EGCM : Les avis de quelques participants sur la refondation de l’écosystème médiatique et communicationnel rd-congolais

Les états généraux de la communication et médias ont tiré leurs rideaux le samedi 29 janvier à Kinshasa. Soucieux de voir l’écosystème médiatique rd-congolais se développer, les professionnels des médias, repartis en trois commissions, à savoir la commission de politique nationale de la communication et de réflexion sur la mise en place du conseil national de la presse, la commission viabilité des médias et la commission des textes, ont formulé des recommandations et ambitionnent désormais leur adoption. De la liberté de la presse à l’économie des médias en passant par l’adaptation numérique du secteur, les défis s’avèrent ostensiblement colossaux même s’il n’est pas trop tard pour redresser la barre.

Les états généraux de la communication et des médias qui ont été un cadre de réflexion et d’interrogation, a, en outre, répondu à moult besoins du secteur. Après le stade des présentations des recommandations des différentes commissions, l’étape subséquente de leur adoption s’avère désormais impérative pour les participants à ces travaux significatifs et historiques après plus de deux décennies.

« Le président de la République est venu à l’ouverture relever les points qui nous préoccupent tous. D’abord, notre métier nécessite un bon nettoyage parce qu’il y a beaucoup de moutons noirs, beaucoup d’improvisation… Mais aussi, il nous a donné un certain nombre d’indication sur ce qui doit être la presse République, pas la presse au service d’un pouvoir, mais une presse qui doit travailler pour la grande RDC. Et donc, nous avons pris ces remarques à cœur et vous verrez que dans les paradigmes installés maintenant, sous le leadership de notre ministre Patrick Muyaya, nous allons donner les lettres de noblesse à notre presse qui en a tant besoin (…) Nous allons nous impliquer pour que les résolutions qui seront arrêtées ici, s’appliquent. Parmi les deux résolutions majeures, ce sera le renforcement de l’accès au métier de journaliste. Deuxièmement, nous allons renforcer la discipline« , a soulevé Jean-Marie Kasamba – vice-président du comité d’organisation des travaux et président de la commission de politique nationale de la communication et de réflexion sur la mise en place du conseil national de la presse.

Jean-Marie Kassamba -Président de L’UNPC Kinshasa

La viabilité des médias s’impose

Minée par le manque de subvention de l’État, la presse rd-congolaise continue à faire grise mine économiquement. D’où, celle-ci doit être viable pour notamment préserver le secteur, aujourd’hui envahi dans la distribution étrangère. Des recommandations émises par la commission de viabilité des médias pour relever la presse rd-congolaise. Participante à cet atelier, Rose Lukano – présidente du conseil de gérance de la radio télévision Mwangaza de Lubumbashi espère que ces assises permettront de trouver des pistes de solution pour permettre aux médias rd-congolais d’être viables.

« Aujourd’hui, l’audiovisuel privé est en perte de vitesse. Il y a 16 ans quand nous nous sommes lancés dans cette aventure. C’est une aventure parce que il faut avoir beaucoup de courage pour qu’individuellement, on se lance dans ce monde-là. C’était au lendemain du congrès de la presse où on s’est dit qu’on avait toute l’expertise pour pouvoir lancer nos propres programmes qui répondent à la mission noble qui est la nôtre, informer, former et divertir. Malheureusement, au fil des années, c’est devenu difficile dans un environnement qui est aujourd’hui plus fréquenté par les non-professionnels et notamment les politiques qui viennent avec des motivations autres et des agendas également autres et si nous ne faisons pas attention nous allons disparaître« , regrette Rose Lukano.

Rose Lukano -PDG de Radio Télé Mwangaza. Ph.Dr.Tiers

« Aujourd’hui, nous sommes face à un problème fiscal. On parle de la viabilité économique des médias, or vous savez bien qu’un média privé en l’occurrence le nôtre, ne peut pas fonctionner si il n’est pas financièrement fort. Nous attendons l’appui du gouvernement et nous sommes là pour discuter sur ça. Je crois que les officiels et les privés, nous allons trouver des pistes des solutions sur ce qui doit se faire et ce qui ne doit pas se faire. Aussi, nous avons ce souci de préserver notre secteur, parce que quand vous regardez au-delà de nous congolais, ce sont les étrangers maintenant, des groupes des médias étrangers notamment dans la télédistribution qui nous envahissent« , explique-t-elle.

Directeur général du média Actualite.cd, Patient Ligodi, participant à la commission viabilité des médias a démontré la nécessité d’appliquer les recommandations présentées en plénière par les 3 commissions. Cet expert du sillage médiatique a expliqué les conditions de création des médias face au problème criant de pullulation dans le secteur.

« Les conditions de création des médias. Cela dépend selon que vous êtes une radio, une télé, la presse écrite ou encore un média digital. Vous êtes une entité économique, vous êtes entité communautaire, selon que vous vous situez. Si vous êtes une entité commerciale, vous irez au niveau du guichet unique pour ouvrir votre entreprise et là, on vous posera la question si vous êtes un établissement ou une SARL. En fonction de ça, il y a une série des critères à proposer. Ensuite, vous devez aller au niveau du ministère de la communication et médias, il y a des frais qui sont exigés, en suite vous avez également le CSAC qui vous exige un avis conforme. C’est vraiment un parcours pour arriver à ouvrir un média« , explique-t-il.

Patient Ligodi -DG d’Actualite.cd

Renforcement de l’accès au métier et discipline pour arriver à la dépénalisation

Comme les deux autres commissions, la commission des textes a également fait quelques recommandations. Professionnel des médias et participant à cette commission, Bienvenu-Marie Bakumanya a expliqué noir sur blanc des innovations qui y ont été proposées.

« Trois innovations essentielles ont été proposées à savoir : le renforcement de l’accès à la profession, le renforcement à la commission discipline, et le moratoire sur la détention et les arrestations des journalistes. Cela nous prépare à la dépénalisation comme ça été dit par le ministre et le chef de l’État« , explique-t-il.

Bienvenu-Marie Bakumanya -journaliste à l’Agence française de presse. Ph.Dr.Tiers

Clôturés ce samedi 29 janvier 2022 à la salle Kemesha à Kinshasa Gombe par un dîner autour du président rd-congolais Félix Tshisekedi, les participants et l’opinion qui a suivi ces assises, souhaitent à travers les réseaux sociaux, a un changement graduel et effectif, dans ce secteur où quotidiennement, n’importe qui s’improvise professionnel de médias et/ou de la communication.

CHADRACK MPERENG

 

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