Secrétaire Général du parti politique « Ensemble changeons le Congo », Patrice Emery Olengha s’est livré à coeur ouvert à une interview à bâton rompu au cours de laquelle il a dressé un bilan plus que négatif de la République Démocratique du Congo après 57 ans d’indépendance. Profitant de cette tribune lui offerte par Eventsrdc.com, ce ténor du parti cher à Adam Bombole a évoqué d’autres questions de l’heure, notamment les sanctions internationales contre les personnalités du pays, le processus électoral et l’épineuse problématique de la double nationalité. Entretien.
En ce 30 juin, la Rd-Congo commémore ses 57 ans d’accession à la souveraineté internationale. Quel bilan en faites-vous ?
57 ans après, le bilan est plus que négatif. Le pays n’a pas évolué. Il a régressé et se trouve dans un tourbillon total. Le pays a besoin d’un vrai souffle pour pouvoir décoller. On n’a jamais décollé réellement. Quelques tentatives de décollage ont été gelées par la mauvaise foi des gouvernants.
30 juin 2017, pas de célébration officielle, pas une adresse à la nation par le Président de la république, même pas le premier ministre, ni le président de l’Assemblée Nationale… Bref, tout le monde s’est tu. Comment avez-vous trouvez cette démarche ?
C’est un mépris au peuple Congolais. Un mépris au peuple qui grâce à notre héros National et d’autres héros dans l’ombre dont on ne parle pas beaucoup comme Okito et les autres. Donc, c’est vraiment une insulte à la personne de Lumumba. Cet homme qui est mort pour le pays et pour le changement du pays. C’est étonnant que la plupart de ses dirigeants là ne citent que son nom. Grâce à Lumumba, ceci – cela. Mais aujourd’hui, qu’est-ce qu’ils ont fait de son nom. Ils l’ont piétiné ce qu’il a fait pour le pays. Il s’est donné en martyr pour que le pays change. On dirait que son acte pour le changement de ce pays est négligé. Il faudra vraiment qu’un jour, nous le remercions convenablement pour ce qu’il a fait pour notre pauvre pays.
La même date du 30 juin a créée une psychose à Kinshasa et faisant état d’un changement brusque de régime. Avez-vous aussi entendu cette rumeur ?
L’on ne peut pas priver le peuple congolais de ses festivités à cause d’une seule personne. Ce n’est pas parce qu’une personne se disant malade aujourd’hui ou qu’il aurait entendu qu’il y aurait trouble ce 30 juin, que l’on privera les peuples de ses festivités. C’est une fête qui appartient au peuple, et non pas, à un clan
Depuis un moment, les personnalités politiques et militaires rd-congolaises sont victimes des sanctions internationales. D’aucuns se demandent si le pays serait réellement souverain. Comment analysez-vous cette situation ?
La pression de l’Occident vise la satisfaction du peuple rd-congolais. Nous sommes dans l’un des pays le plus riche de la planète, mais dont la population vit dans la pauvreté. L’ingérence des occidentaux veut que le peuple rd-congolais puisse vivre décemment conformément aux richesses que son pays regorge. Malheureusement, cette richesse ne profite qu’à une frange des congolais au détriment des autres.
La classe politique congolaise est divisée. Certains soutiennent la tenue des élections d’ici fin 2017 et d’autres veulent prolonger le processus électoral. Quel est le point de vue de l’ECCO ?
A l’ECCO, nous soutenons le changement du pays en tout et pour tout. Changer les mentalités pour que le pays commence réellement à avancer. La majorité de rd-congolais veulent des élections. Car, ils en ont assez de souffrir. Et ceux qui ne veulent pas les élections sont ceux qui sont graissés par le pouvoir. Ceux qui disent non aux élections ou qui les feront retarder au maximum, ce sont les gens qui mangent avec le pouvoir. Le grand malheur est que la plupart de gens qui veulent retarder les élections pour raisons de stabilité et d’organisation, ont contribué à la dictature de Mobutu. Ce sont les mêmes que nous retrouvons maintenant. Il y a dix ans, une personnalité congolaise, me signifier « j’avais dit au président Joseph Kabila de ne pas réintégrer les Mobutistes ». Voilà où nous en sommes aujourd’hui. Ce qu’ils ont fait de Mobutu (le dictateur), ils l’ont fait en Joseph Kabila dix fois pire.
Selon nos sources, le grand Kasaï et la diaspora rd-congolaise sont exclus des opérations d’enrôlement. Qu’en dites-vous ?
Je ne pense pas qu’ils soient exclus. Je pense que c’est une tactique de la CENI. Celle-ci, nous le savons tous, marche pour le pouvoir. La CENI est nourrie par le pouvoir. C’est sa tactique pour retarder les élections. Mais, il y aura enrôlement. Il a été prouvé que l’enrôlement est possible même en moment des troubles. Ca s’est fait à plusieurs reprises. Les troubles ne peuvent donc pas empêcher les opérations d’enrôlement. Ce petit de la Majorité en complicité avec la CENI ne passera pas. Beaucoup d’institutions se lèvent et se mettent de notre côté. Il y a les évêques catholiques, les plus fidèles des fidèles. C’est l’organe sur lequel le peuple peut vraiment compter. C’est un organe qui, contrairement à ce que la Majorité raconte, ne travaille pas contre le pouvoir. Pas du tout. C’est un organe qui travaille pour la justice. C’est totalement différent.
