Michel Boyibanda, dernier monstre sacré de la chanson congolaise à rejoindre les étoiles

Monument de la rumba et musicien à l’œuvre immense, Michel Boyibanda alias « Ya Bobo » a tiré sa révérence le mercredi 9 octobre 2024 à Brazzaville. Il avait 84 ans.

Partager son savoir faire au sein des groupes mythiques comme le TP Ok Jazz, les Bantous de la Capitale, illuminer les deux Congo par son énergie et sa créativité, préconiser des valeurs d’amour et d’unité. Ces missions, Michel Boyibanda les portait avec fierté. Dans un foisonnement musical de l’époque, « Ya Bobo », l’un des pionniers de la Rumba a su se faire une place dans la grande sincérité donnant une toute autre dimension dans ses chansons. La dimension des titres qui nous parlaient, qui décrivaient la société et rendaient son œuvre aussi belle qu’élégante.

De ses débuts à Negro Band en 1958 aux côtés de l’immense Franklin Boukaka au TP OK Jazz en 1964 qu’il a quitté pour ensuite réintégrer en 1972 en passant par Les Bantous de la capitale et les Trois frères, Michel Boyibanda a profité de sa belle épopée artistique mettant à profit ses innombrables qualités et faisant la part belle aux chansons qui vous captivent à la première écoute mais avec un fond d’exception.

La carrière remplie de cet immense artiste est le fruit de sacrifices, de travail, de courage, de détermination et d’innovation. Le natif de Mokouango qui aurait pu devenir agronome au départ, a suivi sa voie et sa voix pour libérer sa passion pour l’art. Une liberté qu’on sent d’ailleurs dans ses titres évocateurs. Très souvent sollicité au domicile privé du feu Président Mobutu aux côtés du TP OK Jazz, il faisait preuve d’une grande classe. Ayant un riche répertoire, il est l’auteur des titres tels que « Masuwa e nani », « Essous a yambi ngaï », « Nzete esolola na moto te » et bien d’autres.

Éloigné de la scène depuis 2015 parce que victime de l’Accident vasculaire cérébral, « Vieux Bobo » voyait son état de santé se dégrader au fur et à mesure et était hospitalisé depuis le Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville. Sa disparition a provoqué une onde de choc dans sa famille aussi bien biologique qu’artistique. Que son âme repose en paix.

CHADRACK MPERENG