Le boxeur américain George Foreman, ancien champion du monde des poids lourds, est mort à l’âge de 76 ans, a annoncé sa famille vendredi. Il était tombé au 8e round face à Mohamed Ali lors du « combat du siècle » en 1974 à Kinshasa.
Lors du mythique « Rumble in the Jungle » (« baston dans la jungle ») du 30 octobre 1974 à Kinshasa, affrontement qui consacra la renaissance de Mohamed Ali alors âgé de 32 ans, George Foreman, de sept ans son cadet, joua le rôle du méchant. Et du perdant.
« Cela a anéanti ma vie, de haut en bas. Je n’arrivais même plus à dormir, je pensais que je n’étais même plus un homme », confiait-il encore très marqué bien des années après.

Dépossédé de ses titres mondiaux (WBC, WBA) des lourds, après avoir subi la première défaite et l’unique KO de sa carrière sur un ring, George Foreman fut aussi humilié en dehors par son adversaire, autoproclamé « africain » qui ne manquait pas une occasion de le moquer et l’injurier tout du long de la préparation au Zaïre.
Tant est si bien que cette nuit-là, Mohamed Ali bénéficia de la faveur quasi unanime des près de 100’000 spectateurs survoltés du Stade du 20-Mai, pour son engagement en faveur des Noirs et son charisme.
Son intelligence tactique et sa résistance surprenante ont fait le reste. Foreman s’est épuisé à l’asséner de coups dans les cinq premiers rounds, Ali, souvent dans les cordes, a su encaisser pour mieux revenir en force et terrasser son adversaire au 8e round.
Une enfance marquée par la pauvreté
Ainsi s’est arrêtée brutalement la première carrière du « bad boy » Foreman, né le 6 janvier 1949 dans une famille miséreuse.
Sa mère l’élève quasi seule dans le ghetto noir de Houston, au Texas. George n’a aucun contact avec son père biologique, un militaire, et devient vite une terreur de cour d’école.
Il n’échappe à la délinquance que grâce à un stage pour jeunes défavorisés qui lui fait rencontrer Doc Broadus, son premier coach, qui l’initie à la boxe à 15 ans.
La médaille d’or avant la vingtaine
Du haut de son mètre 91, Foreman, parfait inconnu, devient champion olympique à seulement 19 ans, en expédiant le Soviétique Jonas Cepulis en finale des Jeux olympiques de Mexico de 1968 en seulement deux rounds.
C’est en 1973 qu’il devient une première fois champion du monde des lourds, infligeant sa première défaite à Joe Frazier, pourtant tombeur d’Ali, au terme de deux rounds à sens unique. Avec sa garde éloignée, son allonge et surtout sa puissance inouïe de frappe, il envoie six fois son adversaire au tapis avant que l’arbitre n’arrête le combat.

C’est avec les mêmes ingrédients qu’il conserve son titre sans problème contre José Roman (KO au 1er round) et Ken Norton (au 2e round), l’autre tombeur d’Ali, avant… la chute à Kinshasa, dont il ne se remet pas.
Il multiplie les aventures avec des femmes — dont naîtront de nombreux enfants — et dispute encore quelques combats, jusqu’à une deuxième défaite, contre Jimmy Young, qui le persuade de raccrocher les gants et d’entrer en religion. Il n’a que 28 ans.
Comeback en 1987
L’argent finit par manquer. George Foreman, qui n’a plus combattu depuis dix ans, tente le pari fou de remonter sur le ring en 1987.
Celui qui est désormais surnommé « Big George » pour son embonpoint impressionne en remportant 24 combats consécutifs.
Il brigue une première fois le titre de champion du monde contre Evander Holyfield en avril 1991 et ne perd qu’aux points. Mais il est allé jusqu’au bout du combat, lui qui fut déchu à cause de son manque d’endurance. Même sort en juin 1993 contre Tommy Morrison.

Champion du monde à 45 ans
Le 5 novembre 1994 à Las Vegas, à 45 ans, il parachève enfin son comeback fou. D’une droite précise au 10e round, il envoie au tapis Michael Moorer, 20 ans après sa défaite contre Ali. Il portait le même short.
« Il y avait là un homme qui affrontait son passé. Il ne fuyait pas ses vieux démons, il les regardait les yeux dans les yeux. J’étais effrayé », racontera l’entraîneur de Michael Moorer, Teddy Atlas.
George Foreman avait conquis le titre de champion du monde en 1994, à l’âge de 45 ans, face à Michael Moorer.
Foreman devient alors le plus vieux boxeur champion du monde poids lourds. Il défend même sa ceinture IBF avec succès contre Axel Schulz, avant d’arrêter définitivement fin 1997, à 48 ans.
Sa troisième carrière sera celle d’un homme d’affaires ayant fait fructifier son image en l’associant à des marques, notamment de grill, qui lui ont rapporté plus que toute sa carrière de boxeur.
AVEC AFP