Le combat du 30 octobre 1974, entre le rebelle Mohamed Ali et le champion du monde George Foreman, reste dans les mémoires africaines le plus grand combat du siècle. Organisé par des Noirs à Kinshasa, au Zaïre de Mobutu, cette rencontre avait une signification particulière.
Le choix de la capitale zaïroise comme théâtre du combat ne manque pas de surprendre les observateurs. Pourtant, il revêt, particulièrement pour Mohamed Ali, une importance symbolique et politique. Nous sommes alors en pleine période d’affirmation du Tiers monde et des peuples noirs. Le boxeur militant est d’ailleurs extraordinairement populaire chez les Africains qui voient en lui le digne représentant et champion des Noirs. « Je suis ici chez moi ! », s’exclame-t-il à plusieurs reprises dans les rues de Kinshasa.
Malgré la victoire annoncée de Foreman, le champion du monde qui vient de terrasser Frazier et Norton, les Zaïrois sont derrière le musulman afro-américain. Or, à 25 ans, le colosse Foreman semble invincible. A contrario, Ali paraît sur le déclin, son dernier titre de champion remontant à 7 ans, face à Sonny Liston. Il cherche donc à se rassurer en ne cessant d’insulter Foreman et en l’humiliant face à son public africain. Ce dernier ne comprend pas l’hostilité de la population envers lui : « Je suis deux fois plus noir qu’Ali, et pourtant les gens ici ne m’acclament pas ! ». L’adversaire d’Ali finit même par se blesser à l’entraînement. Il reporte donc de cinq semaines le combat, cinq semaines de calvaire.
« Vole comme un papillon et pique comme une guêpe ! »
Le 30 octobre 1974 à 3 heures du matin (pour permettre la retransmission à une heure de grande écoute aux Etats-Unis), les deux hommes entrent sur le ring. L’un, démoralisé et nerveux, l’autre, sûr de lui sous les acclamations de 80 000 spectateurs. « Ali, Buma Yé ! » (Ali, Tue-le !) crie le public. Pourtant, dès le début, le champion du monde prend incontestablement le dessus sur son adversaire qui ne parvient pas à sortir des cordes.
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Ali encaisse comme un punching ball les violents coups du mastodonte. Si Ali a du mal à masquer sa souffrance, il tient bon et harcèle Foreman : « C’est ton meilleur coup George ? Tu n’as que cela à m’offrir ? Tu es une fillette ! ». Foreman cogne et Ali encaisse. Le combat se prolonge et George se fatigue sans succès. Cela ne pardonne pas face à la « guêpe » Ali qui, au cours du 8e round, envoie le champion du monde au tapis. La foule est déchaînée ! Ali est bel est bien de retour au plus haut niveau. Il tient sa revanche et le fait savoir en sortant du ring : « Rampez connards de journalistes, je vous avais dit que ce type n’était rien ! ».
Don King et Mobutu : les deux grands vainqueurs
On doit la tenue de ce match extraordinaire au fantasque Don King, un promoteur sorti de prison trois ans auparavant. Sans un dollar, il arrive à organiser la rencontre Ali-Foreman intitulée « The Rumble in the Jungle ». En effet, il parvient à convaincre le président Mobutu Sese Seko, qui finance l’intégralité des frais inhérents à la manifestation.
Le dictateur zaïrois est ainsi l’hôte des sportifs et son pays sert alors de vitrine au combat des Noirs. Tout le gratin du monde noir est présent. Cet accueil enthousiasme Ali, qui lancera même : « Monsieur le président, je suis citoyen américain depuis 32 ans, et je n’ai jamais été invité à la Maison Blanche, soyez assuré de l’honneur d’être convié à la Maison Noire ». Mobutu se sert de la rencontre comme d’un outil de propagande. Le combat est un véritable succès : il rapporte énormément d’argent à Don King et renforce la notoriété de Mobutu.
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