Cinéaste, producteur et réalisateur rd-congolais, Tshoper Kabambi appelle le gouvernement à s’impliquer pour le développement du cinéma du pays et à faire du Festival international de cinéma de Kinshasa – FICKIN – dont il est l’initiateur, un véritable patrimoine culturel étatique à l’exemple du FESPACO. Le patron Bimpa Production qui nourrit plusieurs ambitions, martèle sur la mise en œuvre des moyens conséquents pour développer le cinéma rd-congolais.
Les gouvernements se succèdent mais le cinéma en RDC semble toujours être mis de côté, quel est votre sentiment par rapport à cela ?
Voir les gouvernements se succéder et ne pas soutenir le cinéma, personnellement ça me déçois beaucoup, ça m’énerve. Je ne peux expliquer ce sentiment, je ne peux pas comprendre qu’au 21ème siècle, en 2023 qu’un État d’un grand pays comme le nôtre, ne prenne pas conscience de l’importance du cinéma dans ce pays. C’est simplement décevant.
En tant que producteur vous avez déjà produit beaucoup de films, qu’est-ce qui fait que ces films soient méconnus de la majorité des rd-congolais ? Le public rd-congolais ne devrait-il pas être votre priorité ?
Ce qui prouve que le public rd-congolais est notre priorité c’est le fait de voir que nos films sont même produits en lingala, on produit des films en lingala, nous produisons pour le cinéma rd-congolais. La plupart des gens qui regardent nos films, ils voient vraiment que je parle de nos problèmes, je m’adresse à notre population. C’est juste que nous sommes dans un pays qui n’a aucune politique culturelle ; c’est ce qui fait défaut. Le gouvernement rd-congolais n’a pas une politique culturelle c’est ce qui fait qu’il manque de salles de cinéma, qu’on manque des circuits de distribution alors que pour qu’un film soit consommé même au fin fond, il faut qu’il existe un circuit de distribution légal. Si je fais déjà mon film avec mes propres moyens, je le diffuse avec mes propres moyens, comment voulez-vous que j’aille à Ngandajika pour montrer mon film? Comment voulez-vous que j’aille à Kishisha pour montrer mes films ? Et même la RTNC qui est censée faire la promotion du cinéma de notre pays, n’a pas un programme pour faire la promotion du cinéma rd-congolais. Donc ça c’est un problème.
La majorité des rd-congolais regarde les » maboke » communément appelés théâtre et croient que c’est cela du cinéma; pouvez-vous nous éclairer, les « maboke » doivent se classer dans le théâtre ou dans le cinéma ?
C’est un amalgame que la plupart de gens font. Le cinéma c’est des films qui sont destinés pour des salles de cinéma, y’en a qui s’adaptent aussi pour la télévision. À part cela, il y a aussi les téléfilms des films faits pour la télévision ; les maboke sont des télédramatiques, des films pour la télévision mais eux ils le font en série, ce n’est pas du théâtre.
La plupart des gens qui le font eux-mêmes ignorent cela, ils se lèvent un jour, commencent à produire des trucs et s’hasardent à appeler cela théâtre ou quoi que ce soit par ignorance. Je pense que la plupart des rd-congolais ne doivent plus rester dans cette ignorance aujourd’hui. Il ne faut pas mélanger les choses, le théâtre c’est le théâtre, il faut aller dans une salle pour le regarder ou même en plein air pour les voir jouer en direct, c’est un contact direct entre le public et les comédiens. Le cinéma c’est les films qu’on tourne soit pour les salles de cinéma ou soit pour la télévision.
Vous êtes le fondateur du FICKIN, pensez-vous que ce festival pourrait un jour atteindre la même notoriété que le Festival Panafricain de Cinéma et de la télévision de Ouagadougoo -FESPACO- ?
Bien-sûr, le FICKIN en 10 ans a fait des choses remarquables, et nous sommes l’un des festivals les plus respectés en Afrique par sa programmation, son organisation ; on nous appelle des fourmis, on travaille vraiment ensemble et dure pour faire exister ce festival. On est très bien côté partout, que ça soit à l’international. Pour atteindre le niveau du FESPACO ou du Festival de Cannes, il va falloir que plusieurs personnes s’impliquent, vous les journalistes entre autres, et bien-sûr l’État rd-congolais. À chaque FESPACO, le Président de la République vient lui-même; alors quand le Président se déplace, le gouvernement met l’argent, c’est tout une autre dimension. Moi je me dis que la première fois quand le gouvernement mettra de l’argent pour le Festival international de cinéma de Kinshasa -FICKIN- en tout cas le monde sera étonné.
Un ou deux films rd-congolais que vous pouvez recommander à nos lecteurs ?
Je recommande mes films à l’occurrence « Heart of Africa ( Cœur d’Afrique) » allez tous les voir sur les plateformes qui existent.
(Ré) écoutez en Podcast le recent de Tshoper Kabambi sur Eventsrdc FM Live :
POPY-BARBARA MBOLI