La musique rd-congolaise et la perpétuelle tradition de défection en Europe et aux États-Unis d’Amérique !

La musique rd-congolaise a traversé des époques grâce à son aura historique. Cette épopée lui a permis de mettre sur un piédestal en dépit de la concurrence d’une flopée de styles aujourd’hui. Une véritable longévité qui force le respect non seulement dans le chef des fans mais aussi de plusieurs organisations internationales comme l’UNESCO qui va inscrire la rumba rd-congolaise à son patrimoine culturel immatériel. Tout un symbole !

Cependant, la musique rd-congolaise demeure depuis plusieurs décennies, en proie à une réalité le moins que l’on puisse dire, déplorable. Il n’est nullement un secret pour personne que les orchestres rd-congolais ne rémunèrent pas conséquemment leurs musiciens. Ce malaise social provoque malheureusement un vide dans le chef de ces groupes.

Depuis des lustres, plusieurs orchestres rd-congolais ont été victimes de défection de leurs musiciens pendant leurs concerts ou tournées en Europe. De Koffi Olomide à Fally Ipupa en passant par Werrason ou encore JB Mpiana, les départs massifs en Europe de leurs musiciens n’ont cessé de défrayer la chronique. Les derniers en date qui ont dû fausser compagnie à leur délégation sont les protégés de Villa Nova de Fabregas le Métis Noir au lendemain de leur concert du samedi 11 décembre à Lyon. Une pratique perpétuelle malheureusement devenue une tradition aujourd’hui.

Malaise social, la raison d’une perpétuelle défection

Les orchestres rd-congolais sont minés à plusieurs réalités qui posent question. Le fruit du travail n’est pas toujours escompté à cause d’un déséquilibre social. La plupart des musiciens rd-congolais qui intègrent ces groupes viennent des familles modestes. Mal payés, ils n’ont souvent pas de quoi nourrir leurs familles.

Même s’ils ne sont pas très bien payés où même par intermittence, ces musiciens ont souvent le privilège de voyager de partout dans le monde notamment en Europe. Une fois sur place, beaucoup d’entr’eux ne préfèrent plus revenir en Rd-Congo non seulement à cause d’un malaise social au pays, mais aussi dans le but de rechercher une vie meilleure au vieux continent.

Une fois l’objectif d’arriver en Europe atteint, beaucoup de ces musiciens abandonnent même la musique et se reconvertissent en serveurs ou femmes de ménage dans le but de gagner de l’argent.

Artiste musicien rd-congolais, Heritier Watanabe pense que les musiciens qui fuient sont souvent influencés par leurs familles en Europe.

« Moi je connais beaucoup de mes musiciens, leurs frères de l’Europe les influençaient à ne pas rentrer à Kinshasa. Ces musiciens voyant que les siens leur mettre la pression, ils vont se courber et fuir. Il y a des gens qui sont partis en Europe et ont dû retourner seul parce-que tout l’orchestre a fait défection. Comme mon vieux King Kester Emeneya, presque tout son groupe avait fui mais il n’avait pas croisé les bras », dit-il.

Une raison de plus qui nécessite à mettre des musiciens dans de bonnes conditions afin que ceux-ci n’envient nullement l’Europe.

L’Europe, l’éternel el dorado des musiciens rd-congolais

Avec la perpétuelle tradition de défection, la musique rd-congolaise boit la calice jusqu’à la lie. Et ce sont très souvent les patrons d’orchestres qui en payent le frais puisqu’obligés parfois de repartir à zéro.

Si les musiciens rd-congolais sont réputés pour leur intérêt au luxe, à la fête et à la sape, ces derniers sont aussi très intéressés par l’Europe depuis des lustres. Pour un musicien rd-congolais, arriver sur le sol européen est un pari gagné sans tenir compte des réalités d’un el dorado inconnu.

Ce péché mignon ne date pas d’aujourd’hui puisque les patrons d’orchestres qui sont victimes aujourd’hui de la défection de leurs musiciens, ont fait la même chose à leurs ex-patrons et ainsi de suite.

Une situation qui ne s’arrêtera tant que les artistes rd-congolais continueront à croire que l’Europe c’est le paradis et à minimiser le potentiel qui se trouve dans leur propre pays.

CHADRACK MPERENG