Il y croyait dur comme fer…
« Ensemble mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles », disait Lumumba, le regard rempli de conviction, devant ses frères congolais très charmé par cette vision du nouveau Congo, le jour de la proclamation de l’indépendance du Congo.
Cependant, ces yeux, ces regards, cette foi vont vite déchanter parce que l’homme congolais se montrera pire que le Belge. Si ce dernier a opprimé une race qu’il estimait inférieure à lui, le Congolais, lui, opprime ceux avec qui il a partagé les souffrances, les insultes, les espoirs, son propre frère de sang, de peau, d’histoire. Lumumba croyait, certes, au Congo, son grand Congo; les faits montrent qu’il ne connaissait pas assez les Congolais, particulièrement face au pouvoir. Si Martin Luther King a, même dans l’au-delà, vu sont rêve se réaliser, Lumumba a paradoxalement vu le sien tourner au cauchemar, déjà bien avant sa mort, et même après. Qu’a-t-il dit lorsqu’il s’est vu trahi par les siens? Que dirait-il en voyant ce qu’on a fait de son rêve? Qu’est-ce que les Congolais se disent en voyant le combat mené pour leur émancipation de la domination coloniale? Que de sueur, que des larmes, que du sang versé pour rien.
Que gâchis! Beaucoup pensent, en RDC comme ailleurs, que le Congo a eu le malheur d’avoir son indépendance sans réellement par la bataille qui forge les Nations, dont la cause unit les peuples. Le présent semble leur donner raison.
DE BUMBA