En Rd-Congo, le métier de porte-parole, dans le secteur musical, semble avoir perdu les pédales. Plutôt que de livrer l’information, les porte-paroles s’illustrent dans la polémique sur les plateaux de télévision. Cette situation a été scrutée par Didier M’buy, personnel enseignant à l’Institut facultaire des Sciences de l’information et de la communication – IFASIC – qui, à l’entame de sa réflexion, s’est plongé dans l’histoire pour rappeler: « Ce métier ou plutôt son équivalent a existé bien avant 1998… Chaque dimanche ou presque, Manzenza Sala Musala, Faustin Ndjata passaient respectivement pour le compte d’OK Jazz et de Quartier Latin sur le plateau de Lukezo Luansi d’abord et de Manda Tchebwa ensuite pour livrer l’actualité de leurs groupes! ».
La première critique de M’buy tient à la formation académique de ces porte-paroles. « Ils parlaient parfaitement la langue de Voltaire et leur tenue était correcte à la télévision. En plus, ils ne se versaient pas dans la polémique… J’ignore tout de leur niveau d’études et du lieu de leur formation », a-t-il dit au sujet de ce que l’on peut qualifier de première génération des porte-paroles dans le secteur de musique en Rd-Congo.
A la suite de la dislocation du groupe Wenge Musica BCBG 4X4 en 1997, ce métier a été pris d’assaut par des personnes qui, tous sinon presque, n’ont pas fait les SIC ou les Lettres. La polémique née au lendemain de cet événement majeur dans l’histoire de la musique rd-congolaise, a dévié les porte-paroles de leur rôle essentiel.
Cette polémique ou rivalité a suscité dans le chef de chaque aile de Wenge le besoin ou le désir d’avoir un porte-parole pour pouvoir répondre ou lancer la polémique.
Après éclatement du grand Wenge, Roger Ngandu a été le 1er premier porte-parole au service de l’aile dirigée par JB Mpiana. Il a vite été concurrencé par King Tekila et Rodjany Wabamerando, employés par Werrason et de Laurent Fabrice œuvrant pour le compte de Wenge El Paris de Marie-Paul. Ce désir a dépassé les bornes du clan Wenge jusqu’à envahir les autres formations musicales.
Quant à l’avenir du métier de porte-parole dans le monde musical rd-congolais, Didier M’buy estime: « Le métier devrait continuer, mais pas sous sa forme actuelle, Car, le porte-parole est un homme de l’ombre sous l’autorité d’un chargé de communication. Il n’agit que par délégation et quand il y a une information majeure. Pourtant à Kinshasa, le porte-parole passe régulièrement, chaque dimanche, pour livrer des informations mineures, des brèves que le journaliste peut donner sans beaucoup de problèmes ».
Outre M’buy, d’autres observateurs sont d’avis que la pérennité de ce métier dans le monde musical rd-congolais dépend aussi de l’organisation ou de la restructuration des formations musicales du pays de Wendo Kolosoy. Ils avancent aussi que la mise en place d’une politique culturelle nationale apportera un vent nouveau dans ce secteur, notamment en soutenant le passage des groupes musicaux du statut d’ASBL à celui d’entreprise.
« Les musiciens rd-congolais peuvent facilement changer leur secteur. Car, ils trainent souvent avec les parlementaires et les membres du gouvernement. Ils manquent du courage pour aborder les différents maux qui les préoccupent, même celui des droits d’auteur », a lâché Dédé Lubaki, un mélomane rd-congolais.
CINARDO KIVUILA