A l’occasion d’une interview accordée à Eventsrdc.com, Christian Daddy Lomombe connu sous le nom de DJ Daddy, responsable de la programmation musicale, producteur et chroniqueur à la Radio Okapi, a reconnu sa prouesse à détecter les jeunes talents dans la sphère musicale rd-congolaise.
À travers ses émissions notamment « Urban Scène », ce chroniqueur a joué un rôle important dans l’émergence de plusieurs musiciens rd-congolais qui aujourd’hui connaissent un grand succès. « Il y a Alesh avec qui on a commencé à travailler depuis 2006, à l’époque où il était encore à Kisangani. Nous avons cru en lui et aujourd’hui c’est la fierté maison radio Okapi. Il y a également Yekima de Bel’art que personne ne connaissait », a-t-il dit. Entretien.
S’il faut revenir en arrière, quel est votre parcours professionnel ?
Je n’ai pas un parcours terrible. J’étais étudiant à l’INA, après mes cours, je gérais un bistro qui appartenait à ma cousine. Déjà à l’époque, j’étais un fan de la musique, je balançais de la musique et en même temps je gérais. Il y avait le directeur de la radio Okapi de l’époque qui y venait prendre un verre. Par-là, nous sommes devenus amis et c’est lui qui m’a présenté au directeur de programme de l’époque, Jamel Kasmi qui devait m’engager. Et c’est ce dernier qui m’a proposé de venir travailler à la radio après avoir vu le niveau de ma connaissance en musique. J’ai fait quelques mix de manière amateur et par-là, il m’a demandé de faire quelques mix pour des émissions. Je suis arrivé à la radio, j’ai appris quelques logiciels de mix. J’ai commencé par « Okapi Dance », c’était un succès. Ensuite « Okapi Rétro » et après suis devenu programmeur musical et ça a évolué jusqu’aujourd’hui.
Journaliste à la Radio Okapi, à quoi se résume essentiellement votre travail au sein de cet organe de presse ?
Je suis plus dans ce qui est musique et sonorité. Je suis chroniqueur musical et producteur des émissions à caractère musical et culturel. Par exemple « Ngoma Ya Kwetu », une émission que je produis et que je présente, qui parle de la musique traditionnelle du pays. Je suis producteur de « Urban Scène », « La musique tendance », « La musique urbaine » et tout ce qui est actualité mais aussi je suis aussi producteur de « Okapi Rétro ». Là c’est vraiment la vieille musique des années 50, 60, 70, 80. Je suis co-producteur de « Métissage », une émission culturelle.
Je suis aussi un des habilleurs de la radio, je produis également quelques spots, jingles. Je suis aussi journaliste mais ma spécialité c’est tout ce qui est musical et culturel.
Bien que vous soyez journaliste de profession, au quotidien, le monde vous appelle « DJ ». Pourquoi cette appellation ?
Ce nom vient de Jamel Kasmi. Mon nom c’est Christian Daddy Longombe. Il a tiré Daddy pour en faire DJ Daddy.
Avez-vous un parcours dans le monde musical ?
Au départ je suis musicien de formation. J’ai fait l’INA, je suis de la génération des artistes musiciens Monique Tendayi, Trésor Biatuambi, José Hendrix… Mon rêve était d’aller en Europe et faire des études de musique de film mais je me suis retrouvé à la radio.
Parlez-nous de vos émissions « Okapi Dance » et « Urban Scene » ?
« Okapi Dance », à l’époque c’était juste des mix non-stop avec un DJ qui mixe sans animation. Juste mixer et quelques jingles. Après, je suis allé à Okapi Rétro avec la vieille musique. C’est là que j’ai embrassé tous nos papas et mamans de l’époque qui sont devenus fans de moi, grâce à Okapi Rétro. Avant « Urban scene », j’avais créé une émission « Méga mix » qui n’a pas marché. J’aime le dire pour que les gens comprennent que la vie n’est pas toujours faite de réussite. Après cet échec, j’ai réfléchi à comment changer la donne. C’est comme ça que j’ai créé « Urban scene » et aujourd’hui le résultat est magnifique. Pour votre connaissance, je suis aussi à « Bana Okapi », la nouvelle radio 100% jeune de l’Unicef où j’ai encore une émission que j’anime, intitulée « Bana Groove ».
