S’il arrivait qu’on vous pose la question de savoir : « dans sa génération, quel a été le chanteur préféré de Papa Wemba ? » Sans aucune hesitation, répondez que c’est Evoloko Anto Nickel. Il le connaissait pour avoir évolué avec lui dans Zaïko Langa Langa et Isifi Lokolé. Evoloko qui est né et a grandi dans le quartier Yolo, à Kalamu, y vit toujours. Il a la particularité d’être quelqu’un qui ne quitte jamais sa résidence.
Un casanier qui est dans sa tour d’Ivoire, depuis des années, vit seul et a développé un malin plaisir à préparer sa nourriture et à manger pour lui-même. Celui que l’on surnomme Joker, je l’ai connu au sein de Zaïko mais à distance. Il faut avouer qu’il n’avait pas le temps pour des inconnus. Mais, c’est lorsque je suis devenu journaliste qu’il m’a ouvert la porte de sa maison. C’est à partir de 1976 que je le fréquente. C’est plutôt à Paris que nous avons raffermi nos rapports. De lui, j’ai des souvenirs de nos entretiens, notamment de sa Bio-Express que j’avais publiée avec son poster dans Elima Dimanche.
Bio-Express
De Père mongo et de Mère musoko, il est né à Kinshasa le 20 juin 1954. Il vient juste de souffler sans tambour ni trompette ses 64 bougies. Bon anniversaire, en passant. Encore et toujours célibataire, il est père de deux enfants, Chou Lay et Tonton Lay, tous bons chanteurs. C’est tout jeune qu’il avait appris à chanter dans la chorale de la paroisse Saint Gabriel de Yolo. Eleve à l’Athenée Royal de Kalina, actuel Institut de la Gombe, il avait l’habitude de s’arrêter, après l’école, chez ses cousins habitant Kalina.
C’est dans ce quartier qu’il découvrira, en 1969, un groupe de jeunes avec en tête Gina Efonge. Il décide du coup, de les rejoindre. Toujours au cours de cette année, pendant les vacances, Evoloko est sollicité par des amis qui avaient appris la création de Zaïko, de rejoindre le groupe, en qualité de co-fondateur. Dans cette firmation musicale, il va briller de mille feux et signe sa toute première chanson « Francine Keller », avant de recidiver avec « Charlotte adieu na Athénée ».
Non seulement qu’il était bon chanteur, mais Evoloko avait également le talent de danseur. Le voir danser Cavacha en chantant « Semeki Mondo » était un réel plaisir. La consécration. En 1973, il lance une nouvelle bombe: « Mbeya Mbeya ». Il n’y a plus rien à redire. Il est le meilleur et ça lui monte la tête. Il quitte Zaïko avec ses amis pour monter Isifi. Depuis, il est devenu instable. Bien qu’en 1981, il crée son propre groupe avec lequel devient aussi formateur des idoles. 1989, c’est l’année au cours de laquelle il dépose ses bagages à Paris. Alors qu’on le croyait fini, il surprend les mélomanes avec « Mbongé Mbongé » et « Samedi soir » accompagnées des clips de haute facture pour accompagner la promo et assurer la distribution. Le succès est au rendez-vous. En 2003, il monte un groupe qui ne vivra que l’espace d’un matin.
Depuis 2005, il a regagné Kinshasa et remonté son groupe. La mayonnaise tarde pourtant à prendre. L’homme a gardé deux mauvais souvenirs : le départ de ses collègues de Langa Langa Stars pour monter Les 7 Patrons et son incarcération à Makala pour un dossier de viol sur mineure.
JEAN-PIERRE EALE