L’ouvrage intitulé “Le Destin Tragique d’un chevalier de la presse” écrit par la journaliste rd-congolaise Grâce Ngyke Kangundu a été présenté et baptisé ce mardi 05 novembre 2024 à la bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa.
19 ans après l’assassinat de Franck Ngyke, alors journaliste au quotidien La Référence Plus, la douleur persiste chez ses orphelins. Ce crime, survenu dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005, reste gravé dans les mémoires. Grâce Ngyke, sa fille et également journaliste, a voulu rendre hommage à son père ainsi qu’à tous les journalistes tombés injustement sous les balles de la violence au nom de leur travail.
D’un volume de 184 pages, cet ouvrage se decline en trois dimensions. La première permet à l’autrice de purger sa conscience, alourdie par ce tragique événement. La deuxième dimension, c’est celle d’une lettre adressée au gouvernement rd-congolais actuel. La troisième et dernière dimension, constitue un plaidoyer en faveur de la mémoire de tous les journalistes assassinés. Pour l’autrice, l’objectif principal était d’immortaliser son père, afin que son histoire ne reste pas dans l’oubli.
« Je vous rassure que nous n’avons pas encore fini notre deuil, nous les enfants de Franck Ngikye. J’ai l’habitude d’écrire de temps en temps notamment sur mon compte Facebook, parce qu’il n’y a personne qui nous écoute. Je suppose que le Président Félix Tshisekedi ne connaissait pas cette histoire. Je l’ai écrit pour qu’il apprenne ce qui s’est passé en 2005, lui qui prône l’État de droit. Je l’ai écrit pour le ministre actuel de la justice qui veut à tout prix mettre fin à l’impunité. J’ai écrit ce livre pour insister encore auprès du ministre de la communication et médias, qui, à l’époque de cette tragédie, était encore étudiant à l’Université, pour devenir journaliste, et il l’a été. Aujourd’hui ce dossier est entre ses mains », a dit Grâce Ngyke, autrice du livre.
Et de rajouter : « Ça fait presqu’une année que l’argumentaire du plaidoyer a été déclaré recevable par le gouvernement congolais. Jusqu’alors, il n’y a aucune suite. C’est à partir de Franck Ngikye et Hélène Mpaka qu’on pourra parler de la reconnaissance de tous les journalistes assassinés. »
Avec une profonde émotion, Grâce Ngyke a rappelé au Président de la République à prendre en considération ses demandes concernant la reconnaissance des journalistes assassinés. « Nous croyons en l’État de droit qu’il prône. Ce qui a motivé mon combat, ce que le Chef de l’État a été convié un jour à parler devant la presse le 3 mai 2023, il avait dit : « Pendant mon mandat, aucun crime des journalistes ne restera impuni et depuis ce jour-là, je m’étais accrochée à cette phrase », a-t-elle affirmé.
Grace Ngyke a également fait un appel au ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya, lui rappelant la lourde responsabilité d’honorer la mémoire de ses confrères. Elle a plaidé pour la création d’une maison dédiée aux journalistes où seront honorées les mémoires de ceux assassinés injustement.
« Chaque année, au lieu d’honorer la mémoire des journalistes étrangers assassinés, nous allons honorer la mémoire de nos propres confrères. Dans le plaidoyer, nous avons juste demandé la reconnaissance nationale de tous ces journalistes assassinés. Nous avons aussi demandé la construction d’une stell, où tous les journalistes pourront commémorer la mémoire de leurs confrères partis brutalement. Nous avons demandé la réparation, non pas seulement des enfants de Ngyke, mais de tous ceux qui ont vu leurs parents journalistes, partis sans explications. »
GLODY NDAYA