Après son séjour à Abidjan, Patrick Muyaya mise sur une collaboration destinée à s’approprier le narratif de l’Afrique

Après sa participation à la 11e édition des As de la communication – ASCOM – à Abidjan en Côte d’Ivoire en tant qu’invité d’honneur, le ministre de la communication et médias Patrick Muyaya a eu un agenda rempli du 10 au 12 juillet en Terre d’éburnie. Après cette activité tenue à la salle CRRAE-UEMOA, le ministre a effectué des visites guidées dans différentes institutions ivoiriennes ayant trait à son secteur.

De l’Institut des sciences et techniques de la communication à la Haute autorité de la communication audiovisuelle en passant par l’Agence nationale de la presse et la Radio Télévision ivoirienne, Patrick Muyaya s’est imprégné du mode de fonctionnement de l’écosystème médiatique et communicationnel ivoirien. À son tour, il n’a pas manqué de mettre en avant le savoir-faire rd-congolais. A l’encoire, il y a lieu de communiquer davantage entre africains, mais aussi de faire une réflexion collective sur comment s’approprier le narratif sur le continent africain. Entretien.

Quel a été le but principal de votre présence à Abidjan ?

J’étais venu principalement pour les As de communication où j’ai été honoré par ce prix, pour le travail que nous avons réalisé sous la direction évidemment du Président de la République.

Par la suite, j’ai profité de mon séjour pour échanger avec mon homologue ministre de la communication et porte-parole du gouvernement ivoirien.

Nous avons non seulement eu des échanges fructueux en terme d’expérience, parce que le constat c’est que nous ne partageons pas beaucoup entres africains.

Par la suite, j’ai manifesté le besoin de comprendre l’écosystème ivoirien, voir quels sont leurs points forts, leurs points faibles puisqu’il est toujours utile d’apprendre des autres. Je crois que nous avions eu des contacts qui lui ont permis entre autres de voir ce qui est bien chez nous et J’ai pû voir aussi ce qui était positif ici. Principalement, j’ai été marqué par le faible nombre de médias à peu près sept chaînes de télévision alors que nous, nous en avons plus de deux cents.

C’est vrai que les pays ont des contextes différents mais quand vous regardez le nombre, ça vous donne une illustration du défi que nous avons notamment en terme de salubrité médiatique. Ici, les médias sont peu nombreux et ils sont viables et ils permettent de remplir les objectifs qui sont les leurs. Je pense donc que de ce point de vue ça nous a renforcés dans la démarche que nous avons déjà engagée.

Nous avons également eu l’occasion de voir comment les journalistes sont formés, comment la régulation s’opère et j’étais très heureux d’apprendre qu’il y a déjà des interactions entre le Conseil superieur de l’audiovisuel et de la communication – CSAC – à travers le président Bosembe mais aussi le président de la Haute autorité de l’audiovisuel ici à Abidjan.

Pensez-vous que cette façon de collaborer entre Kinshasa et Abidjan peut constituer un pas vers l’appropriation du narratif du continent ?

Je pense que c’est de cette manière que nous pouvons progressivement commencer à faire un travail d’ensemble en terme d’appropriation du narratif sur notre continent. L’Afrique est mal racontée tout simplement parce que ceux qui racontent l’Afrique ne sont pas en Afrique.

Justement en parlant d’un narratif collectif sur l’ensemble du continent africain, à votre avis, comment cela peut-il être possible ?

Etant donné que nous devons créer des ponts entre peuples africains, je pense que de ce point de vue Kinshasa et Abidjan sont deux capitales qui se connaissent très bien.

Je considère que Abidjan c’est un peu la prolongation de Kinshasa. Nous pourrons être en mesure de voir comment consolider la collaboration et de ce fait envisager pourquoi pas dans le cadre des échanges qui existent déjà entre notre télévision nationale (RTNC) et la RTI, une collaboration plus étroite en terme de partage des contenus qui nous reflètent.

