Chanteur de charme et créateur de rythmes. Cela peut être en résumé ce que l’on peut tout de suite dire de lui. C’est vraiment le moins que l’on pourrait penser. Si l’analyse est brève. On peut pousser même plus loin. Pour ma part, j’ai encore sur la surface de ma mémoire le souvenir de ma première rencontre avec Jo Kester, c’est comme ca qu’on l’appelait tout au début.
C’était bien évidemment chez Papa Wemba à MolokaÏ durant les grandes vacances de 1977, soit 5 mois après la sortie de Viva La Musica (cette sortie a eu lieu un certain 26 février au Type K). Il est arrivé avec Micha Mulongo, un ami d’enfance de Papa Wemba. Après les présentations de Micha, Papa Wemba qui répétait « Ekoti ya Nzube » lui passe le texte, c’est avec cette chanson qu’il a fait son ‘’test’’. Il convainc et tout de suite, Papa Wemba est tombé sous le charme de la voix de ce jeune qui venait tout droit de Lubumbashi chez les Kassapars à l’Université.
Depuis, il resté aux côtés de Bokul. Il va devenir même leader du groupe après l’escapade de Wemba à l’Afrisa de Tabu Ley. Après avoir donné la pleine mesure de ses talents au sein de Viva la Musica, il s’est senti pousser les ailes pour voler seul et il ira créé son propre groupe en 1982 « Victoria Eleison ». Il bouscule le hit parade et devient le concurrent de son ancien mentor. En 1990, il s’installe en Europe et devient un véritable chef de file. Il est le premier jeune musicien qui signe un contrat de sponsoring et qui achète une maison et une voiture BMW zéro kilomètre. Après avoir disparu des rues de Kinshasa, il revient en 2000 et relance son groupe qu’il appelle désormais « Victoria Eleison Dream Team Band ».
C’est vraiment fabuleux ce qu’il fait. King met tout le monde d’accord. En 2001, il fait une sortie fracassante au Zénith de Paris avant l’explosion à l’Olympia en 2002 avec Tabu Ley, en invité spécial. Comme on dit généralement les personnages de scène ne meurent jamais, ils se désactivent simplement, et se tiennent en réserve de la vie. Arraché de notre regard incrédule un certain 13 février on ne retiendra en définitive que l’immensité de son génie de fabricant de petits textes mélodieux, pleins de significations, de beauté et de saveur. Si physiquement, plus personne ne pourra le croiser pour deviser avec lui, ses œuvres suffisent à cette tâche. Comme d’autres avant lui, il est venu, a joué sa partition, et il s’en est allé rejoindre, tout heureux, le village souterrain des ancêtres. Il a retrouvé le Seigneur Ley dans l’au-delà 5 mois après, il y a 4 ans. Il est de la tribu des immortels. Chaque 14 février, nous célébrons l’amour et avons une pensée pieuse pour Nkwa Mambu.
Bio- express:
Jean Emeneya Mubiala que le public appelait affectueusement King Kester, Nkwa Mambu, Y’a Mukolo est né à Kinshasa le 23 novembre 1956. Il est originaire de la province du Kwilu. C’est d’ailleurs dans la ville de Kikwit qu’il fait ses débuts dans la chanson au sein des Anges Noirs en 1973. Il restera un an dans ce groupe. Après avoir obtenu son diplôme d’Etat, il s’inscrit à l’Université de Lubumbashi. Là-bas, il va poursuivre sa passion en faisant les week-end et durant les autres vacances, la musique. Et lors des vacances à Kinshasa, il s’est produit sans engagement avec Shama Shama de Mopero et Isifi Lokole. Enfin, c’est en 1977, qu’il va démarrer sa vraie carrière avec son entrée dans Viva la Musica. Il restera dans ce groupe où il va éclore durant 5 ans. C’est en 1982 avec quelques amis qu’il va créer Victoria Eleison.
Marié et père d’une famille nombreuse, il est décédé il y a 4 ans et enterré à Kinshasa.
Toujours dans nos cœurs.
Discographie
Il est difficile d’établir une liste non exhaustive de la discographie de King Kester. Néanmoins, je peux épingler « Ndako a Ndele », « Kimpiatu », « Afimiko », « Dikando », « Nganda », « Fleur d’été », « Okosi ngai Mfumu », « Ngabelo », « Mokusa » et « Nzinzi », qui avait apporté un nouveau son , un son électronique dans le riche catalogue de la musique congolaise.
EALE IKABE JEAN PIERRE