L’imaginaire populaire a-t-il finalement eu raison de la résilience ? Le simple prétexte de voir Félix Wazekwa livrer un concert au stade des Martyrs devant un public clairsemé peut étayer cette hypothèse. Mais dans le fait, encore faudrait-il rappeler que remplir cette arène de 80.000 places n’était guère l’ultime objectif du Monstre d’amour et que seul le spectacle devait être la norme.
Les portes du stade des Martyrs pour le concert de Félix Wazekwa s’ouvrent à 11 heures. Le ciel est dégagé, pas d’engouement mais tiédeur populaire. Les quelques rares “Cultivés”, à l’image de leur modèle, gardent cependant leur optimisme malgré un vent de timidité ostensible. Pas besoin de s’aligner en rang d’oignons pour accéder au stade. Des questions tauradent les esprits au fil des heures sur le difficile exercice de livrer un concert au stade des Martyrs. Pour certains, c’était si courageux de la part du chanteur sexagénaire d’oser mais périlleux vu l’immensité du lieu. Pour d’autres, la journée du 12 août fera date pour l’amour du spectacle.
Dans la suite du maigre public qui débarque graduellement au stade des Martyrs, un sapeur kinois vêtu d’un blouson noir, melon vissé sur la tête tenant son ombrelle, est venu voir la démonstration spectaculaire qu’offriront Félix Wazekwa et son Cultur’A Pays Vie. « L’important pour lui n’est pas de remplir, nous sommes venus voir le spectacle », a-t-il lâché.
Dans l’égrenèment de l’histoire des artistes qui ont presté à l’ex-Kamanyola, la plupart ont réussi ce qu’on peut appeler un “pari générationnel”. Jouer et remplir le stade des Martyrs pour beaucoup c’est la règle. Pour sa part, Félix Wazekwa a préféré de changer de méthode. S’Grave assurait que faire le plein au stade des Martyrs ne passe que pour un devoir secondaire.
Tiré à 4 épingles, Wazekwa assure le show
Félix Wazekwa nous avait prévenus à cinq mois de son concert événement au stade des Martyrs : « Je ne remplirai pas le stade mais vous offrirai un méga-spectacle. Les fans ne peuvent lui en vouloir de chanter devant un public clairsemé. Le Monstre d’amour a plutôt tenu parole offrant une masterclass sensationnelle. »
Couverture noire, casquette de marin, des lunettes fumées dans les yeux, Félix Wazekwa apparaît serein sur la scène du stade des Martyrs. Sous les cris scandés du public, il s’arrête pour quelques minutes puis ôte sa couverture. Le stade contemple le Monstre d’amour comme jamais. Tiré à 4 épingles style Maréchal, le patron de Cultur’A Pays Vie et ses poulains esquissent des chorégraphies à la Michael Jackson.
Au stade des Martyrs, Félix Wazekwa a eu l’occasion de revisiter sa riche discographie. Beaucoup retiendront de lui son courage pour ce concert chevillé à sa résilience. Même s’il n’a pas pu remplir cette arène de 80.000 places, S’Grave est désormais entré dans l’histoire des artistes rd-congolais qui ont fait le stade des Martyrs.
CHADRACK MPERENG