La ville Kinshasa s’est retrouvée sous les eaux , coupée en deux à la suite des crues dévastatrices provoquées par des trombes d’eau qui se sont abattues vendredi 4 et samedi 5 avril 2025. Les constructions anarchiques, l’absence d’une politique urbanistique et de sensibilisation, ainsi que le manque d’investissement dans la recherche et l’innovation architecturale sont parmi les causes de cette catastrophe naturelle d’après l’architecte Joël Mukalay.
Des quartiers submergés, au-moins 33 personnes tuées et 46 autres blessés d’après le dernier bilan. Kinshasa a fait grise mine après qu’il a plu des cordes vendredi 4 et samedi 5 avril 2025. La montée débordante des eaux a provoqué supplice et dénuement laissant plusieurs familles dans l’impasse et paralysant plusieurs activités urbaines.

Déplorant un manque criant de discipline et de réglementation dans les infrastructures, l’architecte rd-congolais Joël Mukalay appelle à repenser notre approche de la construction. Pour une architecture résistante, il propose plusieurs stratégies entre autres la surélévation des bâtiments, la conception des toitures intelligentes, l’intégration des bassins de réception des jardins fluviaux et des zones d’infiltration.
« La première stratégie c’est d’abord la surélévation des bâtiments. Parce que la construction sur des dalles surélevées permettrait de limiter les dégâts directs de la montée des eaux. Le deuxième point c’est l’usage des matériaux résilients à l’humidité comme des bétons hydrofuges ou des briques compressées stabilisées ou encore des andouilles adaptées qui empêchent les dégradations », propose-t-il.
Et d’ajouter : « La conception des toitures intelligentes qui sont capables de canaliser, collecter et même filtrer des eaux de pluies s’impose. Ainsi ces eaux peuvent être réutilisées. Enfin, l’intégration des bassins de réception des jardins fluviaux et des zones d’infiltration autour des constructions qui permettrait ainsi de diminuer la pression de réseaux d’évacuation et réduire le risque d’inondation. »

« S’adapter mais pas se résigner »
Les inondations sont un phénomène naturel avec lequel le monde doit accepter de co-exister. Joël Mukalay estime qu’il faut s’adapter mais jamais se résigner. Face à cette épée de Damoclès, il recommande la mise en place d’une politique d’anticipation.
« Des villes doivent évoluer pour co-exister avec de l’eau parce que c’est un phénomène qui n’arrivera pas une seule fois. Cela implique des maisons amphibies qui montent avec de l’eau. Nous pouvons nous inspirer des Pays-Bas. Et aussi faire des quartiers conçues pour absorber de l’eau, des sponge city comme la Chine », estime-t-il.
Martelant sur l’application des normes urbanistiques, Joël Mukalay appelle enfin les autorités rd-congolaises à écouter et soutenir les architectes et urbanistes locaux dans le but de trouver des solutions idoines, mais surtout à sensibiliser la population dans le respect des normes de construction et d’environnement via différents canaux notamment les réseaux sociaux, les radios, les télévisions, les journaux, les pièces de théâtre, la musique etc.
« Faites de l’aménagement du territoire une priorité nationale. Soutenez les architectes et les urbanistes locaux qui proposent des solutions durables. Ils connaissent les territoires et peuvent donner des solutions pragmatiques. Créez des incitations fiscales pour des constructions résilientes. C’est très important. Encouragez la population à construire dans les normes. »
Notons que Kinshasa a mis les petits plats dans les grands pour secourir les sinistrés. Ceux-ci sont relogés aux anciens sites des IXès Jeux de la Francophonie au stade Tata Raphaël.
CHADRACK MPERENG