C’est dans son bureau du centre-ville de Kinshasa que le patron de la jeunesse de la Convention des Congolais Unis nous a accordé cette interview exclusive pour éclairer l’opinion sur la journée ville morte du lundi 3 avril et de la marche du 10 avril prochain prévue par le Rassemblement des forces acquises au changement de l’opposition. Selon Jean-Thierry Monsenepwo, la journée du lundi 3 avril 2017 était normale et avait simplement connu un ralentissement suite à quelques cas d’incivismes identifiés par la police nationale congolaise. Quant à la grève générale de l’intersyndical de l’administration rd-congolaise, Monsenepwo invite les opposants de ne pas s’écussonner aux revendications sociales des fonctionnaires. Qu’ils se concentrent plutôt à proposer au Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange, trois noms pour la nomination du Premier Ministre de la Transition. Au sujet de la marche du 10 avril programmée par la même plateforme politique de l’opposition, Jean-Thierry Monsenepwo pense que cette démarche est démocratique, mais elle nécessite l’autorisation du Gouverneur de la ville-province de Kinshasa, André Kimbuta Yango.
La population de la RDC a répondu favorablement à plus de 50% à la journée ville morte initiée par le Rassemblement. Selon vous, qu’est-ce qui a empêché la Majorité Présidentielle a contré cette démarche ?
Hier, 3 avril 2017, il n’y a pas eu ville morte sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo. Il y a simplement eu ralentissement des activités dû à l’altercation entre la police et certains citoyens qui se sont comportés de manière incivique en brulant les pneus et en caillassant les véhicules des paisibles citoyens qui humblement allaient dans leurs lieux de travail. Il y a eu des chantages à l’endroit des citoyens qui tenaient à vaquer à leurs occupations quotidiennes.
Tout cela à fait qu’une partie de la population était restée à la maison pour éviter d’être violentée par les personnes mal intentionnée. C’est pour cela les autorités avaient placé des dispositifs policiers dans certains coins de Kinshasa pour faire échec à ces groupes de personnes.
Personnellement, j’avais séance de travail avec le Ministre de Communication et Médias dans son cabinet. J’étais également dans mon lieu de travail où j’avais rencontré et travaillé avec mes agents. J’avais également effectué des transactions dans des banques et supers marchés. La ville a fonctionné, mais avec un ralentissement les avant-midi.
Le même regroupement politique a promis de soutenir l’intersyndical de la RDC pour la grève générale et organise une marche pacifique, le lundi 10 avril prochain. N’avez-vous pas peur de ces formes de pressions ?
En ce qui concerne la grève, il y a des mécanismes légaux dans notre pays, la République Démocratique du Congo. Il y a une confédération des syndicats qui est l’interlocuteur de l’Etat employeur par rapport aux différents travailleurs. Ces grévistes sont des anarchistes parce qu’ils n’ont pas respecté la démarche établie par l’Etat.
Un regroupement ne peut pas se greffer derrière les démarches sociales liées aux revendications pour faire se prévaloir ses positionnements politiques.
En ce qui concerne la marche qui est prévue pour le lundi 10 avril 2017, je crois que c’est l’autorité de la ville de Kinshasa qui devra répondre à cette demande qui lui a été formulée au regard de la situation sécuritaire et des itinéraires à adopter. Je crois que c’est le Gouverneur qui doit décider. Mais c’est une activité démocratique et reconnue par notre constitution. Je ne vois pas où serait le mal qu’il y ait une marche et qu’elle fasse peur à la Majorité Présidentielle ou que cela soit une peur ou une pression vis-à-vis de notre plateforme politique.
Aujourd’hui, il est constaté et établi que le Rassemblement est en train de rentrer petit-à-petit vers son projet initial. C’est-à-dire la prise du pouvoir par le désordre et la rue. Parce qu’ayant échoué à plusieurs reprises de créer une insertion dans le pays, il veut maintenant recourir aux pratiques des caniveaux ou des bas états qui vont nous conduire une déstabilisation ou une déstructuration de notre vie sociale ou vie de paix que nous connaissions ici à Kinshasa. La moindre de choses aurait été qu’il puisse répondre à la demande de la Majorité lors des arrangements particuliers. C’est-à-dire la mise à la disposition du Chef de l’Etat, les trois noms pour le choix du Premier Ministre au regard de l’Accord du 31 décembre 2016 signé sous l’égide de la CENCO.
Je rappelle à l’opinion que l’incise 3.3.4 de cet accord qui dispose que les modalités de choix du Premier Ministre va faire l’objet des arrangements particuliers. C’est tout à fait logique que dans cette manière particulière que la Majorité Présidentielle soucieuse de respecter la Constitution dans son article 78 qui donne au Président de la République le droit de choisir au sein de la majorité parlementaire afin de nommer un Premier Ministre va lui permettre de faire son choix autour de ces trois noms. D’ailleurs, ce chiffre a été proposé par les évêques qui ont trouvé dans cette approche, une pareille qu’eux-mêmes pratique avec le Souverain Pontife au sein de l’église catholique pour le choix des cardinaux. Parce que la Majorité Présidentielle avait commencé par dix noms, puis six noms et enfin, trois noms, et nous étions tous d’accord. Je ne vois pas où est-ce qu’il y a entorse de l’accord au moment où ces trois noms ne viendront que du Rassemblement. Je ne vois pas en quoi est-ce que l’accord est violé dans ces dispositifs.
