Architecture de Kinshasa : Silence, on désacralise

Tous les feux sont au rouge. Kinshasa, ville créative à la diversité culturelle réputée, se voit perdre le caractère sacré de son architecture à cause de l’ignorance crasse de sa société sans pédagogie, sans loi et sans culture. En outre, la destruction de certains patrimoines architecturaux au vu et au su des autorités, réduites au silence, jette de l’opprobre sur le secteur.

Garder l’identité de l’architecture d’une ville et préserver ses patrimoines relèvent de la valeur et de la déférence qu’on donne à son histoire et à l’urgence de pérenniser son impact relativement ancré dans la mémoire. « L’architecture est le témoin incorruptible de l’histoire », disait Octavio Paz. Elle est une âme du peuple, une pérégrination des temps, une odyssée, une valeur qui bâtit un futur consolidé partant du passé.

L’architecture de Kinshasa est une touche particulière à la caractéristique hybride soulignant la créativité marquante des artistes et l’évolution dans les styles, source d’une norme du centre autour des modèles européens de l’époque coloniale et de l’architecture traditionnelle, mais en réalité moderne de l’Afrique de l’époque. De l’élégance, de l’existence, de la finesse et de la technique sont à mettre à l’actif d’une architecture à l’importance économique énorme.

Cependant, l’architecture de Kinshasa parée à s’adapter gardant son identité culturelle, subit une démystification ubuesque par des vermines dépourvues de moralité et culturellement désorientées. Des bâtiments pouvant servir à pérenniser l’histoire, sont détruits au grand silence des autorités, celles-là même qui ignorent leur caractère mythique. L’exemple parfait est la démolition de l’ancien bâtiment en face du centre commercial Congo Trade Center.

Une question de culture et d’éthique

L’inhérence entre l’architecture et la culture est irréfutable. La transversalité du 1er art le prouve. Au-delà de la culture, l’architecture est une notion d’éthique qui tient compte de la déontologie et de la responsabilité en plus de l’esthétique.

Si la création d’une Agence de protection et préservation du patrimoine architectural au Congo est nécessaire, il faut de prime abord faire preuve de responsabilité dans cette préservation, fondamentale pour sauver la sacralité d’un secteur prisé et un des piliers de diversification de l’économie nationale. Cela passe notamment par une vulgarisation des valeurs et par la communication.

Faire preuve de ce devoir permettra surtout à déconstruire l’ignorance afin de raviver la flamme d’une architecture de Kinshasa qui pense et évolue tout en gardant son identité.

Un secteur et des défis

Le secteur d’architecture en RDC est appelé à relever d’énormes défis notamment dans la création des bâtiments durables. Donner plus de crédit aux spécialistes locaux pour une architecture rd-congolaise qui tienne est également l’un des challenges importants.

« Le plus grand défi pour relever l’écosystème de l’architecture au Congo, porte sur l’éducation dans ce domaine. Parce que ceux qui vont demain construire, ce sont ceux qui étudient pour être professionnels dans ce domaine. Donc c’est eux qui sont pratiquement l’avenir de l’écosystème architectural au pays en général », estime l’architecte Joël Mukalay.

Pour sa part,  l’architecte Julie Ngate estime qu’il faut créer des bâtiments respectueux de l’environnement pour réduire la pollution.

« L’objectif principal de l’écosystème de l’architecture c’est de créer des bâtiments respectueux de l’environnement. En faisant ainsi, les architectes feront de leur mieux pour réduire la pollution causée par les travaux mais celle produite pendant tout le cycle de vie d’un bâtiment », a-t-elle dit.

Le gouvernement doit également s’investir dans ce secteur notamment dans la préservation d’ouvrages et la construction de nouveaux bâtiments respectueux.

CHADRACK MPERENG