Mardi 7 février 2017, à Goma, la Direction Générale de l’Immigration a interpelé 19 personnes, qui seraient semble-t-il ressortissants rwandais. Ces personnes ont été interpelées en possession des cartes d’électeur congolaises nouvellement distribuées aux enrôlés, alors qu’elles s’apprêtaient à traverser la frontière pour regagner le Rwanda. Coup de théâtre ! Après 10 jours de détention, le parquet décide de les libérer par manque des preuves suffisantes prouvant que ces personnes sont réellement de nationalité rwandaise.
Leur libération intervient parce que le parquet, la DGM et la CENI n’ont pas été en mesure d’établir leur nationalité étrangère. Quand est-ce que l’Etat congolais va-t-il comprendre que ce traitement symptomatique est inefficace et non adapté ? Pourquoi ne pas s’attaquer directement aux causes de ce problème vu qu’elles sont bien connues ? Il y a des sujets rwandais dans notre classe politique, dans notre gouvernement, dans les deux chambres du parlement, dans nos cours et tribunaux, dans nos forces armées et dans la police nationale, bref dans toutes les institutions publiques. Certains sont même mandataires sociaux. Si quelque chose devait être faite, c’est à ce niveau-là qu’ils devaient commencer plutôt que de s’attaquer à ces pauvres individus (probablement rwandais) qui ne font que profiter d’un système défaillant, des politiques défaillantes mises en place par un Etat inactif et inexistant.
N’importe qui à leur place aurait agi de la même façon. Même en Occident, il y a des profiteurs du système. Mais la réactivité de ces Etats occidentaux permet de très vite mettre en évidence les failles du système et de colmater les brèches. C’est justement ça le problème avec l’Etat congolais, qui est incapable d’anticiper et d’endiguer ce problème, qui pourtant ne date pas d’aujourd’hui. L’Etat est incapable d’adopter des politiques adaptées. La RDC a les frontières les plus poreuses du monde et les autorités le savent. Plusieurs territoires entiers échappent au contrôle de l’Etat. Nous nous rappellerons de la triste tragédie qui se produit sur notre territoire du 5 au 10 juin où les armées étrangères, en occurrence rwandaise et ougandaise, qui se sont affrontées sur notre sol, dans la ville de Kisangani. Ces affrontements ont causé plus de mille morts et quelque trois milles blessés dont la plupart était des civils (congolais). Et cela, sans compter les affrontements d’aout 1999 et de mai 2000 entre ces mêmes armées dans cette même ville, pour ne citer que ceux-là.
La dramaturgie est un art que nos dirigeants politiques, particulièrement ceux du gouvernement maitrisent très bien. C’est désobligeant de voir à quel point ils préfèrent faire diversion plutôt que faire le travail que les congolais attendent d’eux.
HECTOR LEBO YER