Co-auteur d’une étude axée sur les entreprises culturelles et créatives en République Démocratique du Congo et dont la restitution a été faite récemment à Kinshasa, Luc Mayitoukou, Directeur de Zhu culture, une agence artistique et culturelle basée à Dakar, donne son point de vue sur le monde culturel rd-congolais à la faveur d’une interview accordée à Eventsrdc.com. Cet expert culturel laisse entendre que la culture reste un pilier de développement d’un pays nécessitant un soutien et un accompagnement. « Sans les créations des conditions favorables quant à ce, précise-t-il, c’est un manque à gagner pour les artistes et l’État ». Entretien.
Vous êtes à Kinshasa pour l’atelier de restitution sur les entreprises culturelles et créatives en RDC. Quelle lecture faites-vous du monde culturel rd-congolais ?
La lecture que je peux faire du monde culturel rd-congolais est que c’est déjà une grosse force dans la créativité. On a beaucoup d’acteurs culturels, beaucoup de créateurs. Maintenant, il faut savoir comment ces créateurs réussissent à mettre leurs produits sur un marché qui a un gros potentiel déjà par le nombre. Bref, le rd-congolais consomme la culture de son pays.
Après observation, nous avons remarqué que les finances posent problème dans la création et la diffusion des œuvres des artistes rd-congolais. Avez-vous des recommandations à faire à tous les acteurs de ce secteur pour qu’ils résolvent ce souci ?
Il y a deux niveaux. Je crois qu’il y a le niveau à l’interne où les acteurs en tant qu’entrepreneurs doivent comprendre leur propre chaîne de valeurs et à s’inscrire dans une dynamique d’entreprise. Ensuite, l’Etat doit mettre des conditions favorables à tout cela. Qu’il puisse avoir un accompagnement de ses créateurs pour les aider à impulser le dynamisme qu’ils ont.
Ne pensez-vous pas que le manque de politique culturelle serait un frein pour l’éclosion de la culture rd-congolaise?
Cela a toujours été un frein quand on a pas de conducteur, quand on a pas une feuille de route sur ce qu’on va dérouler.
Je crois que l’étude que nous venons de faire peut être les prémices pour aider les Etats et les acteurs à travailler ensemble sur une politique culturelle. Mais ce n’est pas seulement l’Etat qui va mettre en place cette politique culturelle, ce sont les acteurs aussi qui vont apporter des propositions, des contributions pour réussir à avoir une bonne politique culturelle. Encore une fois, on peut avoir un bon document de politique culturelle mais le problème c’est sa mise en œuvre d’où il faut la volonté de tous.
Comment définissez-vous l’économie culturelle ?
L’économie culturelle c’est tout simplement tous ces processus sur la chaîne de valeur du secteur culturel qui consiste à partir de la création, la production, la diffusion et la distribution ont mené la créativité des artistes culturels vers le public pour générer des revenus et avoir un retour d’investissement.
Pensez-vous que cette étude va changer la donne en ce qui concerne la culture rd-congolaise ?
Nous espérons que cette étude sera utilisée pour tout cela.
Quel message adressez-vous aux autorités rd-congolaises?
Je pense qu’elles le savent déjà. La culture est un pilier du développement pour ce pays et elle a une force. Il faut l’accompagner et mener des études pour évaluer son poids économique et là, on se rendra compte qu’il faut la soutenir car si on ne soutient pas la culture, si on ne crée pas des conditions favorables, c’est un manque à gagner pour tout le monde, y compris l’Etat.
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TRESOR TSHINKUNKU