Le métier de danseuse en République Démocratique du Congo reste un véritable calvaire dans la sphère culturelle. Les réalités sont terribles et provoquent douleur et affliction.
Dans le souci de subvenir à leurs besoins, plusieurs danseuses rd-congolaises préfèrent éclore leurs talents en rejoignant différents orchestres de la rumba du pays. Un rêve d’enfants qui leur donne une opportunité à croire en leurs capacités. Malheureusement, elles paient le plus lourd tribut de leur détermination parce qu’exploitées malicieusement par les patrons et autres membres influents d’orchestres.
Martyrisées, désenchantées, les danseuses rd-congolaises sont victimes de leur silence. Le joug du sacrifice continue de peser sur leurs têtes et ne savent plus à quel saint se vouer.
Exposer son corps devant son public est devenu malheureusement le refrain de chaque danseuse obligée à se plier aux exigences des patrons d’orchestres par peur d’être tout simplement remerciée. Une épée de Damoclès qui malencontreusement est palpable et va à l’encontre des principes humains (droits humains).
Le sexe, le prix à payer pour monter sur scène
Certaines danseuses rd-congolaises sont prises en otage par les patrons d’orchestres. Exposition de leurs corps, manque de contrats, paiement intermittent… les préjudices causés sont légion alors que les patrons d’orchestres s’enrichissent. En outre, le sexe est le passage obligé de chaque danseuse pour avoir une aura et être vénérée par son employeur.
Ex-danseuse de Koffi Olomide, Divine Champagne a fait quelques témoignages déchirants dans la chaîne YouTube 1j4 kdance TV sur son passage au sein du Quartier Latin. Face à toutes ces souffrances subies, elle a décidé de vider son sac en talant deux de ses anciens patrons et en louant un.
« Le métier de danseuse n’a rien ajouté dans ma vie. Je n’ai pas bénéficié de ça. Je percevais 100$ au sein de Quartier latin mais par intermittence. J’ai une famille pauvre, je croyais en arrivant au Quartier latin, je pouvais avoir la possibilité de subvenir à mes besoins et aider ma famille. Être danseuse en RDC ne paie pas. Tout l’argent qui entre ce sont nos partons d’orchestres qui en profitent, nous on nous exposent en étant à moitié nu pour des fins commerciales. À part danser, nous étions obligés de coucher avec notre patron pour être à l’abri et être reconnues […] Quand j’avais vu que les 100 $ n’étaient pas suffisants au Quartier latin, j’ai dû quitter pour intégrer l’orchestre d’Adolphe Dominguez. Là-bas encore c’est la même chanson. Il fallait absolument donner son corps. Tous les patrons d’orchestres congolais sont pareils ne soyez pas trompés. Tous couchent avec nous les danseuses. Si tu résistes, tu ne seras pas aimée par ton patron. Même pour danser dans un clip ou monter dans un avion, il y avait un prix à payer. Jamais une danseuse critique son chef en étant dans son orchestre parce qu’on est prise en otage. Ils sont indésirables. Ils nous font souffrir », s’est confiée Divine Champagne à Mathieu Bonche.
Les patrons d’orchestres, auteurs de dépravation de mœurs ?
Les révélations troublantes de l’ex-danseuse de Koffi Olomidé, d’Adolphe Dominguez et du King Kester Emeneya, Divine Champagne sonnent comme un boulet de canon à la préservation des bonnes mœurs.
Pourquoi aurait-elle demeuré dans le silence depuis toutes ces années ? Affligeant. Célébrité ne signifie pas intouchable.
Beaucoup accusent et accuseraient les patrons d’orchestres de participer activement à la dépravation des mœurs. Pour quelles fins ? Eux seuls savent la pure vérité.
Une situation déplorable qui malheureusement semble prendre de l’envol. Les patrons d’orchestres, en leaders d’opinion, doivent plutôt éduquer la population et éviter de tomber dans des scandales qui ternissent leur image.
Cependant, certains leaders ne s’illustreraient pas dans cette pratique anti-professionnelle et que certaines danseuses s’habillent parfois à moitié nue depuis leurs domiciles pour se faire remarquer ou se faire passer pour des stars. « Lors de nos concerts, elles s’habillent bien que lorsqu’elles sont chez elles », a dit le chanteur rd-congolais Héritier Watanabe au cours d’une interview.
Danseuses et droits d’auteurs ou droits voisins
De la Sonéca à la Socoda, les danseuses sont oubliées. Leurs créations et/ou leurs prestations ne sont pas prises en compte. Elles ne servent que leurs présidents.
Après entretien avec plusieurs agents de la Socoda et de l’ex. Sonéca, ils ne reconnaissent pas d’avoir vu une rubrique sur les danseuses lors des répartitions des droits. « J’ai dix ans dans ce travail. En aucun jour, je n’ai vu ni entendu qu’une danseuse est venue ici à la Socoda pour s’informer et s’enregistrer pour sa sécurité professionnelle. Même de manière accidentelle, je n’ai pas encore vu nos responsables parlés des droits de danseuses. En ce 21ème siècle, c’est inhumain de par et d’autre. Il faudrait que les choses changent », nous a confié un agent de la Socoda dans l’anonymat.
La sécurité sociale après leurs carrières est donc une illusion. Les danseuses rd-congolaises sont donc comparables aux vaches à lait. Elles sont exploitées au vu et au su des autorités rd-congolaises. Elles évoluent donc dans une prostitution masquée et se ressaisissent difficilement soit par un célibat endurci soit par un mariage en Europe soit par les affaires.
Qui pour sauver ce métier ? À l’Administration des droits d’auteurs au Congo, le secrétaire général Glody Muabila nous signale qu’ensemble avec l’union européenne, un programme est mis en place pour statuer sur les droits d’auteurs et droits voisins dans les milieux d’artistes féminins. Des sessions de formation sont donc prévues partout en République Démocratique du Congo et qu’en 2022, elles seront exécutées. Nous espérons que ce programme sera donc salutaire pour cette catégorie d’artistes.
Que deviennent-elles après cette « vie professionnelle » teintée de plusieurs réalités désastreuses ? Notre rédaction s’attelle encore sur ce sujet.
DANNY KABANGA
CHADRACK MPERENG