Auprès des hébergeurs, la gestion du .cd est encore un sujet inquiétant jusqu’à ce jour. Étant l’extension réservée à la République Démocratique du Congo, plusieurs rd-congolais se posent des questions sur la gestion et l’exploitation de ce nom de domaine qui les permet de s’identifier sur Internet. À travers une interview exclusive avec la rédaction d’Eventsrdc.com, Mohamad Ibrahim, responsable de United S.A.S, située au 165 de l’avenue Batetela à Kinshasa, expert en réseau informatique, fournisseur des services d’internet et d’hébergement, a tiré la sonnette sur la gestion et l’exploitation de cette extension. Entretien.
Le .cd est l’extension réservée à la République Démocratique du Congo, pourtant la plupart des sites rd-congolais ne l’utilisent pas. En tant que revendeur des noms de domaine, comment expliquez-vous cela ?
C’est parce que le .cd est vendu très chère. Il était vendu à 60 USD en 2005, puis à 50 USD et maintenant à 35 USD aux revendeurs qui, ensuite rajoutent une marge de 15 USD pour le revendre à 50 USD. Comparer au .com qui est vendu à 9.45 USD au revendeur, ceci fait que le .cd est 3.5 fois plus chère.
En recherchant sur internet à propos des différents tarifs des noms de domaine, nous remarquons que le .cd est plus couteux que les autres. À quoi est dû cet écart sur ce marché virtuel et très concurrentiel ?
Le .cd est chère pour un an, mais il n’est pas le plus couteux. Car, les noms de domaines tels que .cars sont vendu à 2400 USD par an et .inc a 2001.18 USD par an. Le problème du .cd est plus lié à sa gestion et non au prix. Je peux vous fournir des informations.
Plusieurs rd-congolais en général et les hébergeurs en particulier affirment que l’octroi du .cd est toujours difficile à la différence d’autres noms de domaine. Qu’est-ce qui justifie cela ?
Oui. Il est très difficile, car c’est encore un enregistrement manuel. L’hébergeur doit écrire un e-mail à la scpt (nic.cd) pour faire la demande et il n’existe plus des plateformes pour le gérer. Donc, les hébergeurs dépendent totalement de la SCPT.
Avant 2017, l’entreprise Conic basée en Afrique du sud gérait le .cd. Quelle est la différence depuis que sa gestion a été rapatriée en République Démocratique du Congo ?
Conic était toujours dépendante de la SCPT, mais la personne en charge était un congolais qui vivait en Afrique du Sud. C’est en 2017 que sa gestion a quitté l’Afrique du sud pour être gérée par la SCPT et depuis nous connaissons des problèmes. Il n’y a pas des plateformes de gestion, malgré qu’avant il y avait CoCCA qui est une solution open-source et donc, gratuite à déployer.
Mais malgré les promesses de Fulgence Mfumuangani, nous ne disposons toujours pas d’une interface de gestion, pas de API comme nous en avons pour .com, .net, .co, .org, etc. Donc, nous avons cessé même d’offrir des noms de domaine .cd
De 2004 à 2010, il était géré par CIM (Congo Internet Management), une entreprise privée. De 2010 à 2017, par Conic qui était mandatée par la SCPT et le ministère des PT-NTIC. Et de 2017 à nos jours, c’est la SCPT, mais qui ne répond pas aux requêtes. Nous avons une requête d’octobre 2019 qui n’est toujours pas résolue et tous les domaines d’avant 2017 n’expirent pas et cette incertitude n’inspire pas confiance.
Étant un nom de domaine réservé à la Rd-C, l’État rd-congolais doit avoir un regard global comme c’est le cas dans plusieurs pays à travers le monde. Que doit réellement faire le gouvernement par le ministère des PT-NTIC pour que ce .cd soit accessible et rassurant à tous ?
Le gouvernent doit mettre en place toute une équipe et pas de dépendre d’une personne. Rien n’a changé. Le .cd est toujours géré par une personne. Auparavant et en Afrique du sud, c’était Chris Tshimanga et aujourd’hui, à Kinshasa, c’est Fulgence Mfumuangani. Mais, à l’époque de Tshimanga, nous avions une plateforme qui nous permettait au moins de travailler.
Rassurez-vous à nos internautes que ce nom de domaine renferme toutes les mesures de sécurité possibles dans la circulation des informations sur la toile ?
Le nom de domaine n’est pas suffisant pour avoir un service. Il faut l’hébergement DNS, web et mail pour un service fonctionnel. La sécurité est donc à prévoir, tous ces points et non pas, sur le nom de domaine.
Et pour le .cd, nous n’avons aucune assurance. Nous ne savons pas gérer nos domaines existants. Nous ne savons pas faire des modifications des nameservers. Car, il y a pas des informations WHOIS, il n’y a pas de plateforme de gestion, il n’y a pas un moyen de paiement en ligne et nous sommes à la merci d’un service qui ne nous répond pas. Nous ne savons pas quand nos domaines vont expirés et nous ne savons pas où payer pour les renouveler.
En attendant que le gouvernement rd-congolais se ressaisisse, quelle démarche doit faire les lecteurs de cette interview pour acquérir ce nom de domaine ?
Il faut écrire à support@nic.cd d’après les informations sur nic.cd, mais ils ne répondent pas. Même quand l’on appelle la personne en charge.
Est-il possible à un revendeur des noms de domaine ou à un hébergeur d’avoir et de commercialiser une extension similaire à celle de la RDC ?
Oui et c’est la solution la plus simple. Aujourd’hui, beaucoup de personnes enregistrent des noms de domaines en ajoutant rdc, drc ou -cd.com comme eventsrdc.com
GLODY NDAYA