Il a atteint une compétence et une habileté remarquable dans les domaines des lettres et de l’art qu’on pourrait lui envier. Naturellement pour ce professeur émérite qui a fait ses gammes dans les meilleures écoles où il s’est particulièrement distingué. Yoka Lye Mudaba, moi l’appelle Ya André, tout court. Mais à travers la ville, tout le monde le désigne par son titre le plus élevé « Professeur Yoka ».
Reconnaissance d’une érudition dont on s’empresserait de demander la recette. Ya André est un originaire de Kinshasa. Natif de la commune de Saint-Jean où habite le vieux Simaro Lutumba jusqu’à ce jour. On peut tout dire de son côté kinois, lui est fier de l’être. Il regrette que les arrivistes soient venus détruire sa belle ville, capitale de l’ancienne Léopoldville. Dans le monde culturel du pays, le Prof Yoka a touché à tout.
Moi personnellement, je l’ai connu lorsqu’il était directeur général du Théâtre national. Il m’avait été présenté par une amie, Anna Kayembe (Paix à son âme). Je garde un très bon souvenir de sa pièce « La secrétaire particulière » que j’ai beaucoup appréciée pour sa profondeur et le jeu des acteurs. Et surtout d’avoir assisté à sa première représentation à la salle du Parti, au stade du 24 Novembre.
Inoubliable ! Ya André, qui a fait des études greco-latines au Collège Albert 1er (actuel collège Boboto), est détenteur d’une licence en philosophie et lettres à l’Université Lovanium. Et comme si ce titre académique ne suffisait pas, il est allé faire un doctorat en lettres à Paris, à l’Université de Sorbonne.
De retour au pays, il travaillera tour à tour en qualité de secrétaire académique de l’Institut national des arts (INA) dont il est actuellement le Directeur Général.
Parallèlement à l’enseignement dans son institut et à l’Université de Kinshasa, bien qu’il aime bien établir la différence entre Lovanium et l’Université de Kinshasa, il s’adonne à son dada l’écriture. Plusieurs ouvrages et publications de presse son à mettre son actif. Il est préfacier de plusieurs ouvrages et l’on note qu’il a été directeur de Presses universitaires de l’ex-Zaïre et plusieurs fois directeur de cabinet au ministère de la Culture et des Arts. Le Prof Yoka a également mis ses compétences pour le compte du CICIBA et a accompli les tâches de recteur de l’Université Cardinal Malula.
Ya André, étant originaire de l’ex-Léopoldville, connait l’histoire de cette ville devenue Kinshasa qui l’a vu naître le 26 mars 1947. Tout petit, il ne manquait pas à la messe dominicale avant d’aller au stade Baudouin, actuel Tata Raphaël, et aux concerts de Bana Odemba, de Kallé Jeef, de Franco, ou Rochereau… qui ont bercé sa jeunesse. Il est le défenseur acharné de la rumba congolaise et se bat bec et ongles pour qu’elle soit reconnue comme patrimoine mondial au niveau de l’Unesco. Tout à fait entre nous, je lui en veux d’avoir organisé les 30 ans de l’INA sans m’avoir associé.
J’aime écouter l’orchestre de chambre qu’il a monté à l’INA. Avec toute ma considération mon Grand…
JEAN-PIERRE EALE IKABE