L’artiste ivoirienne vient de mettre sur le marché la chanson « Jour J-0 », entièrement interprétée par elle-même en lingala, une langue qu’elle a toujours aimée mais qu’elle ne parle pas.
Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Quelle est l’actualité musicale de Josey, en dehors de la sortie de son single » Jour J-0 » ?
Josey : Effectivement, j’ai sorti un nouveau single intitulé « Jour J-0 ». Mais en dehors de cela, je suis maman et, par la grâce de Dieu, je suis aussi sollicitée pour des spectacles. Je suis également un régime amincissant en faisant notamment du sport (rires).
L.C.K. : Pourquoi avoir choisi de chanter en lingala et surtout de vous essayer à la rumba congolaise dans ce single ?
Josey : J’étais vraiment convaincue que cette chanson allait plaire, parce qu’elle me « tuait » déjà moi-même avant que je ne la propose au public. Je ne parle pas le lingala mais j’ai toujours trouvé que cette langue était la plus belle. Je l’ai toujours aimée, surtout quand elle est chantée. L’un de mes plus grands rêves était de chanter en lingala. Grâce à Tony Rodriguez, le producteur de cette chanson, et à Flamme Kapaya (guitariste, chanteur, arrangeur et compositeur de la République démocratique du Congo, NDLR), j’ai pu réaliser mon rêve. Pour le choix du rythme, je n’ai jamais eu de limites en matière de style musical. J’explore tout et je suis à l’aise dans tout par la grâce de Dieu. C’est une nouvelle expérience que j’ai tentée.
L.C.K. : Comment cela a-t-il été possible alors que vous ne parlez pas la langue ?
Josey : Cela a pris du temps pour travailler sur la chanson, sur les intonations et les différentes tournures pour que tous les Congolais s’y retrouvent et pour qu’on me confonde même à une Congolaise. Avec le producteur Tony Rodriguez, on a eu recours à quelqu’un qui parle bien le lingala pour donner les prononciations exactes et bien étudier, au mot près, toutes les paroles de la chanson et la proposer au public de la meilleure manière possible.
L.C.K. : Justement, parlons du contenu de » Jour J-0 « . Est-ce du vécu ou du fictif et pourquoi ce titre ?
Josey : Ce n’est pas du vécu et j’espère que je ne vous déçois pas (rires). C’est l’histoire d’une femme qui vivait avec son compagnon et ce dernier est parti en voyage. Il était censé en revenir mais il n’est pas rentré et la femme s’est rendu compte qu’il ne reviendra plus jamais. C’est une chanson qui est pleine de proverbes, de belles images pour exprimer toute la tristesse ressentie par la femme à la suite du départ de son compagnon.
L.C.K. : C’est vous-même qui avez écrit la chanson ?
Josey : Non. La chanson a été écrite par Flamme Kapaya qui est un ancien guitariste de Werrason.
L.C.K. : Vous visez clairement un public congolais avec cette chanson. Avez-vous pensé à effectuer un « featuring » avec un artiste congolais ? Si vous le pouviez, lequel choisirez-vous et pourquoi ?
Josey : Les Congolais sont vraiment bénis sur le plan musical. En matière de chant et de danse, chaque artiste a sa particularité. J’aurais de la difficulté à choisir car chaque artiste congolais a son talent. Pourquoi ne pas faire un featuring avec chacun d’entre eux ? Ce serait une grande joie pour moi. Je ne peux pas choisir. Si on me proposait tous les artistes, je les choisirais tous. Il y a toujours un plus chez chacun qui plaît.
L.C.K. : Quel est votre artiste préféré en RDC, en Afrique et dans le monde ?
Josey : J’aime tous les artistes congolais, notamment Fally Ipupa et Fabregas. Chacun a sa particularité. Nous avons la rumba congolaise mais il existe aussi des rappeurs congolais. Moi qui suis partisane de la diversité musicale, je suis très partagée. J’aime beaucoup Youssoupha, Maître Gims, Niska… La liste est longue. J’ai failli oublier mon papa Lokua Kanza.
Donc, je ne saurais dire qui est mon artiste préféré en RDC où c’est compliqué de choisir car il y a beaucoup d’artistes talentueux. En dehors de la RDC, au risque de paraître chauvine, j’aime beaucoup la musique ivoirienne. De manière globale dans le monde, j’écoute beaucoup India Arie, Donell Jones et Jessie J.
