Le décès de Mamalé Emeka Esanga, en début d’après-midi à l’hôpital St Joseph de Limeté, m’attriste, en même temps me procure un sentiment assez bizarre de gâchis! J’ai essayé de comprendre moi-même ce sentiment qui passe en boucle au plus profond de toi…
C’est qu’en fait il est chez nous des footballeurs dont la virtuosité et l’élégance du jeu ont fait revenir grand monde sur les gradins du stade des Martyrs… A chaque fois qu’ils réceptionnaient le ballon, les spectateurs se levaient, car ils s’attendaient à un geste technique venu d’un autre monde! C’est le cas, ces vingt-cinq dernières années, de Mbala Mbuta dit Biscotte, Pitshou Matumona Zola alias Rumm, Trésor Mputu Mabi Diable et… Mamalé justement! Ils m’ont fait tellement rêver que je me disais: « Bana oyo na UEFA Champions league, mokili ekoluka RDC na carte ya géographie! » Hum, esengo na nga elata elamba te…
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Le manque de détermination, d’aller plus loin, l’absence de grinta et d’hygiène de vie caractérisée par une ne vie de fête en permanence auront raison de tous ces talents purs! Oui, une médaille de bronze à la CAN 1998 pour Mamalé, mais il ne s’est jamais retrouvé là où son génie devait finalement le conduire… On n’oubliera jamais, dans sa chambre d’hôtel, sa fameuse phrase pour expliquer son manque de détermination, lors d’une grève des Léopards en pleine compétition pour primes non versées: « Mbongo muké, ballé muké! ».
Alors qu’on la voyait traverser la Méditerranée, la star congolaise de Burkina 1998 se retrouvera dans un club de seconde zone du championnat sud-africain de D1, Qwaqwa Stars… Il se révélera un joueur parmi tant d’autres… Comme Biscotte à Yverdon, Rumm au FC Brussels ou à Mons, ou encore Mputu à Kabuscorp avec ses interminables troisièmes mi-temps dans les milieux show de Luanda… C’est ici le lieu de saluer la discipline d’un joueur au jeu sans éclat comme Dieumerci Mbokani qui, à trente-quatre ans, continue à surclasser les jeunes pour revendiquer aujourd’hui, outre la médaille de bronze de la CAN 2015, mais à titre personnel deux Souliers d’ébène (le tout dernier en 2020) et un Soulier d’Or!
Nos jeunes gens qui sortent aujourd’hui des écoles de foot de plus en plus nombreuses à Kinshasa, pourront tirer les leçons et enseignements de la carrière de leurs aînés… A la question (avant l’effet Sadio Mané) de savoir pourquoi les Africains peinent aujourd’hui à atteindre le niveau de Samuel Eto’o, Didier Drogba, Michael Essien, Jay-Jay Okocha et de Yaya Touré dans les championnats européens, celui-ci va faire remarquer qu’il serait souhaitable qu’ils embrassent le foot pro européen en dessous de leurs 20 ans… Et travailler d’arrache-pied à tenir techniquement, tactiquement, physiquement et surtout mentalement! Ce dernier aspect souvent négligé chez nous… Touré observe que, dès qu’un jeune footballeur commence à envoyer de l’argent en Afrique, à acheter villas et voitures, et à avoir à ses pieds les plus belles filles de la ville, il se croit enfin arrivé… Plus d’ambition! « En voulant être au sommet aux côtés des plus grands joueurs de la planète, Eto’o a accompli la brillante carrière qui a été la sienne ! », conclut Touré.
Or tech-ni-que-ment parlant, je souligne cela en rouge, bien des joueurs africains qui ont marqué le foot européen n’arriveront pas à la cheville de Mamalé… Cependant, ils ont vite compris que le talent technique ne suffisait pas dans le sport de haut niveau! Le travail, la discipline, l’adaptabilité à la rigueur du professionnalisme européen, bref la grinta aussi !
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D.M.