Médias : Le phénomène “influenceur” en RDC, une mode qui favorise la dégradation des mœurs

Ils sont de plus en plus nombreux à poster des vidéos et des photos sur YouTube, Instagram, TikTok, Facebook ou encore X. Ces personnes portent le titre d’influenceur (euse). Dans d’autres contextes, ce titre est attribué à une personne qui crée du contenu et le diffuse sur un blog personnel ou tout autre support (forums, réseaux sociaux et communautés) pour partager ses opinions auprès des internautes, tout en ayant la capacité d’influencer ces derniers dans leurs modes de consommation.

Dans la communauté rd-congolaise, le terme influenceur(euse) rime souvent avec perversion. On y retrouve des discours dégradants et pervers, de la désinformation, ainsi que l’apologie du proxénétisme ou de la prostitution, sans oublier l’apologie des anti-valeurs. Ces individus sont souvent à la base de nombreux maux. Grâce à la puissance des réseaux sociaux, ils séduisent par leur contenu ; leurs messages désorientants ont une force énorme.

Alors, qui peut être considéré comme influenceur ?

« C’est celui qui influence d’une manière ou d’une autre. Aujourd’hui, on associe ce terme à quelqu’un qui a une communauté sur les réseaux sociaux, supposant que cette communauté suit ce qu’il fait parce qu’elle s’intéresse à lui. Par ricochet, on peut donc dire que cette personne influence sa communauté », déclare Israël Umba, spécialiste en marketing digital.

Avoir simplement un téléphone avec une bonne caméra et un contenu attractif suffit souvent. Les filles exposent leur corps tandis que les hommes s’inventent des vies et s’attaquent à des célébrités. Plusieurs stratagèmes sont mis en place pour attirer et accumuler les abonnements au détriment des valeurs morales propres à notre pays.

Que serait l’idéal ?

Hormis les musiciens, acteurs ou autres célébrités qui peuvent influencer grâce à leur travail, l’influenceur(euse) devrait être un passionné : de cuisine, de jeux, de mode, de livres, d’humour, de musique ou de fitness… Plus ses contenus plaisent, plus il est regardé ; sa communauté de fans grandit.

Il doit donc faire preuve d’intelligence pour créer des contenus variés qui influencent positivement les gens par rapport à sa thématique.

En retour, les marques viennent placer leurs produits pour permettre à l’influenceur d’user de son influence et de vendre ces produits. C’est d’ailleurs grâce à cette activité que l’influenceur perçoit des revenus.

Le CSAC, le ministère de la Communication et Médias et le ministère des PTNTIC ont un rôle à jouer

La liberté d’expression est un fait à ne pas prendre à la légère ; cependant, quand elle abrutit tout un peuple, il faut la réguler. Internet et les réseaux sociaux peuvent favoriser certaines infractions telles que les atteintes à la réputation ou les discours diffamatoires.

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), le ministère de la Communication et Médias ainsi que celui des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication ont déjà fait beaucoup de progrès à cet égard : promulgation des lois et signature des mémorandums… Mais cela reste souvent des textes sans impact concret.

Il est essentiel de trouver une solution aux véritables maux en établissant un terrain d’entente avec les géants technologiques comme Meta afin d’instaurer une régulation dont personne ne puisse échapper, qu’il soit diaspora ou résident du pays.

Un contrôle parental accru

Selon une étude publiée par Google en 2023, les enfants utilisent Internet de manière autonome en moyenne à partir de 6 ans et demi. Ils sont nombreux entre 10 et 16 ans à avoir leur propre smartphone.

Les parents ont aussi un rôle crucial à jouer ; tout contenu sur Internet n’est pas adapté aux plus jeunes. À cet égard, ils ont le devoir de contrôler les abonnements de leurs enfants.

Sur TikTok, Instagram ou Snapchat… il existe un espace dédié au contrôle parental : la connexion famille. Elle permet aux parents de déterminer quels contenus leurs adolescents peuvent consulter, de maîtriser leur temps d’utilisation quotidien ou encore de limiter les utilisateurs autorisés à leur envoyer des messages.

Cela doit s’accompagner d’un travail pédagogique pour limiter les dégâts causés par l’influence des « influenceurs » sur une couche sociale facilement influençable.

PLAMEDI MASAMBA