Moïse Moni Della, l’un des opposants autrefois hostile à la tenue du dialogue a changé d’avis. Aujourd’hui, il y adhère. Joint au téléphone par Eventsrdc.com, cet homme connu pour son franc-parler a justifié: « Avant, on ne voulait pas entendre parler de ce dialogue, mais là, nous avons la certitude que les lignes vont bouger. Et ce ne sera pas un dialogue glissement… ». Dans cette même interview, Moni Della a brossé quelque sujet d’actualité du pays.
Des centaines des Congolais continuent à tomber à Béni, dans le Nord-Kivu. Vous en tant que acteur politique congolais quel regard portez-vous sur cette situation ?
Les massacres qui se font à Béni et dans l’Est du pays en général, sont des conséquences d’une gestion calamiteuse du pays. Il faut dire qu’il y a absence de l’autorité de l’État dans cette partie de la République Démocratique du Congo. « Il faut plus d’État et non moins d’État ».
C’est quoi, selon vous, la Solution pour y mettre un terme ?
Selon la société civile des Sud et Nord-Kivu, il y a absence de l’État. Et la MONUSCO, elle, ne peut que nous aider. C’est à l’État congolais de faire l’essentiel. « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Voyez combien la MONUSCO nous a aidés à éradiquer le M23.
Et donc, nous voulons des élections pour avoir des autorités qui ont une légitimité nécessaire afin qu’elles sécurisent la partie Est et tout le pays. Il n’y a pas 36 solutions. Il nous faut des patriotes et nous des ventriotes. Il faut une politique de conscience et non une politique de connivence, contre le peuple. Parce qu’en fait, la sécurité à l’Est est un problème structurel et non conjoncturel.
Que pensez-vous de l’avis de la Cour constitutionnelle ?
C’est une hérésie, une aberration, une négation de la démocratie. La Cour constitutionnelle n’est pas au-dessus du peuple. Lorsqu’elle va en dehors de la volonté du peuple, c’est dommage! La cour constitutionnelle est dans la mêlée au lieu d’être au-dessus de celle-ci.
C’est quoi votre point de vue par rapport à l’après épuisement du mandat du Président de la République ?
Notre point de vue est clair. Le président du Sénat, Kengo Wa Dondo, est la personne attitrée. Mais hélas ! Il est hors mandat. Alors il faut une personne qui assurera la présidence intérimaire, Etienne Tshisekedi en l’occurrence, le temps d’organiser des élections auxquelles il ne prendra pas part.
Pourquoi Tshisekedi ?
A cause de son intégrité politique, sa légitimité historique, sa popularité, … Et d’ailleurs, tout le monde est d’accord, la Majorité présidentielle y compris, que Tshisekedi, le vrai gagnant de l’élection présidentielle de 2011, représente bien la majorité des Congolais.
Avec tout ce qui se passe, que pensez-vous encore du dialogue ?
Le dialogue, oui. Mais en respectant les délais constitutionnels. Moi, je m’aligne derrière la revendication d’Etienne Tshisekedi qui exige qu’il y ait un panel de facilitateurs qui travailleront avec le Togolais Edem Kodjo.
Nous devons nous assurer qu’on ne va pas dans un dialogue autoroute qui permettra à Kabila de rester au pouvoir, pour une présidence à vie.
Vous ne vouliez pas du dialogue. Mais qu’est qui vous a fait changer d’avis ?
C’est vrai. Avant, on ne voulait pas entendre parler de ce dialogue, mais là, nous avons la certitude que les lignes vont bouger. Et ce ne sera pas un dialogue glissement. En même temps, une chose est à retenir : sans panel nous n’irons pas au dialogue.
DE BUMBA