J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec les communiquants ivoiriens sur un certain nombre de sujets notamment la nécessité d’être nous-mêmes au centre de la narration de l’histoire du continent mais je crois que globalement c’était plutôt une expérience enrichissante.

Le temps était court mais c’était essentiel pour apprendre de ce qui se fait ici à Abidjan, leur donner un bout de ce que nous nous avons comme connaissance et pourquoi pas envisager l’avenir pour un certain sujet de la manière la plus conjointe possible pour être sûr que nous nous sommes mutuellement enrichis.

Durant votre séjour à Abidjan, vous avez notamment visité les installations de la Radio Télévision ivoirienne. Que cela vous a-t-il inspiré en terme d’image, de contenu et matériel à mettre en place pour la Radio Télévision Nationale Congolaise – RTNC ?

La nouvelle image de la RTNC est déjà en cours. Je pense que bien au-delà du travail technique que nous avons fait en terme des matériels, il y a un travail plus important qu’il faut faire parce que la RTNC ne doit pas être regardée que sous le prisme de Kinshasa. Nous comptons faire un travail énorme notamment dans l’intérieur du pays pour aller voir ce qui se fait là-bas et comment on améliore et rapproche nos populations de la bonne information à travers le déploiement de la télévision nationale.

Le regard est aussi porté sur le personnel parce qu’il faut constamment être formé et s’adapter à l’évolution technologique. Il faut avoir le studio moderne mais tout ça c’est déjà dans l’agenda et ce n’est qu’une question de temps et nous allons continuer et consolider le travail que nous avons déjà préalablement commencé durant le quinquennat passé

Quel bilan faites-vous de la salubrité médiatique que vous avez entamé depuis votre premier quinquennat ?

Il y a eu des éléments qui sont positifs que nous pouvons capitaliser notamment en terme de suivi et d’accompagnement des médias, nous avons déjà le plan et je crois que de ce point de vue, nous avons eu le principal élément de retard; c’est peut-être parce qu’on a pas encore organisé le congrès de l’Union nationale de la presse du Congo -UNPC – qui est un congrès fondateur ou réformateur pour mieux dire et nous espérons que d’ici la fin de ce mois, ce congrès pourra se tenir et nous pourrons en ce moment-là avoir des interlocuteurs venus de la profession avec lesquels nous pouvons collaborer.

Partant de votre constat du secteur médiatique ivoirien, comment entrevoyez-vous le secteur médiatique rd-congolais dans les années avenir ? Et quelles sont vos perspectives ?

La Côte d’Ivoire compte à peu près huit cents journalistes alors que nous on en recense à peu près huit milles. Les proportions ne sont pas les mêmes, les défis ne sont pas les mêmes. En ce qui nous concerne, nous avons commencé un travail collectif avec toutes les organisations professionnelles, nous allons dans ce même élan consolider ce qu’on a commencé avec une UNPC renouvelée avec des structures en son sein, avec une nouvelle carte de presse octroyée.

Nous pouvons considérer que l’avenir pour la presse de la RDC sera positif de toutes façons pour ce qui concerne notre rôle entant que ministère de la communication et des médias. Vous avez vu ce que nous avons commencé déjà à faire à travers les états généraux, nous avons une nouvelle loi, il existe d’autres textes réglementaires sur lesquels nous allons travailler et nous pensons que nous aurons fait notre part dans un contexte où malheureusement du fait de la situation sociale qui fait que les médias sont pauvres un peu comme à l’image du pays, mais même de ce point de vue si nous arrivons à voir une structure, une Union nationale de la presse du Congo bien installée et que nous avons des bons interlocuteurs, il est possible d’obtenir un certain nombre d’avantages du gouvernement. Et compter sur nous pour le faire parce que c’est prévu dans le cadre de la commission viabilité des médias que nous avons instaurée depuis la tenue des états généraux. Il faut donc considérer que les perspectives sont plutôt positives.

GLODY NDAYA