Des rythmes chaloupés venus d’ailleurs ont envoûté les pistes zaïroises pourtant enrhumées par la fièvre de la reine rumba. Tous ces charmes radicalement mielleux ont bien fait frémir les dancefloors par leur romantisme. Mais la chaleur montait tout de suite lorsque le tempo s’accélérait au rythme du groove.
La musique rd-congolaise a été longtemps portée par des pachas avant-gardistes qui ont provoqué un mariage avec d’autres styles dans le but de toucher d’autres horizons parmi lesquels le jazz, le funk et la soul. Pour certains, c’était une raison de s’aligner au rang des tendances de l’époque. Pour d’autres, c’était le temps de s’affirmer et de confirmer leur virtuosité sans frontières mais en gardant intact l’amour aux racines et en échappant aux tentations iconoclastes.
African Jazz, TP OK Jazz, African Fiesta…la musique rd-congolaise a su vibrer aux rythmes du funk, du jazz, du blues, de la soul et du rock. Nous vous proposons notre liste non exhaustive de nos meilleurs titres rd-congolais influencés par du groove.
1. « Seli-ja »/Tabu Ley
La fièvre de la fusion l’animait. Avant-gardiste souvent incompris, Tabu Ley Rochereau était d’une grande seigneurie dans le mariage des styles. Son titre « Seli-ja » sorti en 1971 démontre sa furie créative dans laquelle il explore le jazz.
2. « Mobali na tiaki motema »/Abumba Masikini Jeannot Finant
Une étoile de la chanson rd-congolaise partie trop tôt. Abumba Masikini, le Jimi Hendrix rd-congolais et compositeur de talent à la virtuosité sans commune mesure aura été tout simplement un amoureux de la musique de fusion. Frère-cadet d’Abeti Masikini, Abumba a presté comme guitariste dans le groupe Les Redoutables créé par cette dernière. Sa chanson « Mobali na tiaki motema » sortie en 1974 en est une illustration parfaite.
3. « Feza »/Trio Madjesi
Ils étaient jeunes et fougueux. Mario dit Buana Kitoko, Loko Masengo Djeskain et Saak Saakul Sinatra de l’orchestre Sosoliso formaient le trio Madjesi. Coiffures à la James Brown et styles de vêtements extravagants, ils étaient des véritables bêtes de la scène et brillaient par leur multiculturalité. Leur musique était influencée par le jazz et la soul dont le titre « Feza » demeure un tube.
4. « Kiwita Kumunani »/TP OK Jazz
Le nom du groupe dit tout. Le Jazz aura beaucoup influencé l’orchestre co-créé par Franco Luambo Makiadi. Si la rumba a occupé une place prépondérante, le groove n’en est pas resté moins exploité au sein du TP OK Jazz. En 1969, la chanson « Kiwita Kumunani » empreinte du jazz aura envoûté les pistes par son ardeur et son énergie.
5. « Tcham Tcham »/Abeti Masikini
Comme son frère-cadet Abumba, Abeti Masikini aura été une véritable férue de la musique de fusion de son vivant. « La tigresse aux griffes d’or » très critiquée dans son pays certains la jugeant iconoclaste, aura finalement eu raison au fil du temps grâce à son regard avant-gardiste. Sa musique, ce n’est pas que le soukous, mais aussi le funk et le jazz. Écoutez son titre « Tcham Tcham » pour vous en rendre compte.
6. « Mfuur Ma »/Minzoto ya Zaïre
Minzoto ya Zaïre a su dès les années 50 trouver ses marques comme un groupe qui voulait sortir du rythme ressasseur pour toucher d’autres horizons. C’est à travers le funk et la pop que le groupe créé à Léopoldville a fait ses preuves à travers son « rythme Takinga », endiablé et pulvérisateur.
7. « Femme ne pleure pas »/Zaïko Langa Langa
La rumba électrique, c’est eux. Les jeunes du groupe Zaïko Langa Langa ont énormément contribué à la révolution de la chanson rd-congolaise. Mais ce qu’on oublie c’est que le groupe a également exploré d’autres styles comme le funk et le jazz. Le titre « Femme ne pleure pas » sorti en 1985 est un exemple parfait.
8. « Linga mobali na motema moko »/Franco Luambo ft Tabu Ley
Quand deux monstres sacrés se réunissent, le résultat ne peut qu’être détonant. Franco Luambo Makiadi et Tabu Ley Rochereau l’ont prouvé dans « Linga mobali na motema moko » sortie en 1976. De la soul qui nous emporte dans un voyage de bonheur.
CHADRACK MPERENG