Considérée par tous les scientifiques comme le berceau de l’humanité, l’Afrique a la réputation d’être une terre de la Culture et des Arts. Malheureusement, un patrimoine réduit à l’« affaire Bikeko », pour paraphraser Masegabio Nzanzu, à l’époque commissaire d’Etat.
On en veut pour preuve le positionnement dans la structure gouvernementale. Le ministère de la Culture et des Arts fait partie des portefeuilles pauvres, généralement placés aux côtés du ministère de la Jeunesse et Sports ainsi que du ministère des Affaires sociales.
Pourtant, un Etat, un peuple, c’est d’abord sa culture. C’est-à-dire ce à quoi il rend un culte, entendez les valeurs que sa société cultive. Quant aux arts, ils en sont l’expression, les moyens de communication par excellence.
Que pour son mandat à la tête de l’Union africaine enclenché le samedi 6 février 2021, le Président Félix Tshisekedi se retrouve avec pour Thème « Arts, culture et patrimoine : leviers pour l’édification de l’Afrique », c’est un challenge pour la RDC, pays aux 9 Etats voisins, aux 250 langues partagées par 450 tribus.
Au centre du continent, avec ses dimensions sous-continentales (2.345.000 km2), membres à part entière de toutes les organisations sous-régionales, la République Démocratique du Congo a une dimension à laquelle on ne fait pas trop attention : toutes les races noires du monde et, bien entendu, toutes leurs coutumes ainsi que toutes les religions monothéistes judéo-chrétiennes (Jésus-Christ) et islamiques (Mahomet) s’y retrouvent.
Ex-colonnie belge, à l’instar de la plupart des Etats du continent, ce pays a une expérience avérée dans l’atteinte et la gestion de toutes les crises politiques, diplomatiques, sécuritaires, économiques, sociales, culturelles qui caractérisent le monde moderne.
C’est donc un pays-ressource ayant beaucoup à donner certes, mais aussi beaucoup à apprendre des autres.
54 ans après la dernière présidence tournante de l’Union africaine, le Congo-Kinshasa reprend pour l’exercice 2021-2022 la direction de l’organisation africaine, et encore avec ce thème qui lui va bien : « Arts, culture et patrimoine : leviers pour l’édification de l’Afrique ».
La question est de savoir où se trouve exactement et réellement cette Afrique-là !
On s’en doute : il s’agit de l’Afrique des peuples. Et encore de quels peuples ?
Il s’agit principalement – c’est un avis personnel – des peuples des frontières qui ont la particularité d’être des ethnies, des tribus, des familles élargies, voire des familles nucléaires qui vivent de part et d’autre d’une frontière commune, les unes étant dans le pays X, les autres le pays Z.
Ils ont en commun la même culture, les mêmes arts, le même patrimoine, bref le même esprit, la même conception des choses du monde. Ils ont la même perception du vivre-commun, du développement partagé.
C’est à ces peuples-là que le Président Félix Tshisekedi s’adresse lorsqu’il dit : « C’est dans cette optique et pour honorer la mémoire de tous les panafricanistes, j’entends entrer la thématique de ma présidence de l’Union africaine dans la vision ci-après : ‘une Union africaine au service des peuples’ » et renchérit : « Fort de ma vision d’une Union africaine au service des peuples africains, je me propose précisément de faire sortir notre organisation, avec votre concours à tous, des salles de conférences, des disques durs de nos ordinateurs et des dossiers bien ficelés de nos secrétariats », avant d’affirmer : « J’entends l’amener dans les cours des écoles, au milieu des camps de réfugiés, au cœur des marchés de nos villes et de champs de nos villages ».
Cette Afrique-là, on l’approche mieux avec ce qu’elle a de profond dans son âme : sa culture.
Reste à ceux qui veulent accompagner le nouveau Président en exercice de l’Union africaine dans cette approche de se mobiliser. Les leviers pour l’édification du continent noir ne sont nulle part ailleurs que dans la culture africaine.
Omer Nsongo die Lema
BALISES, LPDA 075 du 10 février 2021