« Comment voulez-vous qu’il y ait industrialisation si il n’y a même pas de salles de cinéma pour accueillir les productions cinématographiques que nous faisons ». Ces mots d’Hénoc Kiyombo, acteur rd-congolais ne sont pas anodins dans un pays où le cinéma bat encore de l’aile par manque d’une véritable industrie.
Divertissement très populaire dans le monde, le cinéma sait susciter plein d’émotions chez les gens. Partout dans le monde, les cinéphiles adorent aller regarder des films au cinéma ou dans des salles de cinéma. Ces salles permettent non seulement aux hommes de se divertir mais aussi aux films, ces œuvres cinématographiques d’être projetés et connus du public qui aime le 7ème art.
En Rd-Congo, les gens aiment aussi regarder des films comme partout dans le monde et le cinéma rd-congolais existe aussi. Pourtant, il y a un manque flagrant de salles de cinéma. Hénoc Kiyombo, acteur rd-congolais et chef de Kiyo’s Prod, une maison de production cinématographique qui traite aussi de l’événementiel, nous donne son opinion sur le manque de salles de cinéma en RDC. Entretien.
Selon vous, pourquoi y-a-t-il carence de salles de cinéma en RDC ?
Selon moi, il y a carence de salles de cinéma parce qu’il n’y a pas encore de potentiels mécènes, bailleurs de fonds qui veulent investir dans le cinéma. Pour qu’il y ait ces gens et qu’il y ait investissement, il faut d’abord qu’il y ait une certaine assurance sur la production des films. Je ne parle pas d’un film mais de plusieurs films. Il faut qu’il y ait plusieurs films qui se proposent.
Vous savez, le cinéma rd-congolais souffre de beaucoup de choses, la production, l’industrialisation et tout ce qui va avec. Quand on parle de salles de cinéma, on voit déjà l’industrialisation, la distribution et il n’y a pas assez de distributeurs de films en Rd-Congo.
Les gens qui peuvent mettre de l’argent pour cela ne sont pas assez. Mais ces gens ne peuvent pas aussi investir dans le vide, construire des salles dans le vide comme ça. Quand quelqu’un investit, il s’attend toujours à gagner quelque chose dans le fond.
Que faut-il faire pour remédier à cela ?
Il faut mener des actions, il faut que nous aussi, faiseurs des films, soyons en mesure de constituer un écosystème qui serait capable de produire sur une année 10 à 15 films, de longs métrages efficaces, très bien tournés.
Cela donnerait aux amoureux du cinéma l’envie d’investir, de construire des salles de cinéma de gauche à droite pour voir plus ces productions. Pour que l’industrialisation se fasse, il faut d’abord qu’il y ait beaucoup de productions cinématographiques. Pour cela, il faut l’existence de beaucoup de distributeurs. La distribution c’est le marché là où on touche les revenus des films, le retour des investissements.
La solution émane aussi d’une petite volonté du ministère de la culture, du gouvernement en place de voir l’importance du cinéma, voir qu’il y a beaucoup à gagner dans le cinéma.
Aujourd’hui au Nigeria et en Côte d’Ivoire, rien que le cinéma rapporte beaucoup à l’économie de leurs pays. Le cinéma est une puissance au-delà d’être un vecteur de transmission de culture, d’identité qui vend un pays, une culture.
Combien de salles de cinéma y-a-t-il à Kinshasa ?
À Kinshasa on doit avoir pas plus de 6 salles de cinéma, on a deux grandes salles Cinékin et Cinébuzz et chacune de ces salles a deux ou trois extensions. C’est très médiocre et très regrettable, à l’heure actuelle, au 21ème siècle j’en ris. Comment voulez-vous qu’il y ait industrialisation s’il n’y a même pas de salles de cinéma pour accueillir les productions cinématographiques que nous faisons.
Est-ce que les films rd-congolais sont aussi diffusés dans les salles de cinéma ?
Oui, il y en a quelques-uns, moi-même je suis l’exemple parfait avec mon film La Manie du vieux mafieux qui a été diffusé pendant 1 mois à Cinékin alors que c’est un court-métrage. Il y a aussi le film Kuluna qui était au cinéma mais n’a pas duré en salles. Je parlerais aussi d’ « Ima » qui n’est pas vraiment rd-congolais, c’est une production française mais tournée à Kinshasa.
Il y a aussi le film Augure, un film pas complétement d’ici mais dont une partie a été tournée ici et l’autre ailleurs, qui sera diffusé cette année au cinéma et ailleurs dans le monde. Il y a quand même des films rd-congolais diffusés en salles mais la liste est vraiment à chercher, c’est compliqué.
Un ou deux films rd-congolais diffusés en salles ?
La Manie du vieux mafieux, Kuluna et plein d’autres mais qui n’ont pas duré en salles parce que nous souffrons de marketing. Notre cinéma n’est pas connu à un consommateur local, nous souffrons de plusieurs problèmes dans ce pays, dont la production, la distribution. Il n’y a pas vraiment de mécène dans le cinéma rd-congolais. Alors qu’il y a de nombreux projets. Il faudrait qu’on propose aussi des choses sérieuses pour que les gens aient envie de nous financer.
POPY-BARBARA MBOLI