l’art dramatique jusqu’aujourd’hui dans le cinéma.
Que serait maman Shako si elle n’avait pas embrassé l’art dramatique ?
Mon ambition était d’être hôtesse de l’air. Je n’avais jamais pensé que le théâtre pouvait devenir ma profession. La passion est venue après quelques temps. Malgré les difficultés, je n’ai jamais eu envie d’abandonner le théâtre. Je suis très fière de mon parcours durant 45 ans de carrière. D’ailleurs, je crois que je ne suis pas une inconnue. C’est l’essentiel même si le pays ne nous soutient pas. Bien que le métier n’est pas trop rentable au Congo mais je suis heureuse d’être célèbre. Le théâtre m’a ouvert beaucoup de portes dans la vie. J’ai reçu tant de médailles de mérite au pays, mais pas d’argent.
On vous reproche d’amateurisme dans vos films par rapport aux nigérians. Comment réagissez-vous ?
Je leur donne raison parce ce que nous ne sommes pas soutenus. On n’a pas vraiment des moyens financiers et techniques comme les nigérians dont vous faites toujours la comparaison. A l’heure où nous sommes passés du théâtre au cinéma, ce n’est pas surtout facile. Le théâtre sur scène est très différent de ce que nous réalisons dans les rues. Aujourd’hui, nous faisons pratiquement des films qui exigent beaucoup de matériels de qualité, de sponsors et surtout de réalisateurs professionnels. Si tu n’as pas tous ces moyens, tu feras du n’importe quoi. Par contre, les nigérians arrivent à réunir toutes les conditions nécessaires parce qu’ils sont soutenus. Vous pouvez sentir du bruit dans nos films parce que nous manquons des moyens pour aller au studio. Alors qu’eux vont dans le studio moderne. Donc, le vrai problème n’est pas celui des acteurs, mais des moyens de réalisation.
Quel conseil donnez-vous aux filles qui se cachent derrière le théâtre pour faire la prostitution ?
Tout d’abord, ce qui est primordial, il faut aimer son travail. Si tu embrasses le métier avec un but mais sans la passion et l’amour, tu feras un saut dans le vide. Nous autres, qui sommes devenus icônes parce que nous avions et continuons à aimer ce travail et à le faire avec beaucoup de discipline. Malgré les difficultés, nous n’avons jamais recouru aux fétiches mais nous avions nos succès. Et surtout ne pas faire la prostitution quelle que soit la manière dont les hommes me faisaient la cour à cause du vedettariat. Ça ne sert à rien de se cacher derrière l’art pour se prostituer. Cette manière de la pratiquer vous mènera vite à la mort. Raison pour laquelle, vous voyez beaucoup de jeunes garçons ou filles mourir tôt !
JORDACHE DIALA (TIMES.CD)