Lancé depuis le 2 juillet 2015 et se poursuit jusqu’au 12 juillet courant, le festival international des arts de Kinshasa « Connexion Kin » offre au public non seulement les arts de la scène mais également des expositions riches en techniques. Cadre retenu pour abriter celles-ci: la Place commerciale à Limete, où règne une ambiance bon enfant.
Parmi les artistes qui exposent à la 7ème Rue, il y a un jeune RD-congolais dont le travail mérite beaucoup d’admiration. Il s’agit de Frasix Tenda Lomba qui propose au public une création artistique pas habituelle. Intitulé «Makambu ya mikoloyo», l’artiste donne une autre forme aux boites de conserve usagées. Il fait parler ces supports autrement, mais surtout à sa manière. Cela résulte d’un travail de proximité que mène Fransix. En récupérant les boites de conserve usagées pour rencontrer une histoire particulière, l’artiste nous propose, dans cette galerie mobile, une action artistique dans un espace public comme espace de dialogue et de confrontation entre artiste et public.
La démarche de Fransix Tenda est le résultat d’une construction de la peinture sculpturale dans une approche très directe et contemporaine. Un jeu de forme presque brutal se met en place à travers des objets hybrides, absurdes et transitoires. A en croire l’artiste, «nous vivons dans une société en mutation où les emballages de produits manufacturés traduisent nos modes de vie ». Le changement de la plupart des métropoles en véritables dépotoirs, soutient-il, est la conséquence de l’industrialisation qui transparaît à travers tous ces objets parasites qui nous entourent.
Tenda dépasse même la limite de résistance du support pour bousculer ce matérialisme habituel que chacun pratique. Il est sur le chemin d’un art hybride. Et il s’étale entre la sculpture, la peinture et la vidéo. Apres avoir récupéré les boites de conserve, les canettes et autres objets en métal déjà utilisés, comme supports plastiques, l’artiste ressort non seulement diverses expressions, mais traduit en même temps les émotions et les sentiments qui frappent dans sa sensibilité, en l’opposition entre plusieurs faits. Ces expressions créent également la surprise auprès du public, constate-t-on.
Cette forme d’art, qui est à la fois un mode d’expression appelé « Hybride » s’étend entre plusieurs disciplines. Elle consiste à présenter à la fois une installation produite par un mariage entre sculpture, peinture, dessin et vidéo d’animation. Tous ces objets traduisent la tragédie et la fragilité de la vie humaine en rapport avec la mutation que subit l’écosystème. Les questions environnementales qui demeurent d’actualité restent une préoccupation de tous. « La ville cosmopolite de Kinshasa et d’autres métropoles vivent dans une sphère en pleine mutation où les statuts économiques et écologiques des objets manufacturés sont au centre des débats. Cela permet d’établir une littérature anthropologique et sociologique d’une relation », fait savoir Fransix Tenda. Et de poursuivre: « Les questions liées à la sociologie et à l’écologie défraient la chronique, et sont tellement fondamentales pour cette époque ». Cette présente création artistique est le fruit de l’imaginaire. A ces jours, les données de l’artiste sont, sans doute, enviables. « Nous sommes très surpris de voir ces boites qui sont traduites en œuvre d’art » .
Avec des boites qui se métamorphosent en visage anthropomorphique, il crée un univers unique et original. Il en appelle donc à la conscience de l’homme face à la situation actuelle sur le plan global et spécifiquement de la ville de Kinshasa. Par ailleurs, Vitshois Mwilambwe, artiste visuel et commissaire de cette exposition, a fait savoir qu’avec l’appui de leurs partenaires, la présente création de Fransix Tenda sera présentée dans différents sites de la capitale rd-congolaise avant de s’étendre dans d’autres coins du pays, pourquoi pas à l’extérieur.
PATRICK NZAZI