L’expert au ministère de la Culture, arts et patrimoine, Michel Ngongo est estomaqué de réaliser qu’à quelques mois des IXès Jeux de la Francophonie, le comité national foule aux pieds la culture.
«Il n’y a pas d’avancées en termes d’infrastructures culturelles», déclare Michel Ngongo au cours d’un entretien accordé à Ouragan.cd. Le ras-le-bol de Michel Ngongo face au manque d’infrastructures culturelles découle de plusieurs constats. Alors qu’il s’affaire à préparer la participation culturelle de la RDC aux IXès jeux de la Francophonie, l’orateur s’inquiète des incohérences relevées dans le chef du comité national des IXès Jeux de la Francophonie.
Les inquiétudes de Michel Ngongo
Il déplore notamment le fait que les sites choisis n’offrent aucune garantie de legs à la ville après les Jeux. Ayant à cœur la coordination du volet participation à sa charge, ce schéma paraît, à ses yeux, inconcevable. Répondant aux préoccupations de la rédaction en termes d’avancées de l’organisation de cette compétition à Kinshasa, Michel Ngongo déclare : «Pendant que j’étais au comité d’organisation, je n’étais pas la bouche autorisée à en parler, il y avait des personnes habilitées à le faire mais j’estime qu’il faut tout de même dire les choses telles qu’elles sont maintenant. Aujourd’hui, ça craint ! Mais je ne parle que l’aspect culturel parce que du côté sportif, je ne sais pas ce qui se fait présentement. Ça craint parce qu’en termes d’infrastructures, il n’y a pas d’avancées. Jusqu’au moment où je partais, on évoquait des sites qui ne représentaient pas vraiment la partie culturelle et n’offraient aucune garantie de legs après les Jeux. C’est là la première inquiétude». Et de renchérir que la seconde inquiétude réside sur le choix de l’expertise étrangère. «Selon les informations reçues, des étrangers ont été pris pour diriger des équipes, le cas au niveau des régisseurs, par exemple. Cela pose problème. Il n’est pas normal, vu l’expertise existant en RDC, que de personnes venant de l’extérieur dirigent. Du reste, je précise que le Comité international des Jeux a des experts, des étrangers, dont la mission est d’accompagner le pays organisateur. Partant de ce principe, il n’y a pas lieu de chercher une autre expertise pour piloter les choses», dénonce Michel Ngongo.
Cerise sur le gâteau, l’option prise pour l’achat des matériels de son et lumière, vidéo, etc.. . Elle avait été décidée dans l’idée de tout conserver après les Jeux pour doter la RDC de la technologie de pointe actuelle. A la grande surprise de M.Ngongo, on a plutôt opté pour la location des matériels. «De l’avis d’un expert du Comité international, le coût de la location est plus élevé que celui de l’achat. Ce qui d’une part n’est pas admissible. Et, d’autre part, l’entreprise proposée pour l’acheminement du matériel ne figure même pas sur Internet. La somme de toutes ces incohérences nous pousse à exprimer une crainte légitime», explique Michel Ngongo.
La culture dans l’élan d’aménagement
Michel Ngongo estime qu’il est maintenant prioritaire de traiter les questions de fond. Les sites retenus comme l’Académie des beaux-arts, le Palais du peuple, le centre Wallonie-Bruxelles, l’Institut français, l’Echangeur de Limete et le Musée national de la RDC, sont tous à aménager. «Rien ne va être réhabilité de sorte que la communauté culturelle kinoise verra Kinshasa telle qu’elle était avant les Jeux. Cela pose problème ! Il n’est pas normal que la tenue d’un événement de pareille envergure, ne laisse aucune trace dans la ville, qui plus est, la capitale ! »
Il faut noter que son organisation intervient lors de la mandature du chef de l’Etat à l’Union africaine placée sous la coloration de la culture !, constate cet enseignant de musique à l’INA. Avant de déclarer : «cela se passe au vu et au su de tout le monde que le comité national foule aux pieds la culture. Il est impérieux que ces questions de fond soient abordées, que le Comité national des IXès Jeux de la Francophonie nous explique pourquoi la culture est à ce point négligée».
OURAGAN.CD
