Malgré les pressions exercées par les médias et les syndicalistes de l’Institut des musées nationaux du Congo – IMNC – pour que cet établissement étatique demeure fonctionnel dans le site présidentiel du Mont Ngaliema, d’un commun accord, le ministre rd-congolais de la culture et des arts Jean-Marie Lokundji Kikuni et le conseiller spécial du président rd-congolais en charge de la sécurité François Beya, ont décidé du déguerpissement de cet institut sur ce lieu dit stratégique.
La raison de ces derniers est que le président rd-congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est promu au poste du président de l’Union africaine et fera du Mont Ngaliema, le lieu par excellence où il résidera fréquemment et recevra ces hôtes. À cet effet, sa sécurité prime.
Le déguerpissement planifié, motivé et forcément interviendra sauf imprévu le dimanche 15 novembre 2020. » Nous devons quitter le lieu d’ici le 15 de ce mois sans savoir où nous irons avec tout ce patrimoine culturel. À part le personnel, nous avons 45000 objets, les monuments et le cimetière de pionniers. Devons-nous déterrer ces morts ? Devons-nous effacer toute une histoire ? « , s’est interrogé un personnel de l’IMNC. Face à un conseiller de la présidence, un ministre en quête d’une reconduction évite de commenter ou de s’interposer et accepter tout.
Qui conseille Félix Tshisekedi ?
Selon l’ordonnance du 6 mars 2019 nommant son cabinet, les matières culturelles relèvent des compétences de Déo Tshilumba Wa Kabeya comme conseiller principal. As-tu le pouvoir et le courage d’aborder le Chef de l’Etat rd-congolais au sujet de la réhabilitation du Mont Ngaliema, surtout en ce qui concerne l’institut des musées nationaux du Congo ? La notion de la préséance est-elle aussi appliquée aux conseillers du président rd-congolais ou sont tous égaux ?
Car, le constat fait par le personnel de l’IMNC est que ce conseiller ne se préoccupe guère des questions culturelles et n’arrive pas à démontrer à Félix Tshisekedi et à François Beya, la place de la culture dans le site du Mont Ngaliema.
Lorsque la sécurité prime sur la culture, cela donne…
Quelle place accorde Tshisekedi à l’art rd-congolais ?
Le fait d’offrir un tableau au souverain pontif le pape François lors de sa visite officielle au Vatican, le 17 janvier 2020, est-il synonyme d’aimer l’art et la culture de son pays ? Un musée populaire au sein du site présidentiel est-il mauvais ?
Selon plusieurs personnes interrogées, ce musée érigé depuis 1970 n’a jamais occasionné un quelconque attentat au Mont Ngaliema. De Joseph Désiré Mobutu à Joseph Kabila, aucun bulletin d’information sécuritaire ne mentionne des violences pendant ou après une activité dans ce musée. Celui qui ne veut pas de son chien, l’accuse de rage, commente un autre agent de l’IMNC.
Quel est le budget du ministère de la culture et des arts en RDC durant le mandat de Félix Tshisekedi ? Il est évalué à 0,16% du budget national de 2020. Pour quelles actions ?
D’aucuns diront qu’il a des projets. Lorsque la coopération internationale culturelle domine sur les » actions gouvernementales « . Le récent geste est la construction du Centre culturel et artistique d’Afrique Centrale à Kinshasa financé par la République populaire de Chine.
Il sied de rappeler que le musée national de la RDC a été financé par la Corée du Sud. Depuis son inauguration, sa dénomination porte confusion à celle de l’IMNC.
Histo
Selon un article de nos confrères de Congoculture.com, l’Institut des Musées Nationaux du Congo – IMNC – est une entreprise publique créée par ordonnance présidentielle n° 70-089 du 11 mars 1970 et est dotée d’une autonomie administrative et financière.
Elle fonctionne sous une double tutelle, celle du ministère ayant la culture et les arts dans ses attributions (tutelle technique) et celle du ministère du portefeuille (tutelle financière). Depuis sa création en 1970, l’IMNC fut rattaché à la Présidence de la République jusqu’en 1975. Il fonctionna en étroite collaboration avec le musée royal de l’Afrique Centrale de Tervuren en Belgique avec lequel il signa un accord de coopération dans le cadre d’un arrangement particulier grâce auquel un appui logistique était assuré ainsi que la formation des cadres spécialisés de l’institut.
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En 1975, détachés de la présidence de la République, les musées nationaux devaient se prendre en charge. À ses débuts, l’institut fonctionna sous la coordination du musée royal de l’Afrique Centrale, en l’occurrence Monsieur Lucien Cahen, premier Directeur Général des musées nationaux ; après un fructueux mandat de 5 ans à la tête de l’institut, il sera remplacé par le frère Joseph Cornet qui a assuré la relève et la formation des cadres nationaux avant l’avènement des gestionnaires Congolais. Aujourd’hui, les musées nationaux sont dirigés par un comité de gestion qui comprend une direction générale à laquelle sont rattachés les musées provinciaux (Kinshasa, Lubumbashi, Kananga, Butembo, Mbandaka, Boma, Kikwit, Musée de la RDC à Kinshasa et Musée National d’Art Contemporain et de Multimédia situé à l’Echangeur de Kinshasa).
» Après l’accession de notre pays à l’indépendance et grâce à la volonté déterminante du Président de la République Mobutu, le gouvernement ordonna la collecte des objets d’arts ayant échappé aux pillages systématiques des puissances coloniales, ainsi que notre tradition matérielle et immatérielle, ensuite conservés au jardin rénové de mont Ngaliema. C’est ainsi que sera créé, par ordonnance présidentielle n° 70/089 du 11 mars 1970, l’Institut des musées nationaux du Zaïre, – IMNZ – en sigle « , a témoigné un article de Congoculture.com
Où ira l’IMNC après ce dimanche 15 novembre 2020 ? Chômage forcé et perte probable du patrimoine rd-congolais. Ces invités n’auront-ils pas le droit de visiter le musée et le cimetière des pionniers ? N’auront-ils pas le droit de suivre un spectacle au mythique théâtre de verdure ? Une histoire est prête à être effacée. Qui a le frotoir entre ces mains ?
MYRIAM NZEKE
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