Pour la diaspora, la CENI ou le Pouvoir craint l’enrôlement de Moïse Katumbi, Sindika Dokolo et tous les autres opposants réfugiés. Car, ils postuleraient en masse et gagneraient les élections. Partagez vous cet avis ?
Ces histoires de double nationalité, il est vrai que ce ne sont pas des cas isolés. J’ignore si réellement Moïse Katumbi est italien. Mais, s’il serait vraiment Italien et que l’on veut l’empêcher de se présenter aux élections présidentielles à cause de cela, alors il faudra démettre trois quart des membres du gouvernement. Ce, parce que la plupart d’entre eux ont la double nationalité y compris ceux qui sont au Sénat et à l’Assemblée Nationale.
A ce sujet, le ministre de la Justice s’est contredit, il y a quelques jours sur Top Congo FM, en avançant qu’il avait des dossiers en étude des personnes ayant la double nationalité. Par après, il n’a fait allusion qu’au cas Moïse Katumbi. Ça, c’est une contradiction. Ce ministre est une personne répugnante qui n’a pas sa place. Il devait être jugé triplement pour l’histoire: pour ses crimes avec Mobutu, avec le RCD et pour ses crimes actuels avec Kabila. Quand un nouveau gouvernement légitime sera installé, il faudra impérativement revoir la constitution et résoudre le problème de bi-nationalité. Sinon, il y aura personne au pouvoir. Sinon, il y aura aucun gouvernement.
La justice se meurt au quotidien, avec des procès politiques, des évasions à gauche à droite. Que dites vous aux actuels dirigeants ?
Il n’y a pas de justice au Congo. Tu n’es protégé que jusqu’à c’est que tu supportes le pouvoir. Dès que tu quittes le support du pouvoir que tu donnais automatiquement tu seras inquiété par le pouvoir. Nous avons vu cela avec beaucoup d’hommes politiques mon cher ami Martin Fayulu, homme d’affaire, son hôtel a été scellé, parce qu’il parlait en l’encontre du pouvoir. Et beaucoup d’hommes politiques, il y a eu Jean-Claude Muyambo, Moïse Katumbi donc la liste est longue. Dans ce pays pour être droit dans l’injustice, même si tu es un voleur, un menteur, même si tu commets toutes les crimes de la terre tant que tu es du côté de Kabila tu as le droit de le faire, tu ne sera pas inquiété mais dès que tu critiques cela où les déboires judiciaires commencent. Donc Il n’y a pas de justice en RDC.
La monnaie nationale, le Franc Congolais perd de plus en plus sa valeur face à la monnaie étrangère le Dollar. Que préconisez-vous pour que les choses reviennent à la normale ?
La perte de la valeur de notre monnaie nationale, il est claire que cette monnaie nationale perd sa valeur parce que le pouvoir est entrain de se servir dans les caisses pour pouvoir faire son lobbying de gauche à droite pour pouvoir corrompre nos anciens partisans de notre opposition qui sont maintenant pro pouvoir. Donc l’utilisation de l’argent de l’État c’est qui dit l’argent du peuple. La monnaie ne va pas bien. Donc, il est clair que la restructuration de l’appareil politique début de la fin de l’impunité. Il faut vraiment punir tous voleurs, détourner, autant je me rappelle, j’étais en Europe, Mzée Laurent désiré Kabila arrêtais même le Ministre pour un simple petit franc volé, il faut que la justice soit équitable pour tout le monde. Tant qu’on ne mettra pas d’ordre dans ce sens là, tant que l’argent ne sera pas gérer convenablement.
Tant que le peuple ne saura pas exactement ce qui est fait réellement à la banque nationale tout l’argent qui sort à gauche à droite. On doit être dans un État de droit, un État de lois. Le pays est riche. Le pays ne mérite pas de souffrir comme aujourd’hui. Comme nous avons des richesses énormes, nous devons aussi avoir une monnaie stable. Il y a dix ans exactement j’étais retourné chez moi en RD Congo, 450FC était égal à un dollar. Le carburant était à 400FC, mais aujourd’hui, le carburant est à plus de 1700FC.
Avec le taux actuel, c’est plus que scandaleux. Donc, quelque chose a changé. Nous avons besoin de changer à cent pour cent les mentalités, et à cent pour cent le système du Congo. Nous devons avoir quelqu’un à la tête du pays qui pourra être aussi dur que dans le début de feu Laurent désiré Kabila.
En tant que secrétaire général de l’ECCO, quel message adressez-vous au peuple Congolais présent au pays et à l’extérieur ?
Tenir bon ! Croire que le changement est proche. Ne pas être égoïste. Pensez à son prochain avant de penser à soi-même. Il est clair que toutes ces personnes qui ont changé de camp, ont plus pensé à leurs intérêts personnels qu’à leur peuple. Il est clair qu’aujourd’hui. Il y a des politiciens dont je tairai les noms qui commencent à revenir à la raison, parce qu’ils ont compris que le jeu que le pouvoir est entrain de jouer est vraiment nuisible pour la population et pour la prospérité de ce pays de Lumumba.
FABRICE PUKUTA
CINARDO KIVUILA