Originaire de la République Démocratique du Congo, Patrick Ndungidi est journaliste freelance pour le compte de Forbes Afrique et de l’agence d’information d’Afrique centrale qui publie le journal “Les Dépêches de Brazzaville”.
Patrick Ndungidi est blogueur sur le Huffington Post France, Québec et Maghreb. Détenteur d’un Master en Gestion des industries culturelles de l’université Senghor d’Alexandrie en Egypte, il a également un diplôme en communication sociale des facultés catholiques de Kinshasa. Patrick Ndungidi a aussi suivi une formation en Web journalisme à l’école supérieure de journalisme de Lille en France ainsi qu’une autre formation en réalisation des documentaires et des magazines télévisés à l’institut congolais de l’audiovisuel (ICA) en RDC.
Plongez dans l’univers de Patrick Ndungidi, un homme qui n’a cessé de gravir des échelons dans son métier. La rédaction de TROPICS Magazine lui tend enfin le micro pour qu’il nous dise comment est-il devenu une référence dans son domaine et l’un des #AfricanDOers de 2016 qui comptent pour l’Afrique.
Bonjour et bienvenue parmi les #AfricanDOers de TROPICS Magazine. Présentez-vous auprès de nos lecteurs.
Je suis Patrick Ndungidi, 39 ans, originaire de la République Démocratique du Congo. Je réside actuellement à Bruxelles, en Belgique. Je suis journaliste depuis avril 2004, principalement dans la presse écrite et online. J’ai gravi tous les échelons dans ce métier. De simple reporter à rédacteur en chef, fonction que j’ai exercée dans trois journaux différents. Après l’obtention de mon diplôme en communication sociale, obtenu aux Facultés catholiques de Kinshasa (actuellement université catholique du Congo), je suis resté au chômage pendant six mois car il est toujours difficile de trouver du travail dans nos pays d’origine. C’est grâce à l’une de mes grandes sœurs que j’ai pu décrocher mon premier emploi. Elle avait une amie d’enfance qui était propriétaire du journal « Uhuru » à Kinshasa. J’ai intégré la rédaction en avril 2004 en tant que simple reporter et avec un salaire pas très motivant… Néanmoins, ce média a contribué à faire de moi le journaliste que je suis aujourd’hui.
Très vite, le directeur de publication, Claude Nyembwe, m’a affecté à la couverture de l’actualité de l’Assemblée nationale et de la Mission des Nations unies au Congo-Monuc (Aujourd’hui Monusco). Des tâches importantes car nous étions à la veille des premières élections libres et démocratiques en RDC et des lois essentielles étaient en train d’être votées à l’Assemblée nationale, notamment la Constitution du pays et la loi électorale. Au contact des députés et en suivant les débats, j’ai pu mieux appréhender les arcanes de la politique congolaise. Ainsi mes articles faisaient régulièrement la « Une » des éditions du journal. Le directeur de publication et le rédacteur en Chef, Alain Diasso, avaient une totale confiance en moi. C’est ainsi qu’en 2006, je suis passé chef de la rubrique « Politique nationale ». Mais après trois ans et demi et une augmentation salariale qui se faisait toujours attendre, j’ai quitté Uhuru en 2007 après avoir été sollicité pour intégrer la rédaction d’un nouvel hebdomadaire qui voyait le jour et qui s’appelait « L’Etoile de la Nation ». Il a été créé par le père du meilleur ami de mon frère, Pierre Ndombe, une référence dans le monde de la presse congolaise. Au contact de ce dernier, j’ai appris à diriger une rédaction, puisque deux semaines après le lancement du journal, il me nommait Rédacteur en chef. Une tâche « périlleuse », puisque j’étais de loin le plus jeune de cette rédaction constituée de plusieurs « vieux loups » de la presse congolaise.
