Plus de 60 ans depuis son existence, le cinéma rd-congolais peine toujours à trouver le bout du tunnel. L’épopée des années 80 auréolée des classiques notamment des réalisateurs de renom comme Ngangura Mwenze dans « La vie est belle », redonne pourtant une lueur d’espoir au cinéma du pays à pouvoir décoller.
En dépit d’une volonté grandissante des jeunes cinéastes à amener le cinéma rd-congolais sur le devant de la scène, le gouvernement reste, cependant, impassible. Le manque de subvention par ce dernier dans la production locale demeure le véritable talon d’Achille au développement du cinéma rd-congolais.
Ne consacrant qu’un simple résidu de son budget dans le secteur culturel, le gouvernement rd-congolais manque au surplus, une véritable politique dans ce secteur prisé. Aujourd’hui, producteurs comme réalisateurs du pays se sentent abandonnés par l’État et se tournent désormais vers le Fonds de Promotion Culturelle qui est un service public chargé de subventionner leurs activités et qui existe depuis 2011, et surtout, vers les centres culturels étrangers opérant en République Démocratique du Congo ou encore vers l’Organisation internationale de la Francophonie et d’autres structures indépendantes.
Producteur et réalisateur, Tshoper Kabambi estime que ce manque de subvention par le gouvernement rd-congolais s’explique de prime abord par l’instabilité politique. D’où, les élites se concentrent beaucoup plus sur les problèmes socio-économiques et politiques que sur des questions culturelles. Le manque de pression à priori de la part des cinéastes rd-congolais à l’égard des autorités demeure également un casse-tête.
« Nous essayons de multiplier des efforts pour pouvoir les réveiller. C’est plus efficace que des plaidoiries. Il y a eu des associations avant notre génération qui ont mené des plaidoiries, mais cela reste lettres mortes. Notre génération, nous sommes persuadés que c’est en posant des actes que nous pouvons les réveiller. Il faut que nous produisions beaucoup plus pour les convaincre », a déclaré Tshoper Kabambi dans une interview accordée à Eventsrdc.com
Par ailleurs, le directeur du festival international du cinéma de Kinshasa – FICKIN – appelle le gouvernement à investir notamment dans la formation, la production ainsi que dans la distribution afin que le cinéma du pays connaisse une ascension.
Réagissant à cette problématique en tant qu’ancien conseiller des ministres de la Culture et des Arts, et consultant des questions culturelles, le célèbre chanteur rd-congolais Blaise Bula Monga a exprimé son désarroi face aux réalisations telles qu’allouées par le ministère de la Culture sortant, qui sont dit-il, à moins de 2 milliards FC de prévision budgétaire ; insignifiant pour donner du baume au cœur.
Reconnaissant les efforts consentis par le Fonds de promotion culturelle, Blaise Bula estime tout de même qu’il n’y a pas assez de résultats probants dans la subvention des artistes et des opérateurs culturels. Très peu pour pallier aux insuffisances de Kinshasa et de la République Démocratique du Congo.
Une aubaine pour ce technocrate rd-congolais d’interpeller le gouvernement à mettre en place une politique culturelle idoine pour aider le cinéma rd-congolais à se tirer d’affaires. « Le grand souci c’est l’argent. Vous pouvez avoir de bonnes idées, mais s’il n’y a pas des financements, c’est mal. Nous nous intéressons à tout ce qui se passe à l’Est du pays. Beaucoup de cinéastes au niveau de Goma bénéficient des subventions des ONG étrangères », a confié le chanteur à notre rédaction.
NDLR : Notons que nos efforts pour avoir également l’intervention du ministre de la culture face à cette problématique, ont été vains. A chaque fois que nous nous sommes pointés dans son cabinet pour solliciter une audience, Jean-Marie Lokundji était absent, selon la réceptionniste. Lorsque nous nous sommes adressés à l’un de ses conseillers, ce dernier estime que cette question ne relève pas de sa compétence.
Aujourd’hui, le cinéma rd-congolais a besoin de retrouver de l’adrénaline. D’où, l’accompagnement du gouvernement rd-congolais dans la production locale s’avère impérative. L’essor du cinéma rd-congolais ne dépend pas que des simples idées novatrices, mais surtout des moyens considérables, et des textes légaux qui régissent et protègent tous les professionnels et les intervenants dans ce sous-secteur culturel. L’ouverture à des projets jumelés ou à des maisons de production cinématographiques étrangères boostera également ce 7ème art et créera des emplois.
CHADRACK MPERENG