Chanteur et auteur-compositeur rd-congolais, Blaise Bula Monga n’est plus un artiste à présenter dans l’histoire de la musique congolaise moderne. 2ème voix velours, il a réussi à s’imposer grâce à ses œuvres nobles qui ont marqué et contribué à l’essor du Clan Wenge. Grâce à ses études d’ingénieur électronicien, ingénieur Selebu est, incontestablement, considéré comme étant un musicien intelligent et respectueux dans sa génération. A peine 50 ans d’âge, l’artiste s’apprête déjà à lancer son nouveau disque intitulé « Rendekita », sur le marché. En direct de Paris, le leader du groupe « Pondération 8 » a révélé au journal kinois La Prospérité, quelques surprises de cette œuvre dont les featuring réalisés avec d’autres collègues musiciens congolais, en Europe. Découvrez Blaise Bula, à travers cette interview exclusive.
1997-2017, il y a 20 ans que vous aviez annoncé l’arrivée de votre album intitulé « Rendekita » dont le message porte sur l’avenir de l’homme qui se prépare dans le présent et non dans le futur. Où en sommes-nous concrètement avec cette œuvre tant attendue ?
Je m’étais improvisé en producteur. J’ai tenté une fois de produire moi-même mon 2èmealbum « Balia Ngando » en Europe, mais je m’étais cassé la gueule. Ça n’a pas vraiment tenu. Parce que je ne suis pas un commerçant. Plutôt un artiste avec un grand A. J’ai voulu encore tenter la même expérience avec « Rendekita », mais je me suis encore essoufflé. D’où, je me suis rendu compte qu’il serait mieux de trouver un bon producteur qui s’y connait en la matière pour nous aider. Dieu merci ! Car, je viens de signer un contrat pour deux albums avec une grosse boite de l’Europe basée aux Etats-Unis avec des filiales au Portugal et à Kinshasa. Ce contrat, bien défini, me donne l’assurance de sortir d’abord « Rendekita » et l’autre album viendra après. Que le public retienne que l’album est presque fini. Il ne reste qu’à faire les dernières touches. Donc, le mixage et l’impression des affiches. Et après, le producteur va annoncer la date de la sortie et préparer la présentation officielle à la presse au niveau de Kinshasa.
En quoi votre nouvel album sera-t-il différent des autres qui sont passés ?
Déjà, je l’ai réalisé avec le concours de mes nouveaux musiciens recrutés à Kinshasa. J’ai fait aussi appel à d’autres collègues artistes talentueux et expérimentés, comme Alain Makaba, Gemerose et MJ30. Sans oublier, Willy Bula, mon jeune frère. MJ 30 et Willy Bula sont deux exposants majeurs qui vont marquer les esprits dans cet album. Des textes de chansons à la guitare en passant par la voix, je crois que les mélomanes ne seront pas trop surpris. Ils vont se retrouver à travers mon identité musicale. Le public va sentir que j’ai gardé mon idéologie YB² (Yemba, beta, bina nde). On comprendra que Blaise Bula reste égal à lui-même avec la bonne musique.
A quant alors la sortie sur le marché ?
Bientôt la sortie de « Rendekita » dont je vous ai annoncé il y a 20 ans. Je le prépare minutieusement. Je suis à Paris pour y mettre les derniers ingrédients. On est en plein tournage de clips vidéo de chansons qui constituent l’album. Vraiment, la sauce est quasiment prête pour la table. Je demande seulement un peu de patience au public de la bonne musique. D’ici peu, « Rendekita » na pointe.
Comment réagissez-vous lorsque certaines langues disent que vous regrettez votre départ au comité de gestion de la SOCODA?
Nous nous sommes donnés corps et esprits pour matérialiser la volonté politique du Chef de l’Etat qui avait signé l’Ordonnance présidentielle portant création de la SOCODA. Non, seulement, il y a eu cette volonté politique mais aussi nous avons bénéficié d’un financement de l’Etat pour l’installation de la société au début. Et à notre époque moi, étant Vice-président et Jacques Mondonga comme PCA, on avait donné l’impulsion et un coup de pouce pour redorer l’image de la chose, en dotant un bel siège social ainsi que des bureaux confortables. Surtout en faisant très bien la vulgarisation des services de la Société. Vous étiez témoin de voir comment les artistes ont compris et vu l’intérêt de droit d’auteur. Malheureusement, vous avez vu la suite. Très compliqué ! On a toujours en nous au Congo cet esprit de : ôtes-toi que je m’y mette. Que faire ?
Quel a été votre apport à la SOCODA ?
J’ai été parmi les premiers artistes qui ont cru en cette nouvelle Société des droits d’auteur. Raison pour laquelle, j’avais investi aussi mon argent personnel pour que je sois accepté comme administratif. C’était bien avant que l’Etat nous octroie les frais d’installation via le Ministère de la culture. Et lorsque j’ai récupéré ma part dans les frais que l’Etat nous a donnés, conformément au document signé entre sociétaires, je suis devenu mauvais pour certains. Nous sommes allés même devant le PGR qui m’avait entendu et je me suis défendu valablement sans être condamné.
Peut-on toujours faire confiance à la SOCODA après vous ?
Si on n’avances pas, on stagne, dit-on. J’ai l’impression comme si les choses n’évoluent pas par rapport à ce que nous avons laissé à la SOCODA. Je ne parle pas d’une faillite mais simplement je constate que l’actuel comité de gestion n’a rien fait de nouveau. Je ne suis pas le seul à le dire. Vous pouvez faire balader votre micro dans la rue et vous aurez la même réaction. Je ne dis pas que la SOCODA recule, mais stagne ! Pas de progrès, pas de création. Il faudra que les artistes en général ouvrent grandement leurs yeux sur la gestion de cette société qui leur appartient.
Avez-vous un message à adresser aux autorités du pays ?
Le développement d’une nation dépend de la volonté politique de ses dirigeants. Ils doivent être conscients que notre développement doit refléter notre culture. Tout est culture. Notre façon de dialoguer en politique, de manger, de s’habiller, de marcher est culturel…qu’ils le sachent. Sous d’autres cieux la culture est un potentiel et une ressource inépuisable. Au Congo, on doit la considérer comme matière première qui peut fait générer beaucoup de divises dans le Trésor public. Nous, étant experts et praticiens de la culture, nous avons beaucoup d’idées pour faire avancer les choses. Il suffit seulement que les dirigeants nous prêtent attention pour booster autrement le secteur au profit des artistes et du pays. Voilà !
JORDACHE DIALA (LA PROSPERITE)