Après plusieurs années d’absences sur la scène musicale urbaine de la République Démocratique du Congo, l’artiste Shadow Baraza dit Barazizo a, depuis début 2019, signé son retour avec le titre « Que demande le peuple » où il a invité une palette d’artistes musiciens urbains rd-congolais. Il y a une semaine, il a largué la chanson « Ça va tuer les gens » qui se comporte bien sur YouTube. Pour renouer avec les mélomanes, Barazizo a annoncé au cours d’une interview accordée à Eventsrdc.com, la préparation de son prochain album dont la sortie est prévue avant la fin de l’année 2020. Entretien.
Quel bilan faites-vous de votre chanson « Ça va tuer les gens », une semaine après sa sortie ?
Partout dans le monde, les gens aiment ma chanson. Le feedback est positif. Je reçois les appels et des messages d’encouragement. Sur YouTube, c’est déjà plus de 2.000 vues et très bientôt, la version audio sera disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légal.
Quel message véhiculez-vous dans ce morceau et qui a produit cette chanson ?
« Ça va tuer les gens », c’est un constat que j’ai fait en Afrique et plus précisément, en RDC où nous avons du mal à accepter la réussite des autres. Alors que sous d’autres cieux, les artistes se soutiennent entre eux. C’est ce que j’ai raconté dans la chanson.
Le producteur de la vidéo est DJ Touch de VNM Production. Il a mis le paquet pour la réalisation de ce clip en collaboration avec DDT. Merci aussi à Christian Lusakueno qui ne cesse de soutenir la jeunesse.
Combien de chansons aviez-vous enregistré depuis votre retour à Kinshasa ?
J’ai beaucoup de titres. Mais jusque-là, c’est « Que demande le peuple » pour signer mon come-back. Elle a été réalisé avec le concours de mes amis des SRK (Sons rares de Kinshasa) et le frère Marshall Dixon. Maintenant, c’est « Ça va tuer les gens » et demain, ça sera un autre titre qui fera encore très mal.
Après 10 ans de déplacement, vous avez décidé de rentrer à Kinshasa. Qu’est-ce qui a motivé votre retour ?
J’ai quitté Kinshasa pour mes affaires personnelles pas pour la profession. A mon retour, dans la capitale, j’ai senti que la musique coulait toujours dans mon sang et j’ai jugé bon de renouer avec ma profession de prédilection.
A votre retour, comment vous avez trouvé la scène musicale urbaine et qui sont les jeunes qui vous ont marqué le plus ?
Beaucoup de choses ont changé. La plus part de nos amis ont laissé la musique. D’autres sont décédés et il y a des nouvels artistes. La musique pour moi est comme l’eau qui prend la forme et la couleur du récipient. J’ai pris la forme actuelle de la musique.
J’apprécie plusieurs jeunes notamment Luc 5, Gaz Fabilous, Gaz Mawete, Innoss’B, MPR, Anita Mwarabu, Rebo, Mic Mac, Djack Inga, Danny Kadima, Meschack Kadima, Sarah Kalume et la liste est vraiment longue. Bref, je kiffe comme pas possible cette nouvelle génération d’artistes et nous sommes en très bonne relation.
Que prévoyez-vous pour l’année 2020 ?
Dans mon agenda, plusieurs prestations sont prévues pour cette année. Bientôt, j’aurai une résidence des performances à Aw’Art et vous serez informé sur toutes les dates.
Je suis en préparation de mon album qui sortira probablement à la fin de cette année 2020. Avant tout, je vais procéder par une série de singles. Dans ce projet, il y a une collaboration avec la rappeuse américaine Toni Blackman dans la chanson « Africa United ». Il y aura aussi un featuring avec Makela Mukongo. Bientôt j’irai à Matadi (Kongo-Central) pour tourner le clip et lui aussi depuis la Belgique m’en verra sa partie de tournage pour mixage.
Cet opus connaîtra aussi la participation de Yekima De Bel Art, Oliverman, Peter Komondwa, Luc 5, RCL Gloss et plusieurs autres artistes musiciens. Tout ça dans le sourire de bien servir les amoureux de la bonne musique. L’album aura probablement pour titre « Mpidi ».
Pourquoi l’avoir voulu intitulé ainsi ?
Au village, quand nos mamans reviennent des champs, elles ont toujours un sac au dos que nous appellions à Kikongo « Mpidi ». Dans ce sac, il y a presque tout (la houe, les habits, le manioc, le pondu, les légumes, les patates et tant d’autres choses nécessaires).
Pareillement avec mon album qui aura toute la musique de la Rd-Congo avec les collaborations inédites des artistes musiciens évoluant dans plusieurs styles musicaux.
Comme le célèbre groupe Kassav ou I am, pouvons-nous un jour retrouver les anciens des SRK – Sons rares de Kinshasa- dans un même album ou sur une même scène ?
Oui. D’ailleurs, très bientôt il y aura un feat avec Dr.Ken dans la chanson « Yaya aye ». C’est une invitation et je ne peux pas refuser. Avec Oliverman, ça sera dans mon album. J’espère toujours qu’il y aura une chanson où nous tous, nous serons ensemble.
Depuis plusieurs jours, nous apprenons la création d’un collectif des jeunes artistes urbains dénommé « Yolo Mboka ». Et, c’est vous son initiateur ? Parles-nous de cette troupe ?
Depuis plusieurs années, les gens ont un mauvais cliché de notre quartier Yolo. Ils résument Yolo à délinquance, la prostitution … Mais c’est faut ! Tous les comportements condamnables et ignobles sont partout. Voilà pourquoi dans la chanson « Yolo c’est Dallas », le collectif a voulu montrer à la face du monde que chez nous, il y a des jeunes sages, brillants et ambitieux. Nous ne voulons pas que les gens nous calquent du mauvais côté.
Un mot
Un seul mot : « Lorsque l’intelligence tourne le dos à la sage, le désordre s’installe ». C’est un message à nos politiciens.
CINARDO KIVUILA
ETIENNE KAMBALA