Quels sont les critères pour qu’un musicien soit diffusé dans Okapi Dance et pour qu’il soit reçu au studio d’« Urban Scene » ?
D’abord c’est l’écoute avec mon équipe. Si la chanson répond aux normes, on sent qu’il y a du talent, on n’hésite pas. C’est grâce à ça aussi qu’on peut dire aujourd’hui que Radio Okapi a pu dénicher beaucoup d’artistes qui aujourd’hui font beaucoup de succès. Et c’est comme ça qu’on bosse toujours.
Avez-vous d’autres engagements à part celui de Radio Okapi ?
A part la radio, j’ai un label qui ne se comporte pas bien pour le moment parce qu’il y a quelques partenaires qui m’ont fauché compagnie mais on ne va pas arrêter. J’ai beaucoup de partenariats aussi, je travaille avec Muska, Troto… Je suis dans des maisons d’édition, de production…
Comment percevez-vous le paysage médiatique rd-congolais ?
Je n’aime pas trop parler des médias, c’est le monde de grandes-gueules. Je suis dans le média mais je ne suis pas journaliste de formation comme tel, au départ je suis musicien. Si aujourd’hui je suis journaliste c’est grâce à la Radio Okapi qui m’a fourni beaucoup de formations d’animation, de journalisme, avec de bonnes personnes venues des médias internationaux. Je ne sais pas trop faire des commentaires sur les médias.
Dans l’exercice de votre profession, vous voyez-vous aussi dans d’autres registres hormis celui de chroniqueur de musique ?
C’est difficile parce que la musique me colle à la peau. Même tout ce que j’ai comme projet d’ici cinq ans, dix ans, tourne toujours autour de la musique. Radio et musique vont de pair avec moi.
Quelle lecture faites-vous de la musique rd-congolaise (au pays et dans la diaspora) ?
D’abord dans le pays ça évolue plutôt bien. Il y a quelques jeunes qui essayent de faire innover la musique tout en gardant l’identité congolaise et sa culture. C’est vrai qu’il y a d’autres jeunes qui n’ont pas encore compris qui se prennent pour de Booba, des nigérians, des ivoiriens…or, toutes ces personnes-là s’inspirent de notre musique.
On est quand-même dans le bon puisqu’il y a certaines personnes qui font innover cette musique tout en gardant l’identité culturelle, notre veille musique avec la rumba comme base. Il y a aussi la diaspora qui excelle. À une époque on ne parlait que de Gims et son frère mais aujourd’hui il y en a beaucoup. S’il faut donner un conseil, restons congolais, que notre base soit notre rumba et notre seben toujours et pourquoi pas la musique traditionnelle congolaise.
À ce jour, y-a-t-il des musiciens dont vous aviez vu le début et aujourd’hui, ils ont sensiblement évolué ?
Il y a Alesh, avec qui on a commencé à travailler depuis 2006, à l’époque où il était encore à Kisangani. Nous avons cru en lui et aujourd’hui c’est la fierté maison radio Okapi. Il y a Yekima de Bel’art que personne ne connaissait, Rebo aussi qui n’était même pas célèbre à l’époque. Elle ne passait que chez moi. Nous sommes la première radio à diffuser « Ni Nani » de Rebo et le clip est sorti six mois après. Il y a le MPR avec qui j’ai commencé quand personne ne le connaissait. Et, je crois que depuis leur début, le seul média qu’ils fréquentent c’est la Radio Okapi et particulièrement moi. Et même la tournée qu’ils ont fait à l’Est du pays quelque part c’est aussi grâce à moi, je les ai vraiment faits connaître. Il y en a beaucoup. Là aussi j’ai déniché une jeune fille qui est à Bunia qui est vraiment grave, il y a encore ici à Kinshasa un petit qui encore élève, rap magnifiquement bien.
Mais sinon j’essaie de canaliser ça dans mon label. C’est vrai que j’ai connu quelques soucis pour le démarrage mais je crois que ça ira.
Un mot à tout celui qui souhaiterait emboîter vos pas.
Rester vous, soyez original et surtout soyez animé par la passion, ne cherchez pas le succès. Le succès vous trouvera si vous bossez grave. Travailler et aimer ce que vous faites.
GLODY NDAYA