Belle dans une coquette robe moulante en pagne, ornée d’une dentèle move assortie aux talons aiguilles, son regard plein d’assurance laisse transparaître une promesse de réussite. La jeune styliste-modéliste, Lydie Okosa, fait partie de ces étoiles dont on aimerait assister à l’éclosion. Cette conceptrice de la marque « LOK Style» est une passionnée de la mode qui sans doute ne tardera pas à faire parler d’elle, pourvu que la chance et le hasard offrent une opportunité à son savoir faire.
Partagée entre cocotte, biberon et craie (elle enseigne à l’Institut supérieur d’enseignement de techniques d’arts et métiers -ISETAM), c’est dans son atelier que Lydie Okosa s’évade, emportée par la magie de son art, elle laisse libre cours à son imagination, donnant vie a des lignes et des formes en préparant sa prochaine collection « LFG », qui sera présentée en juin avec l’aide de la chambre de commerce franco-congolaise. Dans cette interview accordée à Eventsrdc.com, cette africaine liée aux valeurs traditionnelles parle de son art.
C’est quoi la mode pour Lydie Okosa ?
Pour moi, la mode est une passion. Elle repousse, chaque jour un peu plus, ma vision de ce qui m’entoure. La mode me plonge dans un univers où il n’y a que des problèmes que je me fais le plaisir de résoudre. Par exemple, si je dois habiller une personne voutée, c’est-à-dire une bossue, je dois trouver le moyen de camoufler ce défaut-là.
Quand avez-vous lancé votre première collection ?
La marque «LOK Style» a été officiellement lancé le 22 décembre 2015 au centre Wallonie-Bruxelles, dans le cadre de la présentation de ma première collection placée sous le thème de la communication. Dans cette collection, nous avons exploité les lettres de l’alphabet français parce qu’il est difficile de donner une forme physique, une couleur, … à la communication, notre thème. Bien qu’on en fait usage, la communication n’est pas formelle et n’a pas d’aspect chromatique. Voilà pourquoi j’ai pris comme sous thème l’alphabet français. Ce qui m’a permis de concevoir 26 tenues inspirées des lettres alphabétiques: A, B, C, … Et pendant le défilé, nous nous sommes amusés à former des mots avec nos tenues tel que merci, FIN, … Je peux dire que sa nous a permis de communiquer.
C’était quoi le but de cette démarche ?
Le but était de dire aux gens qu’au-delà de son aspect esthétique, le vêtement est aussi un support de communication. En effet, j’avais choisi ce thème parce que je me suis rendu compte qu’on oublie souvent que la communication est un facteur déterminant pour le développement d’un individu et même d’une communauté.
Cela fait aujourd’hui 5 mois depuis le lancement de la collection ABC. Comment évolue-t-elle ?
Elle marche bien. Parce qu’elle m’a permis de m’affirmer, de me faire connaitre, de créer des contacts. En fait, j’avais invité de grandes personnalités qui m’ont promis un accompagnement. Mais également, cette collection m’a permis de comprendre beaucoup de chose. Il ne suffit pas de suivre un défilé de mode à la télé pour être capable d’en réaliser, il me fallait être au cœur de ce défilé pour comprendre certaines réalités. Ça a été une belle expérience qui m’a, en quelque sorte, davantage assagit pour l’avenir.
Vous avez une collection sur le marché, mais c’est quoi la suite ?
La suite c’est que je suis en train de préparer ma deuxième collection : « LFG » qui veut tout simplement dire «Lignes et formes géométriques». Pourquoi LFG ? Au fait, je m’intéresse un peu à l’art plastique et au travail de Pablo Picasso, le peintre. Cet artiste de grand talent s’est démarqué en s’inspirant des premières œuvres traditionnelles africaines, particulièrement des imprimés figurant sur le raphia Kuba, où on utilise plus les formes géométriques. De là, il a créé le cubisme, une façon pour lui de géométriser tout: les fleurs, les hommes, etc.
Du coup, je me dis que si Picasso a pu tirer une richesse de la culture africaine, moi aussi je dois puiser dans ces valeurs traditionnelles. Et au fur et à mesure que je dessinais, j’ai compris que le graphisme africain a une grande dimension artistique et identitaire que nous n’arrivons pas toujours à saisir. Il nous faudra aller au-delà de ce que l’on voit, le transcender, pour comprendre ces valeurs.
Dans toute œuvre, il y a la dimension esthétique et la dimension sémantique. Quel sens donnez-vous à la collection LFG ?
Mon souci est d’amener les congolais, la jeunesse en particulier, à réaliser qu’il ne suffit pas seulement de naitre ou de vivre en Afrique pour être africain. Bien plus, il faut connaitre nos valeurs, les aimer, s’identifier à celles-ci.
En dehors de tout ce que vous-avez comme travail, vous être également dans le bénévolat… Que faites-vous précisément ?
Je suis dans une association, Action pour le bénévolat des jeunes, qui œuvre bénévolement pour la jeunesse, elle est coordonnée par Monsieur Junior Mata. Je m’occupe de la formation des jeunes filles, je leur apprends, entre autres, l’entreprenariat.
En même temps, LOK Style forme aussi des jeunes étudiantes, a-t-on appris ?
Oui, comme marque, LOK Style recrute des jeunes stylismes qui sortent de l’université et leur offre de participer à la réalisation de ses différentes collections. Il est vrai que ces jeunes constituent une main d’œuvre pour LOK Style, mais en même temps ils bénéficient d’une formation gratuite. Nous leur assurons quand même un petit transport.
Vos perspectives d’avenir …
Ben… LOK Style compte disposer dans un avenir proche d’outils de production. Là, je vois une bonne quantité de machines à coudre et d’autres matériels. Ce qui permettra d’accueillir davantage de candidats. Il faut avouer qu’aujourd’hui, les places sont très limitées. Nous accueillons six étudiantes. Notre ambition est qu’un jour nous représentions valablement la culture congolaise, par la mode, autant les font nos artistes musiciens à travers le monde. Raison pour laquelle nous nous lançons dans ce combat en formant les jeunes. Et cela de façon bénévole.
HUGO-ROBERT MABIALA