Alternance au pouvoir: Bemba clame, Kamerhe appuie

Deux déclarations des leaders de deux grands partis de l’Opposition donnent un seul et même message: «nous devons apprendre à vivre ensemble avec ceux qui quitteront le pouvoir et ceux qui aspirent à y accéder». D’abord Jean Pierre Bemba, président du Mouvement pour la libération du Congo, depuis les geôles de la Cour pénal internationale, le 26 septembre 2016, puis Vital Kamerhe, co-modérateur de l’Opposition au dialogue politique national, en réaction aux propos de Bemba le même jour, les opposants semble avoir une idée fixe: alternance au pouvoir. Ce qui, pour paraphraser le président du MLC, serait une première dans l’histoire de la RD-Congo.

Les leaders politiques RD-congolais ne lésinent pas sur des déclarations et autres messages, particulièrement depuis les malheureux événements des 19 et 20 septembre 2016, à Kinshasa et dans d’autres villes du pays. Depuis sa cellule à la Haye, en Hollande, le sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo, président du Mouvement pour la libération du Congo -MLC- fait également entendre sa voix. Dans un message empreint de sagesse et de tempérance rendu public le 26 septembre, le Chairman a affirmé que ces événements, qu’il qualifie de funestes, étaient prévisibles mais pouvaient être évités.

«A l’occasion de mon message du 31 décembre 2015, appelant à nouveau à une cohésion nationale, j’avais prévenu que l’année 2016 est une année charnière pour la RD Congo: ou elle sombrera dans le chaos indescriptible d’une dictature, ou elle empruntera la voie de l’alternance démocratique et pacifique du pouvoir, une première dans l’histoire de notre pays», a-t-il rappelé. Pour le président du MLC, les citoyens RD-congolais disposent du droit consacré par la Constitution de manifester publiquement leur opinion étant donné que la démocratie se nourrit aussi des aspirations du peuple. «Le devoir régalien de l’Etat est d’assurer leur protection au Nord comme au Sud du pays, à l’Ouest comme à l’Est, de jour comme de nuit», a-t-il insisté.

Des geôles de la Cour pénale internationale, ce principal challenger de joseph Kabila aux élections présidentielles de 2006, emboite quelque peu le pas à une frange de l’Opposition ainsi qu’à la Communauté internationale qui réclame le «vrai dialogue». «Un dialogue sincère basé sur les questions techniques et précises liées à l’organisation des élections demeure la seule voie qui doit conduire la RD-Congo vers l’alternance démocratique, gage de paix et de stabilité», a-t-il clairement martelé avant d’ajouter: «Je regrette sincèrement toutes ces vies perdues pour la défense de la Constitution. Je partage la douleur des familles qui ont perdu des êtres chers à Kasumbalesa, Kinshasa, Lubumbashi, Beni, Bukavu, Kananga, … et leur présente mes sincères condoléances».

Un peu plus tard dans la même journée, Vital Kamerhe, co-modérateur de l’Opposition au dialogue et président de l’Union pour la Nation congolaise -UNC- a réagi à ce message de Jean-Pierre Bemba.

«La justesse des propos que contient ce message, lui confère une hauteur que tout esprit politique constructif ne saurait ignorer», a-t-il commenté dans sa déclaration. Et le président de l’UNC de faire une mise au point: «Sur les questions techniques liées à l’organisation des élections, nous voudrions rappeler que ces aspects ont été examinés au cours de nos travaux en commission et qu’à ce stade, il nous reste à proposer à notre peuple, un calendrier avec des dates précises, pour la tenue, dans un délai court et raisonnable, des scrutins présidentiel, législatifs nationaux et provinciaux».

Par la même occasion, Kamerhe a invité les RD-Congolaises et RD-Congolais, de tout bord, de la majorité, de l’opposition et de la société civile, dans un élan d’amour et de cohésion nationale, à faire le dépassement de soi pour préserver la paix et l’unité nationale. Ce, dans le but de réaliser l’inclusivité tant souhaitée par tous. «Rien n’est plus important pour le peuple que la paix», a-t-il affirmé.

HUGO ROBERT MABIALA (Africa News)