Le Président Joseph Kabila consulte par rapport à l’accord du 31 décembre 2016. Êtes-vous sûr que cette démarche aboutira à des résultats répondant aux attentes de la population ?
Le Chef de l’Etat a depuis 2001 usé du dialogue et du rapprochement des différents bords de notre structure politique pour résoudre des conflits comme celui que nous sommes en train de vivre aujourd’hui. Un conflit concernant le processus électoral. Raison pour laquelle le Chef de l’Etat a d’abord convoqué le dialogue dans son ordonnance du 28 novembre 2015, dialogue tenu à la Cité de l’Union Africaine sous l’égide par le facilitateur Edem Kodjo, puis, il a donné mandat à la CENCO pour qu’au regard de l’article 24 de l’accord du 18 octobre 2016 de la Cité de l’Union Africaine afin qu’il y ait plus d’inclusivité dans l’accord du 31 décembre 2016.
Aujourd’hui, le Chef de l’Etat consulte, parce qu’il y a d’une part, un accord signé, mais les arrangements particuliers qui doivent conduire cet accord ont connu un blocage au niveau de deux aspects. Le premier au niveau de la désignation et de la nomination du Premier Ministre, et le deuxième concerne la nomination du Président du Conseil National de Suivi de l’Accord.
Parce que pour la MP, il faut trois noms pour que le Chef de l’Etat nomme le futur PM et pour le Président du CNSA, il faut un consensus comme cela a été dégagé à l’époque où le feu Etienne Tshisekedi a été nommé à la tête de cette institution d’appui à la démocratie.
Bref, aujourd’hui, notre majorité réclame que ce consensus soit dégagé. Je précise que la MP n’est pas candidate à la Présidence du CNSA. Nous appuyons le fait que le CNSA doit être présidé par l’opposition, mais il faudrait que le Président puisse dégager un consensus de tout le monde comme cela a été le cas avec Etienne Tshisekedi en décembre 2016.
Bientôt, l’enrôlement des électeurs à Kinshasa. Postulerez-vous aux prochaines élections ou resterez-vous comme un simple citoyen rd-congolais ?
Il n’y a pas d’adéquations entre la présidence de la ligue des jeunes de la Convention des Congolais Unis et le poste de députation nationale. Le souci et le souhait de tout acteur politique est d’avoir un mandat issu du peuple. Parce que lorsque nous prenons la parole, nous les faisons au nom du peuple. Mais au lieu que cela se fasse de façon informelle, comme nous les faisons et comme je l’ai dit souvent. Il faudrait que cela soit officiel. C’est-à-dire que le peuple te choisisse pour parler en leur nom au niveau de l’hémicycle. C’est cela le rêve de tout acteur politique.
Étant donné que nous nous acheminons petit-à-petit vers les élections, en tant qu’acteur politique, il est de mon devoir d’aller arracher auprès de la population leur mandat dans la prochaine législature.
Donc, je veux me faire enrôler et je me ferai entourer de tous les jeunes épris de l’amour du Congo pour se faire enrôler. Car, la vision de la Convention des Congolais Unis est que les jeunes doivent participer à la gouvernance de notre pays et cette participation à cette gouvernance doit nécessairement passer par la case électorale. Parce qu’au sein de la MP, nous sommes conscients du fait que les élections sont les seules voies pour l’accession au pouvoir, et non, la rue ou la ruse ou encore le désordre pour arriver à des postes de responsabilité au pays.
Que dites-vous aux rd-congolais présents au pays et dans la diaspora qui se plaignent tous les jours sur la dégradation de la situation socio-économique ?
Il est vrai que la situation sociale et économique est morose. Malheureusement, c’est le cas de plusieurs pays africains qui ont basé leur économie sur les matières premières. L’industrie extractive a connu depuis quelques années des chutes libres qui ont fait que nos pays sont en manque des devises. Malheureusement, pour le cas de la République Démocratique du Congo, un pays poste conflit, nous n’avons pas eu assez de temps pour qu’au moment où nous étions dans l’âge d’or des matières premières que nous puissions diversifier notre économie.
Nous avions commencé à le faire, malheureusement, le temps nous a fait défaut. Il est donc important que nous puissions resserrer les rangs derrière le Chef de l’Etat pour que les actions qui ont débuté notamment sur le plan social par la bancarisation et la régularisation des salaires des fonctionnaires, par les possibilités d’accès aux crédits, par le taux de crédits qui ont été revus à la baisse grâce au taux directeur de la Banque Centrale du Congo qui a été maintenu à un pourcentage raisonnable, par le recul de la mortalité enfantine, par la construction de plusieurs centaines d’écoles et de centre de santé, et par le combat de plusieurs maladies endémiques et épidémiques.
Nous devons nous resserrer parce que la responsabilité du développement de notre pays est commune. Parce qu’autant que nous avons des droits, nous avons aussi des devoirs. Le devoir d’un citoyen est de payer ses impôts pour que les routes soient construites. C’est de payer ses impôts fonciers pour que les villes s’urbanisent et se modernisent. C’est de payer d’autres impôts pour que le gouvernement s’organise et diversifie son économie pour que nous allions de l’avant. Car, le pays n’appartient pas qu’aux personnes qui dirigent, mais à nous tous. Chaque congolais là où il se trouve, est responsable de la République Démocratique du Congo.
CINARDO KIVUILA