Connu pour ses nombreuses observations et réflexions sur des sujets touchant au journalisme et à la communication, Botowamungu Kalome, familièrement appelé Bokal, s’était fendu dernièrement d’un propos critique sur la communication de la présidence. Petit problème, l’intéressé avait repris une rumeur fausse concernant le nouveau directeur de la communication et de la presse de la présidence de la République. Sur ce point et sur la nouvelle communication, Eventsrdc.cd a sollicité son avis sur la communication autour du voyage de Félix Tshisekedi à Doha.
Bokal : « Concernant la rumeur de 12 personnes recrutées par Eric Nyindu, j’ai agi avec beaucoup de légèreté en considérant que cette rumeur non démentie pendant une semaine se transformait, de fait, en réalité. Après une alerte d’une source fiable, j’ai ajouté le démenti au bas de mon post mais la connerie n’a pas disparu pour autant ».
« Quant au reportage sur le voyage de Félix Tshisekedi, le professionnalisme n’est toujours pas au rendez-vous : le fond est quelconque et sur la forme laisse la presse présidentielle n’arrive toujours pas à dépersonnaliser ses productions ni à distinguer la couverture de l’activité présidentielle d’une actualité people. Le choix des mots parfois redondants et des détails superflus ou qui tranchent avec la solennité nécessaire de ce genre d’actualité. J’ai relevé quelques éléments qui n’auraient pas dû se trouver dans ce reportage :
1. « Visite officielle de travail », d’abord cela laisserait entendre que le président effectue parfois des voyages officiels d’agrément. Même s’il va assister à une commémoration, cela reste une « visite officielle de travail » car cela fait partie de ses tâches et toute rencontre, à ce niveau poste de responsabilités, est une occasion de discussions, d’échanges concernant les relations entre les deux pays ou sur des sujets d’intérêt commun. Dire « visite officielle » aurait largement suffi.
2. Le journaliste a précisé l’heure d’atterrissage de l’avion présidentiel (20h56) : précision oiseuse, dire que le président est arrivé dans la soirée est la formule usuelle, adaptée car la précision à la minute près n’apporte aucune valeur informative car il ne s’agit pas d’annoncer l’arrivée d’un satellite sur Mars ou sur la lune.
3. Préciser que c’est le ministre des affaires étrangères qui est venu accueillir le président conduirait plutôt à laisser penser que, le Qatar n’a pas tenu à rehausser particulièrement le protocole en envoyant le numéro 2 ou 3 même 4 de son gouvernement. Ce n’était donc pas un détail à mettre en exergue quand on est rémunéré pour soigner l’image du président.
4. Y-avait-il nécessité de préciser l’hôtel où le président a été hébergé par le Qatar comme s’il s’agissait d’un club de foot ou d’une star du ndombolo ? On peut citer, préciser l’hôtel, si le fait d’y être logé traduisait un élément extraordinaire, un signe de haute considération ou s’il s’agissait d’un lieu chargé d’histoire. Bon, en même temps quand on sait que Félix Tshisekedi lui-même s’était extasié de ses conditions d’hébergement à Sotchi (Russie)…
5. « Visite de grande importance », le journaliste ne précise pas les éléments illustrant cette envolée lyrique à part annoncer de « grandes décisions » et de se contenter de citer vaguement des secteurs où des accords devraient être conclus.
6. Sur la forme, à la fin, le journaliste signe son reportage en donnant son nom et celui du preneur de vues. L’on se rend alors compte que les vieilles habitudes n’ont pas disparu : les membres du service de la presse présidentielle continuent de signer leurs productions en oubliant la différence qu’il y a entre un journaliste qui travaille pour la rédaction d’un média et un conseiller qui travaille dans une structure officielle où les productions écrites, audio ou vidéos sont impersonnelles et ne sont donc pas signées. Outre le fait d’être formatées pour les médias officiels, les productions des journalistes de la présidence en l’occurrence sont comme de la matière brute fournie aux médias classiques et doivent être conçues pour être passe-partout dans différents médias susceptibles d’être reprises intégralement ou en partie. Autant sa signature est contraire aux us du métier, autant l’apparition du conseiller de la présidence comme s’il était en train de faire un direct est une erreur professionnelle.
7. Outre la mission d’alimenter les supports de communication de la présidence, la presse présidentielle devrait se contenter d’alimenter la presse classique des éléments qu’elle souhaiterait voir être mis en exergue dans différents médias mais pas se substituer à ceux-ci ou en faisant le même travail la presse classique.
RÉDACTION