Kobra livre sa recette pour la revalorisation et l’organisation du secteur de la danse (Interview)

Danseur urbain et Hip-hop, co-fondateur de la compagnie de danse Fubu Dance Crew, Thierry Bakuatshilela Katufu, connu sous le sobriquet de Kobra, a livré des motifs sensés motivés le gouvernement rd-congolais à soutenir la danse et les danseurs. « Il y a tant à gagner dans ce domaine… En 2024, le break dance fera partie des disciplines alignées aux compétitions mondiales telles que les Jeux Olympiques. Qui sait si ce sont les danseurs qui offriront au pays sa première médaille olympique », a-t-il dit à la faveur d’une interview au cours de laquelle il a annoncé la fin de sa carrière en 2019 après 18 ans d’exercice et dévoilé ses recettes pour une meilleure organisation du secteur de la danse. Entretien.

Bien que rd-congolais, vous avez choisi de pratiquer la danse occidentale, entre autres le break, le smurf, le popping, le jerk. Pourquoi ?

Dans mon enfance, j’étais très plongé dans la danse locale. En grandissant, je regardais beaucoup de films de street dance, de clips de musique Hip-hop. De là, j’avais trouvé que c’était intéressant de faire la danse occidentale puisque j’avais déjà maîtrisé les danses du pays. Je voulais faire une exclusivité dans mon entourage. Je voulais être polyvalent.

Qui est votre modèle dans la danse ?

A mes débuts, mon modèle était Cédric Romela. Nous l’appelions Fubu. A l’heure actuelle, c’est l’américain Bboy Thesis.

Vivez-vous de la danse ?

Dire qu’on peut vivre de la danse dans mon pays, c’est de la fausseté. Je ne vis pas de ça puisque ce n’est pas pris en compte ni en charge par le ministre de la Cultures et des arts. Les danseurs de ma filière sont marginalisés. Je ne fais pas la danse comme un loisir. Pour moi, c’est une carrière. Je le fais avec amour et passion, même s’il ne me donne pas autant de satisfaction.

Sous d’autres cieux, la danse professionnelle procure satisfaction aux danseurs. Qu’est-ce qui empêche la Rd-Congo de professionnaliser la danse ?

C’est le manque de sérieux de nos autorités et des danseurs eux-mêmes. Un danseur qui souffre pour apprendre doit être exigeant envers les producteurs et autres. Puisqu’il n’y a pas assez de prestations ou sollicitations, ils acceptent de prester moyennant un petit per diem. Il y a aussi le manque de considération de la part de nos autorités.

Le ministère de la Culture et des arts ne s’intéresse pas à la danse. Il est plus focalisé sur le business des missions de service payé pour insérer des personnes qui lui paient pour figurer dans les listes des artistes devant effectuer le voyage. Les danseurs sont abandonnés à leur triste sort.

Quels événements de danse souhaiteriez-vous voir s’organiser dans les prochains jours en Rd-Congo ?

J’aimerai revoir le festival 100% break dance de Kinshasa, organisé par Eventsrdc.com, les préliminaires du prestigieux festival Gabao Hip-hop, Kinanim Battle, le festival aiRDiCi et le BBA Jam.

Quel appel lancez-vous au Président de la République pour la revalorisation de la danse ?

Il faut déjà commencer par allouer un budget à ce secteur, puis avoir un ministre sérieux. Le Président peut mettre en place un audit pour contrôler les dépenses engagées par les pilotes de ce budget. L’on peut aussi créer une fédération des danses urbaines pour une meilleure gestion de ce secteur.

Pourquoi le gouvernement devrait vous accorder tout ce que vous venez d’énumérer ?

Il y a tant à gagner dans ce domaine. Récemment, nous n’avons pas récolté des résultats positifs aux Jeux de la Francophonie, parce que les sélections ont été faites en catimini et par des personnes non habiles.

En 2024, le break dance fera partie des disciplines alignées aux compétitions mondiales telles que les Jeux Olympiques. Qui sait si ce sont les danseurs qui offriront au pays sa première médaille olympique.

Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas participé à un événement international à cause de la négligence du gouvernement et de ses dirigeants. Et pourtant, nous avons un talent supérieur à beaucoup de pays d’Afrique.

À quand votre jubilé ?

Aujourd’hui, je ne m’entraîne plus trop. Je manage mon groupe et préside ma structure OBF dans l’organisation de la compétition de danse One Bboy Battle. 2019 est ma dernière année. Je vais arrêter les prestations pour rester coach et moniteur de plusieurs projets de danse.

CINARDO KIVUILA