Néanmoins, mes compétences en matière de journalisme et mon style de management ont gommé toutes les frustrations, les doutes et les appréhensions que ma nomination avait suscitées… Le journal a acquis une notoriété notamment chez les confrères, alors qu’il n’était qu’un hebdomadaire au milieu d’un flot de quotidiens… Mais après une année et face aux conditions de travail qui devenaient de plus en plus précaires, j’ai quitté le journal pour intégrer, en Septembre 2008, la nouvelle rédaction de Kinshasa du journal « Les Dépêches de Brazzaville ».
Ce média, qui est le seul quotidien du Congo-Brazzaville souhaitait créer un pont médiatique entre les deux capitales les plus rapprochées du monde en intégrant dans un même journal les informations des deux pays. C’était donc un nouveau challenge pour moi, puisque j’ai été désigné coordonnateur de la rédaction par le directeur bureau de Kinshasa, Ange Pongault. Après quelques mois d’un travail acharné, le journal a acquis une notoriété à Kinshasa. Mais j’ai dû quitter l’équipe en Septembre 2009, car j’avais obtenu une bourse de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), afin de suivre un cursus de Master en gestion des industries culturelles à l’université Senghor d’Alexandrie en Egypte, ponctué par un stage à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) en France.
J’ai passé deux belles années à Alexandrie en Egypte, de 2009 à 2011, avec d’autres étudiants venus de nombreux pays africains. C’était une magnifique expérience de vivre cette diversité de cultures. Nous avons également été les témoins oculaires d’un moment historique : la révolution égyptienne. Nous avons également eu l’opportunité de visiter de belles et célèbres villes égyptiennes comme Louxor, Charm-el-Cheikh, d’effectuer l’ascension du Mont Sinaï, etc. De retour à Kinshasa en 2011, après 4 mois de disette professionnelle, j’ai été recruté par l’agence de communication Optimum Corporate Communication, qui n’avait qu’un peu plus d’une année d’existence à l’époque. Aujourd’hui c’est l’une des plus grandes agences de la RDC. J’y ai passé quasiment quatre ans en tant que Secrétaire de rédaction du Magazine Optimum que publiait cette agence que j’ai vu se développer à un rythme fulgurant en gérant des campagnes de communication de prestigieux clients. C’était une expérience enrichissante. En parallèle, je continuais de travailler pour les Dépêches de Brazzaville en tant que journaliste culturel. J’ai également travaillé pendant 6 mois dans le projet de lancement de la plateforme musicale « musicinafrica.net », un projet de l’Institut Goethe et de la Fondation Siemens. En juillet 2013, j’ai obtenu une bourse de l’ambassade de France en RDC, pour une suivre une formation de 5 semaines en Web Journalisme à l’école supérieure de journalisme de Lille. Ce qui m’a été bénéfique dans mon travail de retour à Kinshasa en août 2013.
Depuis 2015, je vis à Bruxelles où je suis correspondant des Dépêches de Brazzaville et journaliste Freelance pour Forbes Afrique. Je suis également blogueur invité sur le Huffington Post France.
Quel parcours impressionant! Recevez toutes nos félicitations. Comment est-ce que votre travail impacte-t-il sur la société actuelle ?
Je suis journaliste depuis 2004 et blogueur depuis 2014. Mon travail consiste à chercher l’information exacte, à la traiter et à la diffuser. Je fais en sorte de publier des informations utiles et pertinentes pour les lecteurs, de les éclairer sur des sujets d’actualité qui, parfois ne sont pas toujours faciles à comprendre, afin qu’ils se forgent leur propre opinion. J’essaie donc de faire en sorte de diffuser une actualité africaine qui permet aux lecteurs de réagir, de prendre partie, de débattre et de s’engager; de leur permettre d’approfondir toutes les facettes de cette actualité utile à la compréhension de l’évolution du contient.
Je diffuse une information prospective et je mets également en valeur les bonnes initiatives qui sont prises sur le continent. Je m’efforce donc de diffuser une information pratique et inspirante afin de permettre à ceux qui se l’approprient de contribuer, à leur manière, au développement du continent.
