Installé sur le continent africain depuis plus de vingt ans déjà, Canal + couvre désormais plus de 25 pays à travers 10 filiales et plus de 30 partenaires et distributeurs. Avec son offre constituée de plus de 325 chaînes, radios et services, le groupe qui appartient à Vivendi, groupe français spécialisé dans les contenus, les médias et la communication, et dont le propriétaire est le milliardaire français Vincent Bolloré, qui a fait fortune en Afrique aux côtés de nombre de nombre de Chefs d’État, s’est vite positionné comme étant le premier opérateur de télévision payante par satellite en Afrique francophone.
Il détient actuellement un portefeuille global de 22,1 milllions d’abonnés (individuels et collectifs) dont 8,9 millions en France métropolitaine et plus de 5 millions d’abonnés en Afrique. Le chiffre d’affaires du Groupe Canal+ s’élève à plus de 2 782 millions d’euros, au premier semestre 2021, en croissance de 4,7% à taux de change et périmètre constants par rapport au premier semestre 2020.
De nos jours, le Groupe Canal+ revendique plus d’abonnés en Afrique qu’en Europe (hors France métropolitaine). Ce qui signifie que le continent africain représente une incroyable opportunité pour ce groupe français dont les services sont consommés par de nombreux foyers africains en général et congolais en particulier.
Cependant, s’agissant du Congo, l’accès aux services de Canal+ n’est pas toujours facile pour les foyers aux finances très serrées. Et pour les quelques familles qui peuvent se permettre ce luxe (oui, c’est bien un luxe pour elles), très peu seulement d’entre elles sont capables d’accéder au meilleur bouquet, dénommé « Tout Canal ».
Pourquoi si cher au Congo ?
La Commission d’enquête et étude du Mouvement national des consommateurs lésés, MNCL en sigle, a mené une étude comparative sur la tarification des services de Canal+ en RDC et dans certains de ses pays voisins dont le Rwanda, le Burundi, le Congo Brazza, la Centrafrique et le Gabon, afin de mieux appréhender la politique tarifaire du groupe Canal+ au Congo.
Deux questions au cœur de cette étude : à combien se vendent les services de Canal+ dans ces différents pays et quelles en sont les incidences sur le pouvoir d’achat des consommateurs ? Quels sont les éléments essentiels qui participent à la fixation des prix des services Canal+ ?
Pour rappel, ces pays ont été choisis au regard de certains facteurs dont la langue, la proximité géographique, le PIB des uns qui n’est très différent des autres, le trait de vie des populations, etc. L’étude révèle que les consommateurs congolais sont plus lourdement facturés que ceux du Rwanda, du Gabon, de la RCA, du Congo Brazza et du Burundi. Ainsi, si, au Congo-RDC, le service tout Canal revient à 85$US voire 100 $US, au Congo-Brazza c’est 74$US, au Gabon 67$US (même prix réclamé en Centrafrique), au Burundi 50 $US, au Rwanda 29$US.
Du coup, les Congolais à l’Est passent la frontière pour s’abonner. Le Mouvement National des Consommateurs Lésés constatent, dans un communiqué daté du 5 avril 2022, que plusieurs entreprises internationales surfacturent les consommateurs congolais pour des produits et services qui visiblement se vendent un peu moins cher ailleurs. Le gouvernement doit se saisir de ce dossier. Canal+ qui doit avoir un prix abordable pour tout citoyen congolais. Dans un pays où l’électricité n’est pas stable, la factu- ration des services de Canal+ devrait naturellement correspondre à certaines réalités sociales. Fort malheureusement, tout le monde profite de la faiblesse et de la largesse du Gouvernement congolais pour accentuer la souffrance des consommateurs congolais.
Le MNCL attend donc recevoir un signal fort du Gouvernement et du Groupe Canal+. Faute de quoi, conclut le communiqué, le MNCL se verra « contraint d’entreprendre d’autres actions de pression pour obtenir un vrai changement dans la facturation des consommateurs congolais par Canal+RDC ».
Le Soft International avec AGENCES