Les clubs tanzaniens, Young Africans SC et Simba SC, s’illustrent durant le mercato d’avant le début de la saison sportive 2020-2021 en engageant un grand nombre des joueurs rd-congolais.
En 2021, Young a fait signer les rd-congolais Yannick Bangala, Mukoko Tonombe, Djuma Shabani, Fiston Mayele Kalala, Jésus Moloko Ducapel et Héritier Makambo. De son côté, Simba a enrôlé Doxa Djikanji, Inonga Baka, Chris Mugalu et Tusilu Bazola. Les deux formations ont vraiment dépouillé l’AS V.Club et le Daring Club Motema Pembe de leurs pions majeurs.
Qu’est-ce qui attire autant les joueurs rd-congolais en Tanzanie ? La rédaction d’Eventsrdc.com a accordé la parole aux analystes sportifs Michel Tobo de Foot.cd, Trésor Mutombo de Sahutia-africa.net et Japhet Toko d’Actualite.cd afin d’émettre leurs avis sur les départs des Léopards rd-congolais en Tanzanie.
Qu’est-ce qui fait à ce que les joueurs rd-congolais soient attirés par le football tanzanien ?
Michel Tobo : « La raison est simple. Un peu comme le Maroc, la Tanzanie est devenue le deuxième point de chute des joueurs congolais parce que les conditions salariales sont nettement supérieures à celles de la RDC […] Il y a une chose que vous devriez savoir par rapport aux deux grands clubs tanzaniens du moment : Simba SC et Young Africans. Ces deux équipes sur le plan financier n’ont rien à envier au TP Mazembe, club entre guillemets le plus riche de la RDC ».
« Par exemple, le président de Simba SC, Mohammed Dewji, fait partie des milliardaire de ce monde à en croire le célèbre magazine américain Forbes. Quand une équipe est gérée par un milliardaire, ce n’est que normal qu’elle puisse avoir des joueurs qui touchent 5.000 USD ou 10.000 USD chaque mois […] Dans 5 ou 10 ans, entre Young Africans et Simba, l’une d’elle jouera la finale de la Ligue des champions de la CAF ou d’une autre Coupe africaine. Les moyens qui sont mis par ces clubs sont vraiment importants. Ils se préparent pour les années avenirs. Nous en RDC, nous sommes en train de rêver ».
Trésor Mutombo : « Je pense que les départs vers la Tanzanie ont commencé depuis que l’ancien sélectionneur de l’équipe nationale Mwinyi Zahera avait signé à Young Africans en 2018. Cette signature l’a permis de créer un réseau des joueurs congolais qui ont plus tard rejoint les clubs tanzaniens. Ces joueurs ont aussi brillé […] Il y a un temps, les joueurs tanzaniens venaient en RDC. Actuellement, c’est le contraire. Tout dépend de l’offre. Jadis, le football congolais offrait autant qu’aujourd’hui. Les joueurs congolais sont attirés en Tanzanie par cet aspect pécuniaire ».
Japhet Toko : « Parce que c’est là qu’on leur propose mieux, tout simplement. Et si les clubs tanzaniens arrivent aujourd’hui à proposer mieux aux meilleurs du championnat congolais, ça voudrait dire que sur le plan financier, un travail a été fait. Ces clubs ont aujourd’hui les moyens de dépouiller nos meilleurs ».
« Le championnat tanzanien est tellement bien organisé et structuré à ce jour, qu’il attire beaucoup de personnalités dans le monde des affaires qui viennent soit investir dans les clubs, soit directement collaborer avec l’organisateur et ce, au grand bonheur des clubs participants. En RDC, ce n’est pas encore le cas, et d’ailleurs cette situation devrait inquiéter davantage ».
Est-ce que le championnat tanzanien a-t-il un niveau élevé que le championnat rd-congolais ?
Michel : « En terme des statiques, je dirai NON. Par rapport au prestige que les clubs congolais ont au niveau des compétitions africaines interclubs. Le niveau des clubs congolais n’est pas le même comparativement à ceux de clubs tanzaniens. Il y aucun club de la Tanzanie qui a remporté une compétition au niveau africain. La CAF n’aligne pas la Tanzanie dans le top 10 des meilleurs championnats en Afrique. Par contre, la RDC est 5ème d’Afrique […] Sur le plan du niveau, je dirai aussi NON. Mais les tanzaniens sont en train de travailler. Personnellement, je ne serai pas étonné de voir un club de ce pays disputé une finale des Coupes d’Afrique dans 5 ou 10 ans parce que les moyens sont mis en conséquence ».
Trésor : « C’est vrai, les clubs tanzaniens ont mis les moyens pour enrôler plusieurs congolais durant ce mercato. Mais cela ne dit pas que le niveau de notre championnat a baissé. Parce qu’il y a des clubs congolais qui remportent les interclubs de la CAF et jouent régulièrement des finales des compétitions africaines. Le seul point où le championnat tanzanien dépasse le nôtre, c’est l’investissement financier ».
Japhet : « Personnellement, en termes d’engouement ou de ferveur, mieux de compétitivité, je ne vois pas le championnat tanzanien supérieur à celui de la RDC. Là où il n’y a pas photo entre les deux championnats, c’est simplement au niveau de l’organisation et des moyens. Or, un championnat acquiert son identité à travers sa bonne organisation ».
« En LINAFOOT, il y a au moins 4 ou 5 équipes qui, dès l’entame de la saison, peuvent être annoncées prétendantes au sacré final au regard de leur effectif, leur nom (palmarès etc.), mais au finish, c’est un championnat bipolaire auquel nous assistons chaque année (soit c’est Mazembe, soit c’est Vclub). Pourquoi pas les autres ? Et c’est ici qu’intervient la notion de l’organisation et des moyens. Un championnat bien organisé voudrait dire respect du calendrier, respect du règlement qui le régit, un arbitrage impartial, des terrains adaptés, un diffuseur officiel, la problématique des droits TV bien définie, etc. En Tanzanie, tous ces ingrédients sont réunis ou presque alors que ce n’est pas un grand pays du football au rang de la RDC ».
« Logiquement, ce sont les sociétaires du championnat tanzanien qui devraient être frappés d’envie de jouer en RDC, mais hélas ! Aujourd’hui, c’est le contraire, à cause d’un manque criant d’organisation qui, notamment ne permet pas aux clubs de décoller tant sur le plan compétitif que financier ».
Il convient de signaler que depuis des années, Young et Simba tombent sur le charme des rd-congolais avec les signatures des joueurs comme Deo Kanda, Rossein Tuisila, Shabani Nonda, David Molinga, Héritier Makambo… et les entraineurs Raoul Shungu ainsi que Mwenyi Zahera qui ont marqué les esprits à la D1 Tanzanie.
ETIENNE KAMBALA