Né en 1991, à Kinshasa, Eddy Kamuanga Ilunga est l’une des relèves assurée de l’art plastique en République Démocratique du Congo. Depuis un temps, le travail de cet artiste est fortement apprécié ici et là. Les bandes dessinées notamment les Marvel américains et surtout les mangas japonais qu’Eddy copie assidument nourrissent son imaginaire.
Malgré l’avis réservé de ses parents, l’aîné de deux garçons d’une famille de sept enfants s’inscrit à l’Institut des Beaux-Arts, puis rejoint en 2010 l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. L’étudiant se passionne pour la peinture, travaillant d’arrache-pied pour maîtriser les techniques au point de dépasser rapidement le niveau enseigné, souligne le dernier numéro du magazine spécialisé Art Absolument, paru il y a quelques jours, qui poursuit en même-temps que les voies empruntées par Eddy Kamuanga ne plaisent pourtant pas à l’Académie, où d’aucuns considèrent cela de trop « pub ». Est-ce en raison du médium utilisé ? La question demeure alors ouverte.
Eddy Kamuanga se sert en effet de tongs comme premiers supports pour des portraits. Il évoque aussi, par ce biais, la mémoire des victimes de l’exploitation du caoutchouc pendant la colonisation. Aujourd’hui, ses techniques ont vraiment évolué, surtout avec les grandes dimensions de ses tableaux. L’artiste tire de la complexité structurelle de sa ville natale, qui est Kinshasa, et revisite la culture traditionnelle du peuple mangbetu, après avoir bien mené ses recherches sur cette catégorie de la population que l’on retrouve particulièrement dans la Province Orientale, en RDC.
Une esthétique traditionnelle que Kamuanga fait ressortir. Ses peintures restent un mélange de formes culturelles pop complémentaires, y compris la musique, la mode et la danse. Raison pour laquelle certains amateurs de l’art affirment que ses toiles offrent une approche intelligente à la culture populaire en exposant les angoisses et les joies. La biennale de l’art africain contemporain (Dak’art 2014), où Eddy Kamuanga a participé dans la partie OFF, fut un réel déclencheur de son rayonnement. Les commissaires des expositions, collectionneurs, responsables des galeries et autres organisateurs des expositions veulent toujours soit présenter son travail ou acquérir ses œuvres.
Pour preuve, il vient de prendre part, avec ses trois autres compatriotes, au projet « Afrik’Expo », organisé au mois de mars à Libreville, au Gabon. Il prépare encore une exposition solo à October Gallery, à Londres, au mois de juin de l’année en cours.
PATRICK NZAZI