Elle est parmi les rares DJs africaines qui sillonnent le monde. DJ Natalia la Tropikal est française hispano-vietnamienne et passe ces journées entre les platines et les mixeurs. Deux ans déjà depuis qu’elle mixe les sons latino à Hit Radio, au Maroc. Sa tranche s’appelle Lady’s Night Dancefloor. Et ces propres compilations sont « Pasion Latina » et « House Latino ».
Pourquoi l’on vous appelle DJ Natalia La Tropikal ?
Lorsque je suis revenue de Madrid à Paris, j’avais fait mes armes de DJs dans les clubs madrilènes, et à l’époque, les DJs n’étaient pas encore au devant de la scène. Je n’avais pas le nom de DJ et lors d’une réunion à la Radio Nova à Paris, l’un des participants m’avait surnommé ainsi. Le nom est donc resté depuis.
Quand et comment, avez-vous commencé à mixer en tant que DJ ?
J’ai commencé derrière les platines à Madrid, en 1989. C’était par hasard. Car, le DJ titulaire d’une discothèque Latino n’était pas venu ce soir-là et les boss m’ont appelée pour savoir si je pourrais les dépanner pour la soirée. J’y suis allée et c’est comme ça que j’ai commencé à officier aux platines et à l’époque, il n’y avait peu ou pas des femmes DJs.
Qu’est-ce qui vous a permis de mixer la musique latino ?
En 1988, j’avais un programme de musique latine sur Radio Latina, à Paris, pendant lequel je passais des titres cubains, portoricains et colombiens, et j’y donnais des infos concernant les titres, ou des anecdotes… C’est là que j’eu le goût de cette belle musique.
Quels sont vos modèles en tant que DJ ?
Je n’ai pas eu vraiment des « modèles de DJ ». J’ai fait mes armes seule. J’ai toujours recherché mes titres moi même jusqu’à ce jour, lors de mes péripéties en Amérique Latine et maintenant sur Internet. Présentement, il y a bien entendu en musique électronique des DJs producteurs que j’affectionne plus que d’autres bien-sûr.
Vos relations avec des DJ’s femmes ?
Je côtoie la personne qui exerce bien son boulot, -Hommes ou Femmes, bien entendu. Je prêche pour la solidarité entre femmes DJs. De manière générale, le parcours y est plus difficile que pour un homme.
Comment débutez-vous vos spectacles ?
Je ne prévois jamais à l’avance ce que je vais mettre. Je m’inspire de l’endroit, de son ambiance et de son public. Je ne commence jamais avec les mêmes titres. J’avoue que commencer avec un petit « son cubano » me met en jambe pour le reste de la soirée.
Selon vous, qu’est-ce qui a plus de valeur dans la musique Latino ?
Les paroles et les rythmes se complètent. L’un ne va pas sans l’autre. Par exemple, dans la Salsa lorsque le titre est rythmiquement riche les paroles sont généralement très riches aussi.
Pensez-vous qu’avec l’évolution technologique, il est encore nécessaire d’avoir de la technique pour devenir DJ ?
En ce qui concerne plus particulièrement la musique électro, la technique est évidemment importante. Pour moi, l’essentiel est d’avoir une bonne programmation et une très bonne culture musicale. Je peux deviner en 15 minutes si le DJ aux platines a une bonne culture musicale ou pas.
Combien de compilations avez-vous dans votre actif ?
A mon actif, j’ai réalisées deux compilations qui ont pour titres « Pasion Latina » et « House Latino » que j’ai mixé sur vinyles. J’aime la musique électro, surtout avec des lignes de percussions et instrumentales. J’ai commencé à me tourner vers la musique électro Afro-Latino au moment où tout le monde a commencé à exploiter la Salsa n’importe comment. Elle est devenue une mode dans le monde. Mais pour moi, c’est d’abord une culture et l’identité même de la communauté latino. La Salsa est avant tout une musique populaire, et non une musique élitiste.
A la base, elle dansait dans les quartiers populaires à Cuba, à Porto-Rico, en Colombie, au Venezuela, à New-York… Et non, dans les hôtels de luxe comme on le voit aujourd’hui, depuis qu’elle est devenue une mode.
C’est quoi votre secret pour accrocher et emballer le public ?
Mon point fort est que je suis à l’écoute du public sur le Danceflloor. J’ai une bonne psychologie et je vais dans le sens de leurs attentes tout en jouant la carte de la découverte. Je me mets aussi à la place des gens qui viennent m’écouter. Pour moi, c’est toujours un échange avec le public. Je ne mixe pas pour moi-même ou pour flatter mon égo. Je mixe pour un public que je dois à tout prix satisfaire. Mon autre point fort c’est ma culture et ma sélection musicale. Il faut que ça groove et il faut attirer l’attention du dancefloor.
Comment arrivez-vous à concilier le métier de DJ et votre émission à la radio ?
Sur Hit Radio au Maroc, j’y fais un mix Afro/Latin House hebdomadaire. Cette fois-ci, au micro, je ne parle pas. Je passe beaucoup de temps à la recherche des titres. Si vous voudrais vraiment être efficace, le métier de DJ est un métier à temps plein. Entre préparation de soirées et mix pour la radio, la recherche musicale, l’écoute et la sélection des titres, le rangement de ma discothèque, les RV pour soirées… Bref, j’y passe la plupart de mon temps et heureusement que j’aime ça ! (sourires) !
Comment s’appelle votre émission sur Hit Radio ?
Sur Hit Radio au Maroc, je n’y fais pas de l’animation, mais un mix chaque lundi de 1h du matin à 2h pour le Lady’s Night Dancefloor. Ma radio est la plus écoutée du pays.
Votre palette musicale rassemble quels styles musicaux ?
Ma palette musicale est vaste. Elle peut aller du plus traditionnel au plus électro en passant par toutes les époques et pays, -de Cuba à New-York (Etats-Unis d’Amérique), en passant par le Brésil, le Porto- Rico, la Colombie, la République Dominicaine, l’Haïti, l’Afrique etc. On va dire que je réponds à l’appel des tambours !! (Sourires).
Dans quels prestigieux festivals, avez-vous déjà mixé ?
J’ai mixé dans de nombreux festivals et événements, je cite Tempo Latino en France, Festival Yemaya à Toulouse (pas sûr qu’il existe encore), Euro-Disney (il n’existe plus, mais il drainait de milliers de personnes), au tout 1er Congrès de Salsa à San Juan de Porto-Rico et d’autres endroits que j’oublie sûrement.
Avez-vous déjà mixé dans certains pays d’Afrique ?
Je n’y suis pas encore allée. Sinon, mixer en Afrique est un grand souhait de ma part et ça serait aussi un grand défi de pouvoir me produire devant un public africain. Les racines des musiques latines sont africaines et je serai très honorée de pouvoir partager quelques évènements avec un public africain. Ce serait vraiment un très grand jour pour moi !
Et si l’on vous proposer de venir animer un show à Kinshasa, en République Démocratique du Congo. Quelles seront vos conditions ?
Tout dépend de l’événement en question. Mes conditions en messagerie privée (lol). Ceux qui veulent me produire peuvent passer par votre site.
YVES DIBOKO