L.C.K. : Quel rapport entretenez-vous avec la musique congolaise en général et les musiciens congolais ?
Josey : J’aime beaucoup la musique congolaise. Jusqu’à présent, j’ai rencontré Singuila et Youssoupha. Lokua Kanza, je le connaissais déjà, c’est mon papa. En dehors d’eux, je n’en ai pas encore rencontré d’autres. Je ne pense pas qu’on ait des altercations. Il y a toujours une belle ambiance autour de notre dénominateur commun qu’est la musique. Donc, je suis très optimiste sur nos rapports présents et futurs.
L.C.K. : Quel bilan faites-vous de votre carrière musicale depuis le début ?
Josey : C’est un bilan très positif. En tant qu’artiste et être humain, il faut s’attendre à toute éventualité. Il y a des hauts et des bas. J’ai toujours été positive dans le petit parcours que j’ai eu à effectuer jusque-là. Par la grâce de Dieu, à chaque fois que je sors un morceau, il plaît.
L.C.K. : Vous êtes diplômée de l’ENA. Pourquoi avoir choisi une carrière musicale?
Josey : Par pure passion. Je ne m’imagine pas vivre sans musique. Je présente mes excuses à l’administration ivoirienne mais mon cœur était plus important (rires). Je n’arrivais pas à rester dans l’administration, sachant que j’allais pouvoir être en phase avec moi-même dans la musique.
L.C.K. : Quels sont les différents challenges auxquels vous êtes confrontée dans cette industrie en tant que femme ?
Josey : En tant que femme, lorsque nous arrivons dans ce milieu, nous sommes tout de suite cataloguées. Les hommes ont moins de boulot à faire que nous. Certaines personnes pensent que nous sommes favorisées à cause de notre physique. Notre combat perpétuel est de réussir à nous imposer en tant que chanteuse. C’est un travail de longue haleine. Personnellement, j’ai dû passer par des concours. La nature nous a faites telle quelle mais ce n’est pas seulement en tant que femme que nous avons intégré le milieu musical, c’est surtout parce que nous avons des capacités vocales qui peuvent être prises au sérieux et qui peuvent nous permettre de représenter nos différents pays sur l’échiquier international. C’est vraiment le principal challenge pour moi en tant que chanteuse à voix.
L.C.K. : Comment analysez-vous le secteur musical en Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier ?
Josey : Le secteur musical est en constante progression en Afrique. La musique africaine s’exporte davantage et les plus grandes entreprises mondiales de production musicale s’intéressent aux talents africains. C’est une très belle opportunité pour les artistes africains. A nous de savoir en profiter pour vendre davantage notre musique autant que la musique américaine. Aujourd’hui on voit un artiste comme Wizkid faire un featuring avec Drake, travailler avec Puff Daddy ou encore Tiwa Savage qui travaille avec Jay Z… En Côte d’Ivoire également, on pourrait avoir Josey qui travaille avec les plus grands artistes au monde. La Côte d’Ivoire connaît aussi cette évolution musicale, avec des musiciens qui collaborent avec d’autres artistes anglophones leur ouvrant ainsi des portes dans les marchés culturels anglophones. C’est un très bon développement. C’est à nous les Africains de savoir aujourd’hui en profiter pour nous positionner mondialement.
L.C.K. : Quelle perception avez-vous de la musique congolaise aujourd’hui ? A-t-elle évolué ou a-t-elle perdu du terrain face à d’autres pays ?
Josey : La musique congolaise a beaucoup évolué, avec des featuring qui se font aujourd’hui tels que celui de Fally Ipupa et de R. Kelly. Cette musique est donc en constante évolution. Il y a quelques années, on n’aurait jamais imaginé voir un featuring entre le grand Franco et Tina Turner, par exemple. La musique congolaise est très bien placée pour aller le plus loin possible. Les Congolais sont déterminés à dépasser les frontières musicales de l’Afrique. C’est un très bel avantage et je suis très contente pour cette musique. J’aimerais bien m’associer à cela et voilà notamment pourquoi j’ai fait « Jour J-0 », une chanson qui est disponible sur toutes les plates- formes de téléchargements.
PATRICK NDUNGIDI (Le Courrier de Kinshasa)