Si le groupe Kassav a influencé le monde de la musique des années 80, il a aussi bougé la mode par son style, ni tout à fait européen (beaucoup plus libéré des codes vestimentaires), ni tout à fait africain (ignorant de la sape des stars congolaises de l’époque ou de la simplicité tiré à 4 épingles d’une Sade, par exemple), ni tout à fait américain (plus coloré et sans clivages).
Les membres du groupe portaient leur propre histoire et une identité créole ni cool, ni rock, ni Bon Chic Bon Genre (BCBG); tendances à l’époque; mais un métissage de ces styles!
Cheveux courts et naturels, tirés en arrière, Jocelyne Béroard, la chanteuse, portait de grandes boucles d’oreilles et accumulait les bracelets, sans paraître trop apprêtée même avec un foulard posé sur une épaule.Les Kassav mélangeaient jeans, t-shirts ou tenues classiques avec des accessoires africains, créant un nouveau cool. » ce sont les mots que j’ai échangés avec le journaliste Moise Glodiem pour parler du style vestimentaire du groupe, pour un article qu’il écrivait sur leur parcours.
Ils étaient nouveaux, à la limite dérangeant, car hors des codes du bon goût. Je ne sais pas si leurs millions de fans voulaient s’habiller comme les Kassav, parce que leur look était trop personnel, ressemblant à tout le monde sans ressembler à personne.
Des tas de femmes, congolaises notamment, reprenaient le foulard posé sur l’épaule « à la Jocelyne Béroard » mais sur des vestes à épaulettes, car elles étaient toujours très apprêtées.
L’autre star du groupe Jacob Desvarieux, et ses célèbres salopettes faisait trop artiste pour beaucoup.
Il y avait toujours ce détail à copier, le reste leur étant appartenant. Ce vestiaire métissé, n’a jamais viré à la caricature du vestiaire créole, comme a pu en jouer le groupe « La Compagnie Créole », (on les opposaient souvent)… Ils ne copiaient pas non plus le style de stars américaines ou métropolitaines, leur style s’assume, démontrant, autant que leur musique, ce qui les construits.
Ils incarnent un vent nouveau; c’est l’époque où l’exotisme sort, sur les podiums de certains jeunes créateur, tel Jean Paul Gaultier ou Kenzo Mode de la caricature pour proposer quelque chose de plus réel et assumé par ceux qui inspirent.
ROSY SAMBWA
