Fally – Héritier vs « Combattants » : le son de cloche de la Préfecture de police de Paris

Il  y a exactement un mois pour Fally Ipupa et  une semaine depuis  que l’artiste Héritier Watanabe vivait la première désillusion de sa carrière solo. Sa première grande production, programmée pour le 15 juillet 2017 à la mythique salle parisienne de l’Olympia, avait été annulée quelques heures avant le début du spectacle.

Après avoir entré en contact avec la Préfecture de police de Paris, la rédaction d’Eventsrdc.com revient sur les raisons ayant débouché à l’annulation in extremis du concert de Fally Ipupa, le 22 juin dernier, à La Cigale et le 15 juillet, à l’Olympia Bruno Coquatrix de Paris.

 

A quatre jours du concert, Héritier Watanabe croyait remporter la guerre avec l’interdiction des manifestations des combattants au jour du concert par un arrêté de Michel Delpuech, préfet de police. « Les manifestations en opposition ou en soutien au concert de l’artiste congolais Héritier Watanabe programmé le 15 juillet 2017, à 20h00’, à l’Olympia ou au régime en place en République Démocratique du Congo sont interdites le même jour, à partir de 16h et jusqu’à minuit », stipulait l’article 1 de  l’arrêté du 11 juillet 2017 qui, en plus, précisait les endroits  inviolables.  Entre  autres, les  boulevards  de la Madeleine  et  des Capucines jusqu’à la place de l’Opéra.

 

Cet arrêté s’apparentait vraiment à une victoire définitive. Dès lors, des langues s’étaient empressées de saluer ce grand coup de Watanabe. Grand coup puisque plusieurs ténors de la musique rd-congolaise ne se produisent plus sur l’espace Schengen depuis un long moment.  C’était sans compter sur la ténacité des combattants, désignés comme opposant au régime de Kinshasa par la Préfecture de police. Le 15 juillet, alors que l’artiste et sa bande avaient lancé la balance et les derniers réglages pour peaufiner le spectacle, les mêmes combattants ont sorti le grand jeu.

 

« Les opposants au régime congolais, mobilisés pour empêcher la tenue d’un concert  d’Héritier Watanabe, et tenus à distance de la salle Olympia, se sont livrés, un peu avant 17h00’, à des débordements, en particulier vers la place de l’Opéra où des poubelles ont été incendiées », avait exposé le communiqué de la Préfecture publié le 15 juillet probablement vers 18h  de Paris, soit à 2heures avant le début du spectacle. Puis: « par ailleurs, sur le boulevard de la Madeleine, les occupants d’un véhicule l’ont volontairement abandonné et incendié avant de prendre la fuite…  A  17h30, 3 interpellations ont été réalisées et les investigations se poursuivront pour identifier les auteurs des violences ».

 

La situation s’était empirée au point que « malgré l’action des forces de l’ordre, il y a lieu de craindre que ces violences ne s’amplifient jusqu’à l’heure du concert et qu’il n’est pas exclu, au regard des menaces reçues par l’exploitant, que ces violences ne trouvent des prolongements à l’intérieur même de la salle de spectacle », avait signifié l’arrêté du préfet annulant le concert de Wata.

 

L’inattendu était finalement arrivé.  Le malheur des  uns  ayant toujours fait le bonheur des autres, Héritier était très déçu alors que les combattants jubilaient. Avec amertume, l’ex-protégé de Werrason s’était incliné devant le phénomène qui continue de faire des victimes.

Fally aussi

Moins d’un mois avant Héritier, c’était Fally Ipupa la victime. Son concert prévu pour le 22 juin 2017 à La cigale a été annulé par la même Préfecture de police. S’agissant du spectacle, l’arrêté du préfet était tombé trois jours avant la date du spectacle et avait avancé la situation politique de la Rd-Congo comme l’une des principales raisons. « Ce concert s’inscrit dans un contexte politique particulièrement tendu et violent entre partisans et opposants au régime en place en République Démocratique du Congo. Il suscite une mobilisation croissante chez les opposants radicaux congolais qui ont déposés plusieurs déclarations de manifestation le 22 juin aux abords de la salle de spectacle avec l’intention d’en découdre avec les spectateurs, de créer des désordres à l’intérieur et à l’extérieur de la salle et de s’en prendre à l’artiste », avait argué Delpuech non sans croire que ce concert présentait des risques graves des troubles à l’ordre public et d’atteinte à la sécurité des spectateurs. La mesure d’interdiction avait donc été prise par précaution. Contrairement à Héritier, Fally Ipupa avait eu la chance d’être notifié 48h avant le spectacle. Son choc était moins violent.

 

LAURENT OMBA