C’est à la faveur des événements liés à la fin de règne du Maréchal Mobutu en 1997 qu’il prend contact avec moi pour lui obtenir l’accréditation et lui adresser une invitation pour se rendre à l’ex-Zaïre. Chose que je vais faire avec plaisir. Il gagnera Kinshasa deux mois avant l’entrée de l’AFDL. En attendant, Marc collabore avec mon agence ATL. Il tourne des sujets dans la ville avec mon cameraman Roger Koy pour se familiariser avec le milieu.
Plus les jours passent, plus les choses commencent à bouger à l’Est du pays avec Laurent Kabila et ses troupes qui menacent de marcher sur Kinshasa. Dans cette perspective, les médias du monde entier dépêchent progressivement leurs envoyés spéciaux à Kinshasa pour attendre cet événement à nul autre pareil dans les annales. Tous les reporters qui débarquent dans la capitale sont orientés vers l’hôtel Memling qui est situé en plein centre-ville. Un gros avantage. Pourtant, c’est dans ce complexe hôtelier que mon agence est logée.
L’occasion fortuite qui fait croiser Marc Hoogsteyns avec la plupart de ses confrères reporters de guerre, ceux avec lesquels il a couvert plusieurs conflits armés à travers le monde ces dernières années. Corinne Végniel, l’envoyée spéciale de Reuters Télévision est ravie de le rencontrer là. Elle lui fait signer immédiatement. Puisque la chance ne vient jamais seule, un concours de circonstance lui fait obtenir, à travers mon cameraman Roger Koy, un scoop jamais rêvé. Les étudiants des universités et instituts supérieurs de la capitale ont pris d’assaut le Palais du Peuple où ils ont amené le corps de leur camarade de l’ISTA tué par des militaires. Ils ont déposé le cadavre sur la table de travail du bureau de la chambre basse du Parlement en pleine séance plénière et pris en otage des députés. La panique est totale et la ville bouge. Roger a filmé toute la scène du début à la fin. Il était le seul cameraman à avoir accompagné le cortège macabre des étudiants. Ces images ont immédiatement fait le tour du monde.
Toujours avec mon équipe, Marc a réalisé la carte postale du barrage d’Inga peu avant ces événements. Ces images ont également fait le tour du monde avec la prise de ce site par les rebelles. Tous les médias présents à Kinshasa ont dû recourir à ces images pour illustrer leurs reportages. Que de souvenirs. En 2000, il m’invite dans sa ville natale où tout le monde parle flamand. J’étais muet Comme une carpe malgré mes années de Belgique. Je ne pigeais pas un mot de flamand à part « Zwart » (noir). Marc qui aime beaucoup la région des pays des Grands Lacs vit actuellement entre Kigali, Bukavu et Goma. Il avoue avoir mis au placard sa carrière de reporter après avoir pris de gros risques sur les champs de combats pendant des décennies.
A la place, il a choisi de se lancer dans la réalisation des documentaires sur les richesses touristiques et naturelles de la région des Grands Lacs africains.