Quelles sont les 3 difficultés et les 3 avantages auxquels vous êtes confronté constamment et comment changez-vous la donne ?
Je ne parlerais pas de difficultés mais plutôt de challenges. Le monde d’aujourd’hui évolue à une vitesse incroyable et l’information n’est pas en reste. Avec l’émergence des réseaux sociaux, les journalistes et le public subissent la dictature du net. Le public est multi connecté. Il faut donc lui servir une information pertinente pour retenir son attention. Les consommateurs de l’information sont devenus très exigeants. Pour changer la donne, il faut se réinventer et s’adapter aux nouvelles exigences de diffusion et de consommation de l’information. Mais le journalisme comporte plusieurs avantages. Pour en citer trois : je m’informe moi-même tous les jours dans différents domaines et cela réduit les limites de mon ignorance ; je suis chaque fois en contact avec de nouvelles personnes, issues de milieux différents et cela me permet d’élargir le cercle de mes relations ; Mes articles me permettent également de me faire connaître auprès de beaucoup de personnes, même si cela est moins évident quand on est de la presse écrite. Néanmoins, je rencontre quelques personnes qui reconnaissent mon nom lorsque je me présente…
« Etre sérieux et discipliné dans le travail. Savoir respecter les délais. Ne pas chercher avant tout à gagner beaucoup d’argent directement. Il faut appliquer la politique des petits pas. Comme disait les romains « Festina lente » (Allez lentement pour arriver rapidement aux meilleurs résultats). Il faut également savoir construire une confiance en soi. Ne pas avoir peur des challenges. S’il faut échouer, que l’on échoue rapidement et qu’on se relève également rapidement pour avancer. Il ne faut pas se comparer aux autres car chacun a son destin…« – Patrick Ndungidi.
Qu’est-ce qui fait de vous, aujourd’hui, une figure incontournable du continent Africain ?
Je ne sais pas si je suis incontournable mais je pense que j’essaie d’être le plus professionnel possible dans mon travail. Car c’est le seul secret pour réussir dans n’importe quel domaine. J’ai parcouru un long chemin depuis mes débuts en journalisme mais le chemin qui reste à parcourir est encore deux fois plus long…
Si vous vous mettiez dans la peau d’un « Mentor », quel(s) conseil(s) prodigueriez-vous à ceux qui aimeraient suivre votre exemple ?
Etre sérieux et discipliné dans le travail. Savoir respecter les délais. Ne pas chercher avant tout à gagner beaucoup d’argent directement. Il faut appliquer la politique des petits pas. Comme disait les romains « Festina lente » (Allez lentement pour arriver rapidement aux meilleurs résultats). Il faut également savoir construire une confiance en soi. Ne pas avoir peur des challenges. S’il faut échouer, que l’on échoue rapidement et qu’on se relève également rapidement pour avancer. Il ne faut pas se comparer aux autres car chacun a son destin…
Qu’est-ce qui vous rend si fière d’être africain et pourquoi est-ce si important de valoriser cette culture ?
Je suis fier d’être africain parce que c’est le continent dans lequel je suis né. L’Afrique est également considérée comme le berceau de l’humanité. Il ne s’agit de valoriser la culture africaine comme si c’était un défi qu’on lançait à d’autres cultures.
Face à ce que l’on qualifie de mondialisation, nous devons juste pleinement préserver les valeurs culturelles africaines inculquées par nos parents, tout en restant ouverts aux autres.
Nous devons avoir une vision positive de l’Afrique et promouvoir les bonnes initiatives qui sont prises sur le continent. Aujourd’hui, tout le monde se tourne vers l’Afrique notamment les médias internationaux, les multinationales et les PME internationales, etc. Comme me disait quelqu’un que j’ai interviewé récemment, l’Afrique est l’avenir du monde mais il doit être avant tout l’avenir des africains.
Ce sont des repères importants que nous devons également léguer aux futures générations.
VENICIA GUINOT