Le rappeur français d’origine rd-congolaise, Ninho a dévoilé son 4ème album studio « N.I » ce vendredi 30 juin 2023 à minuit. Il se fait accompagner dans cet opus avec Lil Baby, Ayra Starr, Central Cee et Omah Lay.
Ça commence par un piano triste. « J’sais même plus par où commencer ». Oui, que dire après toutes ces années de succès fulgurant ? Depuis « Comme prévu », son premier album officiel paru en 2017 et certifié Disque de diamant, Ninho a enchainé les coups d’éclat, devenant “l’homme aux certifications”, comme l’a surnommé SCH, un titre validé par les chiffres avec 154 singles d’or, 87 de platine et 50 de diamant.
Et comme pour mieux asseoir sa réputation de « Jefe », voilà que sur ce premier titre de son quatrième album studio, Ninho fait un parallèle avec Johnny. Sans jamais nommer Hallyday, le rappeur de 27 ans assène cette punchline : « J’deviendrai Johnny, tout en Gucci ». Un nouvel alias pour celui qui amasse les liasses et s’offre tout ce que la richesse peut acheter.
« Yo Moko Oyebi », récit virtuose des histoires de cité où l’amitié est conditionnée au profit, balance une petite référence à Tandem (“C’est toujours pour ceux qui savent”) et garde cette saveur désenchantée, comme si le succès n’était pas suffisant pour dissiper cette incertitude qui règne en maitre dans les recoins périphériques où Ninho a grandi.
Ce monde parallèle où la vie en groupe reste la meilleure façon d’éviter les coups du sort est à nouveau évoqué dans “Edouard Nahum” : « J’traine tout seul, je me mets en danger ». Un grand écart entre le ghetto et les beaux quartiers, puisque le titre de ce morceau est le nom du maitre joaillier installé en bas des Champs-Élysées, ami des stars dont les clients sont Pharrell Williams, P. Diddy, Sting, Madonna, Gims et Alain Delon. D’ailleurs, cette façon de balancer des noms de gens connus trouve sa source dans la musique congolaise, où des artistes comme Koffi Olomide citent des riches hommes d’affaires qui paient pour ce name dropping en mode rumba.
« Que des stories de zonards », entend-on pourtant dans « Chiraq ». Le slalom entre la rue et les beaux quartiers est permanent sur NI, où les productions sont plutôt élégantes, avec parfois une rythmique afro comme sur « Dans la peau », qui évoque l’amour sur un ton badin : « Ah, la vie de Ninho, beaucoup de stress, beaucoup d’espèces, bandit, mais trop mignon ».
Le piano mélancolique fait son retour sur « No Love » en featuring la chanteuse nigériane Ayra Starr, une composition subtile avec des échos du « Diamonds » de Rihanna qui montre que Ninho est capable de sortir de sa zone de confort. Le londonien Central Cee, star britannique dont le single avec Dave Sprinter a été le morceau de rap anglais le plus populaire de tous les temps, intervient sur Eurostar, titre fort sur l’amour trans-Manche via British Rail et la SNCF.
Deux autres invités interviennent, le rappeur américain Lil Baby sur « Blue Story » et l’étoile montante de l’afrobeat Omah Lay sur « Bad », ce qui tranche avec le précédent album Jefe où l’artiste était seul sur les 15 morceaux.
« La célébrité a peut-être bafoué nos principes », affirme Ninho dans Branché sur Snap, nouvelle négation de cette illusion qui veut que le succès soit une bénédiction.
Plus on écoute NI, plus on se demande si cet album baigné dans la mélancolie d’un artiste au fait de son art est celui d’un homme heureux. « La vie de William, la vie d’N.I., beaucoup d’euros, beaucoup de groupies ». Et la tendresse, bordel ?
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EVENTSRDC.COM AVEC RFI.FR